"The Artist", hommage au cinéma muet

Entre les récits de malades du cancer et de pédophiles qui jalonnent la compétition, "The Artist" restera sans doute comme la plus agréable des respirations de la quinzaine. Sans paroles et en noir et blanc, le dernier film de Michel Hazanavicius ("OSS 117") réussit son pari. Rendre hommage au cinéma muet tout en humour.

L'oeuvre a été intégrée à la compétition à la dernière minute. Et bien qu'il soit plus "léger" que la plupart des films vus jusqu'à ce jour, il satisfait aux exigences de qualité cannoises, à commencer par la performance des deux acteurs principaux, Jean Dujardin - qui fête son "dépucelage" sur les marches, dixit himself - et Bérénice Béjo. L'un s'appelle George Valentin et est une star du muet accablée par l'arrivée du parlant, l'autre porte le doux nom de Peppy Miller et incarne la réussite du cinéma sonore.

Parler ou ne pas être

A l'instar de "Singing In The Rain", la trame de "The Artist" se joue en effet à une période charnière du cinéma. En 1929, la grande dépression frappe aussi Hollywood, qui devra son salut à l'arrivée de la prise de son sur les plateaux de tournage.

Michel Hazanavicius se garde bien de ne tomber ni dans le pastiche, ni dans la parodie. Il se situe à la frontière entre les deux, et il ne s'agit ni plus ni moins d'un hommage à une période-clé de l'histoire du cinéma. Si l'exercice peut paraître vain, il n'en est pas moins réussi. Une histoire d'amour, de l'humour et des clins d'oeil - à commencer par le titre, qui fait référence aux "Acteurs" de Robert Altman - traversent "The Artist". Histoire de rappeler qu'à l'époque, privés de la parole, le succès des acteurs et des cinéastes reposait sur deux éléments primordiaux: le rire et la dramatisation.

De Cannes, Patrick Suhner