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Swisscom-Cablecom: un match inégal

La grande bagarre est prévue pour 2005.
La grande bagarre est prévue pour 2005.
La guerre est ouverte entre Swisscom et Cablecom. Quelles sont les ressources et les armes de l'opérateur historique et du plus gros câblo-opérateur de Suisse avant la bataille.

Alors que le géant bleu s'enorgueillit d'un bas de laine de quelque 3,5 milliards de francs, Cablecom traîne toujours une dette de plus de 1,7 milliard.

Les deux entreprises ne possèdent et de loin pas les mêmes
moyens de lutte. Pour exemple, Swisscom a une capacité
d'endettement de dix milliards de francs alors que Cablecom a frôlé
la faillite il y a environ une année. La société présentait alors
un trou de 3,7 milliards de francs.



De plus, "Swisscom peut compter sur les juteux revenus de la
téléphonie mobile, ce qui n'est pas le cas pour Cablecom", selon
Igor Rindlisbacher, analyste chez Ferrier-Lullin. En outre,
Swisscom semble mieux se profiler en matière de téléphonie par IP
que son concurrent. Par ailleurs, la rapidité de la progression de
l'ADSL par rapport au câble surprend les observateurs, ce qui
confère encore un avantage au géant bleu.

Des offres bientôt égales

Technologiquement, chaque adversaire présente des points
faibles. Pour l'heure, il n'est par exemple pas possible de
visionner deux programmes différents sur deux téléviseurs avec
l'offre de Swisscom. De même, la possibilité de regarder la vidéo à
la demande est moins développée chez Cablecom.



Mais, "dans peu de temps les deux concurrents devraient être au
même niveau", poursuit Igor Rindlisbacher. D'ailleurs, selon Stefan
Hack, porte-parole de Cablecom, cette société étudie actuellement
deux possibilités. Le câblo-opérateur évalue la voie de la vidéo
sur IP (comme Swisscom) ou la possibilité de commander son film le
soir pour le regarder le lendemain après l'avoir téléchargé sur le
disque dur de son décodeur.

Guerre des prix

Dans cette perspective, "les deux géants devraient bientôt
s'affronter à armes égales sur les prix uniquement", précise Igor
Rindlisbacher. Chacun proposera une offre combinée TV, téléphone et
internet (triple play), le tout nettement meilleur marché
qu'aujourd'hui.



Lorsque les deux adversaires seront à armes égales, la concurrence
n'en demeurera pas moins inégale. "Disposant d'un nombre de clients
beaucoup plus important, Swisscom s'efforcera surtout de conserver
ses parts de marché, quant à Cablecom, il devra en gagner, ce qui
est beaucoup plus dur", analyse Igor Rindlisbacher.

Le poids des habitudes

La grande inconnue demeure le comportement du consommateur.
"Dans quelle mesure Swisscom parviendra-t-il à convaincre les gens
de débrancher leur câble TV", s'interroge Daniel Pellet également
analyste chez Ferrier-Lullin.



Et même si la vidéo à la demande semble remporter un vif succès
outre-Atlantique, les deux concurrents essaient de connaître le
plus finement les désirs des consommateurs. Alors que certains
pronostiquent déjà la fin des vidéo clubs, d'autres interlocuteurs
sont plus prudents, faisant valoir l'attachement du consommateur au
support matériel, comme le DVD.



Seule certitude la principale demande des consommateurs réside
dans la possibilité de sauter la publicité et de consulter les
programmes des différentes chaînes proposées, selon une étude
américaine notamment relayée par Cablecom... Un des points forts de
l'offre de Bluewin TV et un sérieux problème pour le futur
financement des chaînes de télévision.



Xavier Studer, tsr.ch

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En chiffres

* Cablecom **

1,5 million de clients TV

2 millions de clients avec les partenaires

50% du marché de la TV

100'000 abonnés à la tv numérique

235'000 clients internet à haut débit

40'000 clients téléphoniques

1450 employés

Chiffres d'affaires et bénéfice non communiqués

* Swisscom **

3,2 millions de lignes téléphoniques

14,6 milliards de chiffre d'affaires

1,6 milliard de bénéfice en 2003

19'000 employés

400'000 clients ADSL

630 clients testeurs Bluewin TV