"La prévision d'inflation recèle de grandes incertitudes. A cet
égard, les craintes que les finances publiques de certains pays de
la zone euro ont suscitées récemment sur les marchés financiers
constituent un risque important", a souligné Philipp Hildebrand,
président de la Banque nationale suisse, vendredi lors de
l'assemblée générale à Berne.
La panique généralisée des marchés au sujet des finances de la
Grèce a affaibli la monnaie européenne ces derniers temps, d'autant
que certains craignent des problèmes similaires au Portugal ou en
Espagne. Le caractère hésitant de la reprise conjoncturelle sur le
continent accentue la tendance.
Un franc refuge
La Suisse pâtit de ces remous financiers européens. Le franc,
qui reste toujours une monnaie refuge dans les périodes de
turbulences, prend de la valeur. Le phénomène affecte les affaires
des entreprises helvétiques exportatrices puisqu'il rend ses
produits trop chers à l'étranger.
Parallèlement, le renforcement du franc face à l'euro affecte
aussi la stabilité des prix à l'intérieur du pays: les importations
deviennent meilleur marché, ce qui tire les tarifs à la
baisse.
"Mais la Banque nationale ne permettra pas qu'une telle évolution
débouche sur un nouveau risque de déflation pour la Suisse",
affirme Philipp Hildebrand. Elle possède les instruments
nécessaires pour y faire barrage, relève-t-il.
Le moment opportun pour agir
L'institut d'émission a certes mis d'importantes liquidités à
disposition des banques pour lutter contre la crise. Il a toutefois
la possibilité d'en éponger rapidement de grandes quantités en cas
d'excédent.
A noter que, si les interventions requises ne posent pas de
difficulté technique, le défi consiste cependant à choisir le
moment opportun pour normaliser la politique monétaire, a rappelé
le président de la BNS.
Il s'agit de ne pas réagir trop mécaniquement. Pour l'heure, la
Banque nationale dipose encore d'une marge de manoeuvre suffisante
pour maintenir sa politique monétaire expansionniste, observe
encore Philipp Hildebrand.
ats/boi