Le général renégat "est mort ce matin", ont annoncé les services
de secours. Agé de 58 ans, Seh Daeng, de son vrai nom Khattiya
Sawasdipol, avait reçu une balle en pleine tête alors qu'il était
interrogé jeudi soir par un journaliste dans le quartier occupé par
les "chemises rouges" depuis début avril.
Peu après son décès, les milliers de manifestants présents dans la
"zone rouge" ont respecté une minute de silence pour rendre hommage
à celui qui y supervisait les opérations de sécurité. "C'était un
général mais il a combattu pour la démocratie, à nos côtés", a
déclaré l'un de leurs leaders, Jatuporn Prompan. Ce personnage haut
en couleur jouissait d'une forte popularité parmi les "rouges",
mais certains chefs du mouvement se méfiaient de son jusqu'au
boutisme et de ses méthodes.
Le pouvoir, qui a démenti toute implication dans son décès, le
considérait pour sa part comme un traître et l'accusait d'être
derrière des dizaines de jets de grenades, à Bangkok, depuis des
semaines.
Ultimatum des autorités
Lundi, la capitale enregistrait heure
après heure le bilan de très violents affrontements au cours
desquels un soldat de l'armée de l'air a été tué. Il est le premier
militaire à tomber dans ces combats depuis vendredi. Six étrangers
figurent parmi les blessés, selon les services de secours.
Les autorités ont donné jusqu'à 15H00 lundi (08H00 GMT) aux
manifestants volontaires et non armés, principalement les enfants,
les femmes et les personnes âgées, pour évacuer la "zone rouge".
"Le gouvernement aidera ces volontaires à organiser leur retour
chez eux mais ceux qui resteront violeront la loi et seront
passibles de deux ans de prison", ont-elles prévenu dans un
communiqué. "Ils risquent aussi leur vie en raison des attaques
terroristes sur le site". Le gouvernement n'a pas précisé quelles
actions il entendait engager après cette échéance.
Des scènes de guérilla urbaine se sont succédé tout le week-end,
après que l'armée ait lancé une vaste opération pour isoler les
manifestants antigouvernementaux, qui réclament la démission du
Premier ministre Abhisit Vejjajiva. Le nombre de manifestants a été
estimé à 6000 par le gouvernement.
"Rouges" déterminés
L'un des leaders "rouges", Weng Tojirakarn, a exhorté les
manifestants à "garder le moral", estimant qu'ils allaient "bientôt
gagner". Les plus déterminés se disent disposés à "lutter jusqu'à
la mort", après avoir érigé des barricades de barbelés, de pneus
arrosés de kérosène et de bambous autour de la zone de plusieurs
kilomètres carrés. La vie y est cependant rendue difficile par
l'absence d'approvisionnements en eau, électricité et nourriture,
coupés depuis vendredi par le pouvoir.
L'activité était très réduite lundi à Bangkok, où les autorités
ont décrété deux jours fériés, fermé les écoles publiques et stoppé
les transports collectifs, dont le métro aérien.
Les dernières violences portent le bilan à 66 morts et environ
1700 blessés depuis le début de la crise à la mi-mars, selon les
bilans officiels.
afp/bri
Pas de discussions possibles
Dimanche, des leaders "rouges" avaient demandé que commencent "des discussions avec les Nations unies comme médiateur". Le gouvernement a immédiatement refusé.
L'un d'eux avait aussi lancé un appel solennel au roi Bhumibol Adulyadej, 82 ans, qu'il a présenté comme le "seul espoir" pour apaiser la situation. Hospitalisé depuis septembre, le monarque ne s'est jamais publiquement exprimé sur la crise.
Le roi est "le seul espoir"
L'un des principaux chefs des "chemises rouges" a lancé un appel solennel au roi Bhumibol Adulyadej, qu'il a présenté comme le "seul espoir" pour régler une crise qui s'éternise.
"Nous ne pouvons considérer d'autre possibilité" que "d'en appeler à la bonté" du roi, a déclaré Jatuporn Prompan. Agé de 82 ans et hospitalisé depuis septembre, le monarque ne s'est pas publiquement exprimé sur la crise.