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Swisscom met la main sur Teleclub

Swisscom enrichira l'offre de Bluewin TV avec Teleclub
Swisscom enrichira l'offre de Bluewin TV avec Teleclub
L'opérateur confirme son intérêt grandissant pour la télévision en prenant une importante participation dans le principal bouquet alémanique de chaînes payantes, Teleclub.

Avec Teleclub, Swisscom renforce son offre de télévision par ADSL Bluewin TV et met en difficulté son principal concurrent Cablecom. Explications et décodage.

Décidé a investir massivement dans la télévision, Swisscom a
annoncé hier une prise de participation de 49% dans le groupe
zurichois CT Cinetrade. Ce dernier contrôle non seulement le
bouquet de chaînes à péage Teleclub, mais également une quarantaine
de salles de cinéma entre Berne, Bâle et Zurich ainsi qu'une
société de gestion de droits vidéo et DVD de films.



C'est la troisième annonce majeure de Swisscom dans le secteur de
la télévision depuis ce printemps. Fin mai, l'opérateur annonçait
qu'il était désormais le fournissseur exclusif en Suisse d'un
bouquet de chaînes thématiques allemandes. Fin août, il lançait,
dans un premier auprès de 600 foyers tests en Suisse alémanique,
son service Bluewin TV qui permet de recevoir une trentaine de
chaînes TV via la prise du téléphone. Aujourd'hui, il met la main
sur Teleclub.

Le berger et la bergère

Ces trois annonces sont autant de coups portés à son concurrent
Cablecom. Le principal câblo-opérateur de Suisse, avec 1,4 million
de foyers abonnés, était jusqu'à présent le seul à diffuser de la
télévision par câble. Mais il a voulu également devenir un
opérateur téléphonique en utilisant son réseau pour offrir de la
téléphonie par IP.



Cablecom passant de la TV à la téléphonie, la stratégie de
Swisscom dans le secteur télévisuelle est la réponse du berger à la
bergère.



Mais le berger semble aujourd'hui avoir nettement plus de moyens
que la bergère: Swisscom a en effet à disposition des centaines de
millions de francs alors que Cablecom vient juste de restructurer
sa dette colossale.

Le "triple play"

Avec la reprise de Teleclub et des autres sociétés du groupe
Cinetrade, notamment celle qui gère les droits vidéo et DVD,
Swisscom a semble-t-il marqué un point important dans sa guerre
contre Cablecom. "Nous avons ainsi acquis un savoir-faire très
important", explique ainsi Jens Alder, le patron de Swisscom qui
présente ce partenariat comme un pas de plus dans sa stratégie du
"triple play". Celle-ci à pour objectif de proposer des vidéos à la
demande, la télé payante et la diffusion de programmes gratuits par
ADSL à côté de ses activités de base traditionnelles que sont la
téléphonie (fixe et mobile) ainsi que l'internet.

Teleclub, une pionnière

Née en 1984, Teleclub était une des premières chaînes à péage
d'Europe, aux côtés de sa grande soeur française Canal+ et de sa
petite soeur romande Télécinéromandie. Teleclub était en fait le
pendant alémanique de Téléciné et diffusait essentiellement des
films qui n'était pas encore programmés sur les chaînes
généralistes.



Mais si Teleclub n'a pas connu le destin tragique de Téléciné,
elle n'a pas non plus réussi à s'imposer comme Canal+. Aujourd'hui,
Teleclub s'est certes adaptée à l'arrivée du numérique en se
transformant en un bouquet de chaînes thématiques diffusé sur le
câble et par satellite, mais le nombre de ses abonnés n'a jamais
réussi à dépasser les 80'000, ce qui est insuffisant pour lui
assurer un avenir serein.



Sa survie passait par le rapprochement avec un diffuseur plus
important. On a longtemps pensé à Cablecom, le principal téléréseau
helvétique, qui paraissait être le partenaire naturel de Teleclub,
tenant compte du fait que 80% des foyers suisses reçoivent leurs
programmes TV par le câble. Restaient cependant à surmonter
plusieurs années d'antagonisme entre Teleclub et Cablecom portant
sur des questions juridiques et techniques lors de l'arrivée de la
télévision numérique.

