Le cinéaste, qui fait l'objet d'une demande d'extradition des
Etats-Unis depuis son arrestation à Zurich en septembre, devra être
présent à l'audience qui déterminera sa peine pour "relations
sexuelles illégales" avec une mineure, a déclaré la cour d'appel.
Un jugement par contumace aurait rendu caduque la procédure
d'extradition de Suisse vers les Etats-Unis.
L'Office fédéral de la justice (OFJ) avait indiqué en février
attendre que la justice américaine statue définitivement sur la
demande du réalisateur franco-polonais d'être jugé par contumace
avant de prendre une décision concernant son extradition. La
situation sera analysée une fois ce délai passé, avait précisé
l'OFJ.
Plusieurs mois encore?
Mais une fois le feu vert à l'extradition donné, les avocats du
cinéaste ont la possibilité de faire recours auprès du Tribunal
pénal fédéral, puis du Tribunal fédéral. La procédure pourrait
ainsi se prolonger "de quelques mois à un an", avait indiqué la
conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf fin janvier.
En première instance, un tribunal de Los Angeles avait déjà rejeté
en janvier la requête formulée par les avocats de Roman Polanski,
qui avaient fait appel.
Jeudi, la cour a estimé que M. Polanski "n'était pas parvenu à
démontrer" que la décision de rejet rendue en première instance par
le juge Peter Espinoza n'était pas fondée. Assurant vouloir
"défendre l'intégrité du système judiciaire", le magistrat avait
considéré que M. Polanski devait "être présent" lors de son
jugement.
Saisir la Cour Suprême
Sarah Ingram, porte-parole du cinéaste, a déclaré que les
avocats de Roman Polanski n'avaient pas de commentaire à faire
concernant d'éventuels appels.
Les avocats peuvent saisir la Cour suprême de Californie, a
indiqué à Reuters une professeure de droit, Laurie Levenson. Mais
leurs chances sont très minces.
Roman Polanski, 76 ans, est assigné à résidence dans son chalet de
la station de Gstaad (BE), dans l'attente de son éventuelle
extradition. Il a été arrêté le 26 septembre à Zurich sur mandat
d'arrêt américain.
Le réalisateur du "Pianiste" a plaidé coupable d'avoir eu des
relations sexuelles en 1977 avec une adolescente de 13 ans après
lui avoir fait boire du champagne et consommer des
stupéfiants.
Poursuivi et jugé pour viol, le cinéaste s'était enfui des
EtatsUnis avant le prononcé du verdict, craignant d'être lourdement
condamné. Il n'a jamais remis les pieds aux Etats-Unis.
ats/ak
La victime également déboutée
La victime, Samantha Geimer, aujourd'hui mère de trois enfants, a demandé à la justice de classer l'affaire, requête également rejetée jeudi par le même tribunal.
Elle explique qu'elle a pardonné à Polanski et souffre d'être à nouveau sous les feux de l'actualité depuis le retour au premier plan de cette affaire.
La demande de Samantha Geimer se basait sur des allégations de vices de procédure dans l'instruction de l'affaire à l'époque des faits.
Dans la requête, présentée en mars, l'avocat de Mme Geimer déclarait qu'après avoir été "victime de Polanski", elle était maintenant "victime du système judiciaire" qui, en maintenant les poursuites, impose à sa cliente de revivre inlassablement son calvaire.
Cette femme a réclamé plusieurs fois l'abandon des poursuites contre le réalisateur franco-polonais, âgé aujourd'hui de 76 ans.