Très haut-débit: le chantier Swisscom

Une armoire Swisscom pour le VDSL.
Une armoire Swisscom pour le VDSL.
Dans toute la Suisse, plus de 400 personnes bâtissent les futures autoroutes de l'information de Swisscom. D'ici 2010, 75% des ménages pourront surfer jusqu'à 25 mégabits/sec.

Après l'ADSL, qui permet des téléchargements jusqu'à une vitesse de 6 mbits/sec, Swisscom déploie sur ses lignes téléphoniques une nouvelle technologie le VDSL2, qui permettra dans un premier temps des vitesses de téléchargement entre 12 et 25 mégabits/sec, c'est à dire environ cinq fois ce que permet la technologie d'aujourd'hui. A fin 2006, 60% des zones urbaines seront désservies. En 2010, 95% des Suisses (urbains) surferont à au moins 12 mégabits/sec.

De telles vitesses permettront surtout à l'opérateur historique d'amener la télévision haute définition dans les salons de ses clients. En effet, il faut aujourd'hui près de 8 mégabits/sec pour diffuser par internet une chaîne TV HD, ce qui est impossible avec l'ADSL.

Swisscom devait donc moderniser son réseau et choisir une nouvelle technologie. Comme les discussions sur la libéralisation des infrastructures de l'opérateur ont quelque peu traîné aux Chambres, le géant bleu s'est lancé avec retard par rapport à nos voisins dans ce vaste chantier en comparaison avec d'autres sociétés européennes.

VDSL2 ou ADSL2+

Alors que Swisscom devait prendre sa décision, la technologie VDSL2 sortait des laboratoires. Bien que nécessitant d'importants investissements, la société l'a choisie car elle semblait alors bien plus prometteuse que l'ADSL2+, préférée notamment par certains opérateurs français.

Non seulement le débit maximal en téléchargement (du web vers un ordinateur) est plus élevé, mais la vitesse d'envoi d'informations sur la toile est beaucoup plus importante (jusqu'à 6 mégabits). De telles performances ne s'obtiennent pas sans investissements.

Rapprocher les fibres

Comme le VDSL2 ne permet de tels débits que sur de courtes distances, Swisscom doit se rapprocher des maisons des particuliers avec son réseau de fibres optiques. L'opérateur doit donc installer dans les rues des caissons (Multiplexeur d'accès DSL/DSLAM) qui permettent de raccorder la ligne de cuivre de l'abonné aux autoroutes de l'information de l'opérateur en fibre optique.

Dans les quartiers où la densité de population est trop forte, la difficulté se corse. Comme ces caissons seraient de trop grandes tailles pour raccorder tous les abonnés, le géant bleu doit acheter ou louer des locaux pour déployer les multiplexeurs.

Long processus

Pour toute la Suisse, ce sont près de 6'000 stations qui doivent être installées dans les rues ou dans des locaux pour un coût de plusieurs centaines de millions de francs. Swisscom précise qu'il s'agit de son plus important investissement sur son réseau fixe depuis 20 ans. En plus, l'opérateur est confronté à de sérieuses limitations techniques et administratives.

L'installation de chaque caisson doit être mise à l'enquête et doit être validée par différents services administratifs: urbanisme, routes, services techniques... Alors que certaines communes collaborent pleinement avec l'opérateur, d'autres négocient la location des emplacement à Swisscom. Enfin d'autres communes selon l'opérateur, ralentissent sciemment les démarches pour protéger leurs investissements sur leur téléréseau.

Et le consommateur?

Dans un premier temps, Swisscom ne pensait utiliser son réseau VDSL2 que pour acheminer des images de télévision dans les foyers suisses. Récemment, l'opérateur a revu sa copie et envisagerait de faire circuler d'autres données.

Evidemment, avec la libéralisation du dernier kilomètre, certains opérateurs risquent de préférer, comme en France, développer leur propre réseau à haut débit. Il semblerait d'ailleurs que certaines sociétés songent à déployer l'ADSL2+ en Suisse, moins performant, mais plus économique et rapide à mettre en œuvre.

Si l'avenir reste difficile à prédire, il semble raisonnable d'augurer que des forfaits incluant quelques chaînes de télévision, l'internet et le téléphone fassent bientôt leur apparition en Suisse. Pour mémoire, en France voisine, dans les régions dégroupées, l'ADSL à 20 mbits/sec maximum, le téléphone et un bouquet TV sommaire reviennent à moins de cinquante francs.

Xavier Studer

Publié Modifié

Les technologies du haut-débit

DSL (Digital Subscriber Line) Famille de technologies qui permettent la transmission à haut débit sur une ou plusieurs paires de fils de cuivre en utilisant des signaux à très hautes fréquences.

ADSL (Asymetric DSL) Une des premières techniques DSL avec débits asymétriques. L'ADSL est une technique permettant de transporter sur une paire de fils téléphoniques existante simultanément les services téléphoniques analogiques et des services hauts-débits jusqu'à environ 6 mbits/sec en download (dans le sens descendant: central vers usager) contre 600 kbits/sec en upload (dans le sens remontant: usager vers central).

ADSL 2+ Cette technologie constitue l'évolution de la norme ADSL. L'ADSL 2+ augmente la bande de fréquence descendante par rapport à l'ADSL. Elle permet d'obtenir des débits en téléchargement atteignant les 25 mbits/sec. Le débit montant ne dépasse guère 1 mbits/sec.

VDSL (Very High Speed DSL) La norme VDSL permet, elle, d'atteindre des débits allant jusqu'à 30 mbits/sec sur de courtes distances, soit environ 750 mètres. Le débit montant peut être de plusieurs mbits/sec. A 1,5km, le débit chute à moins de 15 mbits/sec. Grâce au VDSL2, plus récent, des débits de 100 mbits/sec en symétrique (montant et descendant) sont possibles sur de très courtes distances (moins de 200 mètres).

Fibre optique Fil de verre très mince permettant de transporter de l'information sous la forme d'impulsions lumineuses. Les débits actuels sont de l'ordre de plusieurs gigabits/sec (1 gigabits/sec = 1000 mbits/sec . Compte tenu de l'évolution des technologies, les débits théoriques sont presque infinis.