Nouvelle donne

L'arrivée en fanfare de Swisscom, en début d'année, dans le
marché de la télévision, grâce au développement de l'ADSL, a changé
la donne. L'opérateur téléphonique - à l'instar de ses collègues
européens - se rend bien compte que la rente de situation que lui
procure la transmission des communications vocales va bientôt se
tarir et qu'il doit offrir de nouveaux services à ses abonnés,
qu'ils utilisent soit son réseau mobile, soit son réseau
fixe.



De nouveaux services qui comprennent en particulier la télévision.
Depuis quelques mois, Jens Alder, le patron de Swisscom, ne cache
pas qu'il souhaite investir plusieurs centaines de millions de
francs dans ce secteur.



Son idée n'est pas de concurrencer la SSR et de produire lui-même
des programmes. Il souhaite par contre maîtriser la chaîne de
diffusion.

La SSR très attentive

Du côté de la SSR, on observe avec attention ces grandes
manoeuvres entre Swisscom et Cablecom. Car le service public
helvétique, principal producteur de contenus télévisuels, est très
sollicité par les deux groupes pour leur fournir ses productions.
"Nous avons été approchés à la fois par Swisscom et par Cablecom,
explique ainsi Josepha Haas, porte-parole de SRG SSR idée suisse.
Et nous avons actuellement des discussions avec ces deux groupes
pour d'éventuels partenariats."



Au-delà de la simple diffusion des différentes chaînes de la SSR
dans l'offre de base de Swisscom et de Cablecom - qui est une
obligation légale - l'idée des deux opérateurs est bien sûr de
pouvoir offrir à leurs abonnés des services de TV à la carte basés
non seulement sur le cinéma ou les événements sportifs, mais
également sur la rediffusion d'émissions des chaînes de la
SSR.



Principal exemple: un abonné de Swisscom ou de Cablecom pourait
ainsi regarder Le 19:30, 10 vor 10, Temps Présent, Kassensturz,
Arena ou Mise au Point à l'heure ou le jour qui lui conviennent le
mieux. De la TV à la carte avec en prime le découpage des émissions
tel que nous vous le proposons depuis plusieurs mois sur
tsr.ch.



Nicolas Willemin, tsr.ch

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Teleclub, une histoire agitée

La chaîne Teleclub a été fondée en 1984.

Son principal actionnaire était le groupe allemand Kirch, important propriétaire de droits TV.

A côté de Kirch, ses partenaires suisses étaient l'exploitant de salles Christian Sager et le groupe de presse Ringier.

A la fin des années 90, Teleclub prend le virage du numérique et se transforme en bouquet de chaînes thématiques payantes.

En 2002, le groupe Kirch s'effondre: les partenaires suisses, Christian Sager et Ringier, reprennent ses parts.

Aujourd'hui, Teleclub compte 70'000 abonnés et diffuse un bouquet de chaînes numériques sur le câble.

Par ailleurs, Teleclub commercialise en Suisse le bouquet allemand par satellite Premiere.

Désormais, Swisscom avec 49% est le premier actionnaire aux côtés de Christian Sager et de Ringier.

TV par ADSL

Swisscom mène actuellement un essai de télévision numérique avec sa filiale Bluewin, en collaboration avec Microsoft. Quelque 630 foyers alémaniques reçoivent actuellement 25 chaînes TV par l'ADSL, durant dix semaines. L'objectif est de lancer une offre à large échelle au milieu de l'année prochaine.

Swisscom peut potentiellement desservir 3,2 millions de foyers, reliés par le téléphone fixe. Le groupe ne fournit cependant pas d'objectifs des parts de marché qu'il entend décrocher dans la TV numérique.

Le patron de Swisscom a encore rappelé que l'offre multimedia via Swisscom Fixnet ne constitue que l'un des trois piliers de l'entreprise dans ce domaine. Avec Swisscom Broadcast, le géant bleu développe une offre destinée aux opérateurs par câbles. Avec Swisscom Mobile, l'entreprise peut livrer des contenus vidéo grâce à Vodafone Live.