"Il y a un plan pour évacuer (le quartier de) Ratchaprasong si
l'occupation ne prend pas fin", a déclaré Sunsern Kaewkumnerd,
porte-parole de l'armée. Mais le moment de l'opération reste à
déterminer, a-t-il précisé. "Sans une préparation adéquate, il y
aura davantage de pertes de vies humaines".
L'armée ne reculera pas
L'armée a d'ores et déjà annoncé l'envoi de renforts dans la
zone d'affrontements. Tapis derrière des sacs de sable ou perchés
sur des toits d'immeuble, des soldats ont tiré à balles réelles sur
des manifestants qui ripostaient avec des cocktails Molotov et des
roquettes artisanales dans deux secteurs de la ville.
"Les soldats ne pouvaient pas faire autrement que de se défendre
contre les attaques dont ils étaient l'objet", a affirmé le
porte-parole du gouvernement pour justifier les tirs. Le premier
ministre Abhisit Vejjajiva a pour sa part affirmé que l'armée ne
reculerait pas.
"Le gouvernement doit aller de l'avant. Nous ne pouvons pas
reculer. Nous agissons pour le bien du pays. Nous ne pouvons pas le
laisser aux mains de bandes armées", a-t-il déclaré lors d'une
allocution télévisée.
24 morts depuis jeudi soir
La crise politique a déjà fait officiellement 54 morts et plus
de 1600 blessés, dont au moins 24 morts et 187 blessés depuis la
reprise des violences jeudi soir, selon les services de
secours.
Cette escalade
fait suite à l'échec d'un plan de réconciliation présenté par le
Premier ministre. Ce dernier a retiré mercredi son offre
d'organiser des élections législatives le 14 novembre, soit un an
avant la date prévue.
"La situation actuelle est quasiment de la guerre civile", a
estimé Jatuporn Prompan, l'un des leaders des manifestants. "Je ne
sais pas comment le conflit va se terminer". Les "chemises rouges"
jugent Abhisit Vejjajiva illégitime et l'accusent de servir les
élites de Bangkok, qui gravitent autour du palais royal.
Les "chemises rouges" asphyxiées
Les "chemises rouges" réclament la démission du gouvernement et
des élections anticipées. Après l'échec de dix jours de
négociations, le pouvoir a décidé de les asphyxier sur le plan
logistique pour réduire le nombre de manifestants, désormais privés
d'alimentation en électricité, d'eau et de nourriture. Samedi,
enfants et vieillards semblaient avoir quitté les lieux.
Malgré les inquiétudes manifestes des protestataires, Weng
Tojirakarn, l'un des leaders "rouges", a appelé ses camarades à
rester. "Enlevez vos symboles rouges, sinon vous risquez d'être
abattus par des soldats", a-t-il martelé, soulignant qu'aucun
militaire n'avait été tué, preuve selon lui que les manifestants ne
sont pas armés.
A la tombée de la nuit, des milliers de chemises rouges s'étaient
massés aux abords d'un carrefour du quartier ouvrier de Klong Toey,
utilisant un camion en guise de podium pour leurs dirigeants, ce
qui pourrait annoncer leur déplacement vers un autre lieu
d'occupation.
agences/bkel
Six mois de prison pour 27 manifestants
La justice thaïlandaise a condamné samedi 27 manifestants à des peines de six mois de prison pour leur participation aux troubles liés à l'occupation d'un quartier de Bangkok par les "chemises rouges".
Les manifestants ont été jugés en vertu de l'état d'urgence, déclaré depuis plus d'un mois à Bangkok, qui interdit de participer à tout rassemblement important.
Le tribunal "les avait initialement condamnés à un an de prison, la peine maximale prévue par l'état d'urgence, mais leur sentence a été réduite à six mois après qu'ils ont avoué", a déclaré Tarit Pengdit, le directeur général du Département des enquêtes spéciales (DSI) à la télévision.
Il a précisé que ces condamnations devaient servir d'exemple. "Les proches de ceux qui manifestent doivent leur dire que la manifestation est illégale et que les peines prononcées seront les plus sévères", a ajouté Tarit Pengdit.
Le pouvoir thaïlandais a lancé des mandats d'arrêt contre les principaux responsables des "rouges" mais, jusqu'à présent, aucun d'eux n'a été interpellé.