"Il a été convenu lors d'une rencontre tripartite entre les
dirigeants de l'Iran, du Brésil et de la Turquie que la Turquie
accueillerait l'échange" d'uranium faiblement enrichi contre des
barres de combustible pour le réacteur de recherche médicale de
Téhéran, a déclaré le porte-parole du ministère iranien des
Affaires étrangères Ramin Mahmanparast, à la télévision
officielle.
L'Iran dit avoir accepté d'échanger 1200 kg de son son uranium
faiblement enrichi, soit environ 80% de son stock connu, comme le
prévoyait le projet de l'Agence internationale de l'énergie
atomique (AIEA).
Les ministres des Affaires étrangères ont signé cet accord
dimanche soir à Téhéran en présence du président iranien Mahmoud
Ahmadinejad, du président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva et du
Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan.
Uranium stocké en Turquie
"Dans le cadre de cet accord, la Turquie sera le lieu pour
stocker l'uranium faiblement enrichi iranien sous la supervision de
l'Iran et de l'AIEA", a déclaré Ramin Mehmanparast aux
journalistes. Le proposition des trois pays sera communiquée dans
un délai d'une semaine à l'Agence internationale de l'énergie
atomique, a-t-il ajouté.
"L'AIEA doit informer le groupe de Vienne (Etats-Unis, Russie,
France) de cette proposition", a précisé le porte-parole iranien.
"En cas d'accord du groupe de Vienne, il y aura un échange entre
1200 kg d'uranium iranien enrichi à 3,5% contre 120 kg de
combustible enrichi à 20%", a ajouté Ramin Mehmanparast. L'Iran
enverra son uranium "dans un délai d'un mois".
Eviter des sanctions
La décision pourrait éloigner les menaces de sanctions
internationales contre Téhéran et son programme nucléaire. Le
ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu a estimé en
Iran que cet accord devait "être considéré comme positif" et qu'"il
n'y avait plus besoin de sanctions onusiennes".
Le ministre brésilien des Affaires étrangères Celso Amorim a
estimé que la proposition démontrait que le "temps est toujours à
la diplomatie et la négociation" soulignant que l'accord
"reconnaissait le droit de l'Iran à utiliser à des fins pacifiques
la technologie nucléaire et à l'enrichissement d'uranium".
Après la signature, le président Mahmoud Ahmadinejad a émis
l'espoir que les grandes puissances "accepteront de discuter avec
honnêteté, respect et justice" sur le programme nucléaire de son
pays.
Cependant, l'Iran a aussi affirmé lundi qu'il allait continuer à
enrichir l'uranium à 20%. Cet enrichissement, entrepris le 9
février dernier, avait été condamné par les grandes puissances.
"Un pas dans la bonne direction"
Malgré cet accord, Les Etats-Unis éprouvent "toujours de graves
inquiétudes" sur le dossier, selon le porte-parole de la Maison
blanche. De son côté, l'ONU a salué un pas "encourageant", selon le
porte-parole du secrétaire général de l'organisation, Ban
Ki-moon.
L'annonce peut "constituer un pas dans la bonne direction" si les
détails de l'accord sont bien confirmés, mais "cela ne répond pas à
toutes les inquiétudes" au sujet du programme nucléaire de Téhéran,
a déclaré le porte-parole de Catherine Ashton, la cheffe de la
diplomatie de l'UE.
L'Allemagne a souligné que rien ne pouvait remplacer un accord
entre Téhéran et l'AIEA. Il revient à Agence internationale de
l'énergie atomique de répondre à l'accord Iran-Brésil-Turquie sur
le nucléaire iranien, a aussi dit le chef de la diplomatie
française Bernard Kouchner, saluant néanmoins l'accord et "la
ténacité" des Turcs et des Brésiliens.
"Les Iraniens ont manipulé la Turquie et le Brésil", a réagi un
haut responsable israélien qui a requis l'anonymat. "Il va être
beaucoup plus difficile de rejeter cet arrangement, car nous
n'avons plus seulement affaire à l'Iran, mais à des puissances
ascendantes, telles que le Brésil et la Turquie, avec qui les
relations sont très sensibles", a-t-il également estimé.
agences/bri
Proposition similaire refusée
Le groupe de Vienne avait négocié en novembre dernier un échange de combustible avec l'Iran. Selon la proposition faite à l'époque, l'Iran devait envoyer en Russie 1200 kg de son uranium faiblement enrichi pour obtenir en contrepartie du combustible hautement enrichi fabriqué par la France. Cet échange aurait permis de limiter la capacité de l'Iran à fabriquer une bombe nucléaire.
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