Téléphonie: le mobile au prix du fixe
Cablecom bouleverse le monde de la téléphonie mobile. Le plus grand câblo-opérateur du pays lance le mobile facturé au prix du fixe. La guerre des tarifs est relancée sur un marché en pleine effervescence.
Après avoir lancé à la fin de l'année dernière une des offres
prépayées les plus avantageuses du marché (sur le réseau de
Sunrise), la filiale d'UPC Liberty Global commercialise dès ce
mardi un abonnement de téléphonie mobile, 20 francs par mois, qui
va faire beaucoup de bruit. C'est la première fois qu'un opérateur
virtuel propose un produit qui tient, sans détour, la comparaison
avec les tarifs pratiqués sur le fixe.
Dix centimes vers le fixe
Chez Cablecom, après une taxe de base de huit centimes (setup),
chaque minute vers le réseau fixe (40 à 50% des appels) coûte dix
centimes à n'importe quelle heure de la journée. La minute vers
tous les réseaux mobiles est comptabilisée elle 39 centimes.
Pendant les six premiers mois, Cablecom offre à ses nouveaux
abonnés 500 minutes de communications mensuelles vers le réseau
fixe.
Cet abonnement, commercialisé notamment sur internet et chez
Carrefour, ne se distingue pas en revanche du côté des SMS qui sont
vendus au prix usuel de 20 centimes (dix centimes en promotion
jusqu'à mi-2006 pour l'offre prépayée). Les MMS, quant à eux,
coûtent chacun 50 centimes.
Le mobile proche du fixe
On voit donc bien qu'on se rapproche des prix pratiqués en
matière de téléphonie fixe. Pour rappel, chez Swisscom fixnet, par
exemple, la minute du fixe vers le fixe est à huit centimes en
tarif plein, sans frais d'établissement de la communication
(setup). Une minute du fixe vers un mobile revient entre 49 et 55
centimes en tarif plein, sans setup.
Enfin, selon des informations dévoilées mardi en conférence de
presse à Lausanne et à Zurich lors de la présentation de ce nouvel
abonnement, il est désormais possible de surfer sur le net ou de
consulter ses e-mails grâce aux technologie UMTS, Edge et GPRS
mises en place par Sunrise, ce qui n'est pas possible avec l'offre
prépayée. Grâce à ce nouveau produit le Méga de données est facturé
3,5 francs contre dix à quinze chez Swisscom ou Orange (sans
forfait).
Profil type
En choisissant de facturer les minutes et non les heures comme
Swisscom et ses concurrents (pour certains produits), Cablecom
introduit un tarif qui sera très avantageux pour les personnes
téléphonant plutôt fréquemment et en moyenne moins de trois
minutes. Les grands bavards auront, il est vrai, plutôt intérêt à
choisir des formules de type Liberty comme celles de
Swisscom.
Comme l'abonnement est facturé vingt francs par mois, il est
évident que les petits consommateurs ou les utilisateurs
occasionnels de téléphonie mobile ont intérêt à choisir une offre
de type prépayée comme celles de la Migros, de Coop, de Yallo ou de
Cablecom et de ne pas opter pour le dernier produit de
Cablecom.
Des comparatifs difficiles
Choisir la bonne offre de téléphonie est plus difficile que
jamais, compte tenu du nombre et de la diversité des tarifs
proposés. Et parfois, d'anciens abonnements de type Natel Budget
(avec quinze minutes incluses) n'ont pas l'air intéressant alors
qu'ils sont parfois taillés sur mesures pour certains
utilisateurs.
Avant de choisir un opérateur et une formule tarifaire, il est
important de connaître exactement l'utilisation qu'on veut en
faire. Il ne faut pas oublier aussi que certaines sociétés comme
Orange ou Swisscom proposent des options intéressantes en matière
d'internet mobile ou de téléphonie depuis l'étranger. Même si
Cablecom vend quelques sonneries sur son site internet, il est
encore loin de l'éventail de produits commercialisés par ses
rivaux.
Un seul combiné
Quoi qu'il en soit, l'avenir en matière de télécommunications
semble être manifestement à la convergence. D'ici à 2007, par
exemple, les clients de Cablecom pourraient recevoir qu'une seule
facture (ce qui est loin être le cas actuellement) pour l'internet,
la télévision, le mobile et le téléphone fixe qui risquent de ne
faire plus qu'un.
En effet, avec la convergence numérique, les prochains téléphones
mobiles se connecteront directement sur les réseaux sans fil à
domicile (Wi-Fi). Cette perspective devrait à terme rendre inutile
les appareils fixes. Commercialement, et plus concrètement, cette
fusion des combinés devrait inciter les opérateurs à proposer des
tarifs encore plus intéressants...
Xavier Studer
Publié
Quelle convergence?
Les opérateurs n'ont plus que ce mot à la bouche: convergence. En fait ce terme est un peu galvaudé. Pour mémoire, les trois opérateurs mobiles possédant leur réseau (Swisscom, Sunrise et Orange) proposent déjà le triple-play grâce à leurs antennes. En matière de téléphonie mobile, téléphone, internet et télévision ne font déjà plus qu'un.
En matière de fixe, Cablecom reste un des seuls acteurs à proposer tous ces services et à avoir terminé cette forme de convergence. Il reste en revanche du pain sur la planche à Swisscom qui devrait proposer cet automne sa "propre convergence" avec l'arrivée de la TV par le fil du téléphone, ce qui existe notamment depuis un certains temps dans plusieurs pays européens.
Il restera alors l'ultime étape de la convergence: rapprocher les réseaux fixes et mobiles pour permettre à tout un chacun de profiter à un prix raisonnable d'un nombre de services qui devrait se multiplier. La consultation du web et de la télévision entreront alors vraiment et pour tous dans l'ère de la mobilité.
Cablecom en bref
- Cablecom a été le premier acteur du marché de taille à offrir le "triple-play" sur le réseau fixe: TV, internet et téléphone.
- Ce câblo-opérateur propose depuis la fin de l'an dernier une offre prépayée de téléphonie mobile (réseau de Sunrise), ce qui lui fait dire qu'il est le premier à offrir du "quadruple-play".
- Cablecom, qui concurrence déjà Swisscom avec son propre réseau, possède plus de 200'000 clients abonnés à son service de téléphonie fixe numérique.
- Le chiffre d'affaires de Cablecom s'est établi à 852 millions de francs en 2005, en hausse de 15,5%. La téléphonie représente désormais 13% de son chiffre d'affaires.