La motion a été soutenue par l'UDC, le PLR, le PDC, le PBD et le
PEV. Socialistes et Verts l'ont en revanche refusée, les premiers
estimant qu'il n'appartient pas à l'Argovie de faire pression sur
Berne dans ce domaine, les seconds dénonçant une attitude
"hystérique" et "visant à faire peur".
Pour la majorité bourgeoise en revanche, la burqa - tenue couvrant
le corps entier de la femme et qui limite son champ de vision à un
grillage en tissu autour des yeux - est un "symbole du pouvoir de
l'homme sur la femme". Il ne s'agit pas de l'expression d'une
conviction religieuse. La burqa empêche l'intégration, ont en outre
soutenu les partisans de son interdiction.
Amnesty inquiète
Amnesty International (AI) se dit "inquiète" de la décision des
députés argoviens. Selon l'organisation de défense des droits de
l'homme, l'interdiction proposée "restreint la libre-expression et
l'exercice de la religion des femmes qui portent volontairement un
voile ou une burqa". S'il est légitime de demander à une femme
d'enlever son voile pour contrôler son identité, interdire la burqa
est discriminatoire, insiste AI.
Le parlement argovien reviendra sur le sujet lorsque sa commission
lui soumettra son projet. Il décidera alors si le canton doit ou
non déposer une initiative auprès des Chambres fédérales.
En février, le Conseil fédéral avait affirmé, en réponse à
plusieurs interventions de parlementaires, qu'il était opposé à une
interdiction du port de la burqa, vu le peu de femmes concernées en
Suisse. Il estime à moins d'une centaine le nombre de musulmanes
voilées de la tête au pied.
Pas de problème en Suisse
Interrogé par l'ATS, Reinhard Schulze, le directeur de
l'Institut des études islamiques de l'Université de Berne, ne
perçoit aucun problème à ce propos: "Je n'ai encore jamais vu de
femme qui portait la burqa en Suisse". Et de jeter la pierre aux
médias concernant cette polémique.
Selon lui, certains aspects de l'islam permettent de créer des
dépêches simplistes. "Il s'ensuit un jugement rapide dans l'opinion
publique et des positions qui n'ont rien à voir avec la
réalité".
Cette pièce de tissu est surtout répandue dans le Nord du
Pakistan, où les femmes sont définies comme des "objets de honte"
par les traditions tribales, explique Reinhard Schulze.
ats/cab
Le sulfureux CCIS indésirable
Les autorités helvétiques ont décidé de maintenir le Conseil central islamique suisse (CCIS) à l'écart des rencontres visant à approfondir le dialogue avec la population musulmane.
Le directeur de l'Office fédéral des migrations (ODM), Alard du Bois-Reymond, regrette que le président du CCIS Nicolas Blancho ne soit pas distancié clairement de certaines pratiques: "On ne peut pas dire qu'on accepte la Constitution suisse et déclarer en même temps que la lapidation des femmes est une valeur importante de la religion islamique".
La participation du Conseil islamique suisse aux rondes de discussion que la conseillère fédéral Eveline Widmer-Schlumpf mène avec la population musulmane est "impensable dans les conditions actuelles", déplore Alard du Bois-Reymond.
Selon lui, Nicolas Blancho aurait probablement souhaité y participer, mais il n'est pas possible de négocier sur certaines valeurs comme l'égalité entre hommes et femmes. Il est également hors de question d'introduire un conseil de la fatwa.
L'ODM rappelle que la majorité des quelque 350'000 musulmans qui vivent en Suisse est bien intégrée ou s'efforce de s'intégrer. Le dialogue doit être engagé avec ces personnes, mais pas avec le CCIS, qu'Alard du Bois-Reymond qualifie de radical, mais pas de terroriste.
Pour Alard du Bois-Reymond, les velléités de loi sur la burqa confirment le danger d'une radicalisation. A ses yeux, il vaut mieux dialoguer que créer une loi pour quatre femmes qui portent la burqa en Suisse.
Amende de 500 euros en Italie
Une femme musulmane va devoir payer une amende de 500 euros pour port de la burqa en violation d'un arrêté municipal dans la foulée de mesures restrictives adoptées ou en cours d'élaboration dans d'autres pays européens.
"A ma connaissance, c'est la première fois en Italie", a déclaré à l'AFP Mauro Franzinelli, responsable de la police municipale de Novara, dans le Piémont (nord), un fief du parti anti-immigrés et régionaliste de la Ligue du Nord, qui contrôle cette ville.