Modifié

"Melancholia", film wagnérien

Melancholia
Melancholia
Avant qu'il ne déclenche un tsunami de quolibets, Lars von Trier était bien placé pour remporter un prix. Son "Melancholia", film où le temps semble suspendu à quelques heures de la fin du monde, est à la fois beau dépressif, poétique et...mélancolique.

Plus de deux heures dans une ambiance de fin du monde, un film en trois parties dont un prologue d'une esthétique rare: c'est Melancholia, du nom de planète qui doit s'écraser contre la terre, mais aussi d'un sentiment qui habite les personnages de l'histoire, entre onirisme et science fiction.

Kirsten Dunst, la mélancolie

Pour Lars von Trier, Melancholia arrive 11 ans après sa Palme d'or pour "Dancer In The Dark" et deux ans après son dépressif "Antéchrist", récompensé par un prix d'interprétation à Charlotte Gainsbourg. L'actrice française est d'ailleurs au générique aux côtés de Kirsten Dunst, qui a repris un rôle écrit à l'origine pour Penélope Cruz - l'Espagnole a finalement décliné l'offre pour se concentrer sur "Pirates des Caraïbes". Justine (Dunst) et Claire (Gainsbourg), deux soeurs dont la première est sur le point de se marier, mais dont les noces ne semblent guère réjouir. Tour à tour, elles se retrouveront dans un état de quasi dépression, mais pour des raisons différentes...

Lars von Trier livre une oeuvre wagnérienne (la musique de Wagner rythme le film du début à la fin), surprenante de beauté, dans la veine de "2001, l'odysée de lespace", de Stanley Kubrick, et d'un autre film présenté à Cannes cette année: "The Tree Of Life" de Terrence Malick. Les deux oeuvres comptent d'ailleurs parmi les favorites. Quoique "Melancholia" a probablement été définitivement discrédité par les propos controversés de son réalisateur sur Hitler et le nazisme.

De Cannes, Pierre-Etienne Joye

Publié Modifié

Lars le provocateur

Pauvre Lars von Trier! On a presque envie de le plaindre, malgré ses propos inquiétants sur son amour pour l'art du 3e Reich et, surtout, son empathie pour Hitler - "je comprends l'homme, quand il était dans son bunker", a-t-il déclaré. Provocation ou maladresse? A voir la vidéo ci-dessus, il y a sans doute un peu des deux. Le cinéaste s'est excusé et a assuré qu'il n'était "ni raciste, ni antisémite, ni nazi". Mais le mal est fait.

Le Danois a beau être l'un des réalisateurs les plus sélectionnés à Cannes - 10 fois déjà! - et avoir obtenu la Palme d'or pour "Dancer In The Dark" en 2000, il traîne une réputation de facétieux, imprévisible et provocateur. Non seulement sur les tournages - il s'était brouillé en son temps avec Björk, notamment - mais aussi dans son moyen privilégié d'expression, le cinéma. En 2009, la présentation d'"Antichrist" avait provoqué de violentes réactions parce que plusieurs scènes s'avéraient insoutenables. On se souvient encore d'un Lars von Trier qui, pris à partie en conférence de presse et sommé de s'expliquer sur son film, ne comprenait ce qui lui arrivait.

Aujourd'hui, les faits ne concernent pas le sujet de l'un de ses films, mais ses propos, ce qui est évidemment plus embarrassant. Le cinéaste est désormais persona non grata sur la Croisette . Cela signifie-t-il qu'on ne le verra plus jamais à Cannes? La probabilité est sans doute proportionnelle à la rancoeur dont les organisateurs feront preuve dans les prochaines années...

De Cannes, Patrick Suhner