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"Drive", le film qui détonne et cartonne

Drive
Ryan Gosling
Nicolas Winding Refn surprend la Croisette avec un film de genre très abouti. "Drive", l'histoire pas commune d'un chauffeur sans nom auquel on s'attache inexorablement. Ryan Gosling, parfait dans ce rôle, pourrait bien recevoir une récompense.

C'est la bonne surprise de cette fin de festival. Quoique le terme "surprise" est un peu fort, car ceux qui connaissent l'oeuvre de Nicolas Winding Refn savent de quoi l'homme est capable. La trilogie "Pusher", "Bronson" ou encore "Valhalla Rising", autant de films atypiques mais toujours très aboutis réussis par le cinéaste danois.

Avec "Drive", Winding Refn se frotte à un autre registre, à mi-chemin entre le road movie urbain, le polar et le thriller. De longs plans-séquences, des personnages peu diserts – mais aux répliques très efficaces – soutenus par une esthétique très léchée et une musique disco. Le Danois réussit à instaurer une atmosphère surprenante, en variant également les effets et le rythme, avec ou sans frénésie: Los Angeles le jour, la nuit, au volant d'un bolide à 200 km/h ou au ralenti.

Un prix d'interprétation à Ryan Gosling?

Il faut à ce titre souligner la performances des acteurs, en particulier Ryan Gosling, qui incarne un jeune homme aux boulots multiples – et dont on ne connaîtra jamais le nom: garagiste, cascadeur à Hollywood et, pour arrondir les fins de mois, chauffeur au service de braqueurs à la petite semaine. Un personnage discret, taciturne, muni d'un sang froid hors du commun. Il rencontre sa voisine Irene (Carey Mulligan) avec laquelle il devient très proche, moment de bonheur qui tourne court. Un braquage tourne mal et l'histoire bascule. Et là le spectateur, comme certains mafieux, devront se méfier de l'eau qui dort...car le flegme du "Driver" est mis à rude épreuve.

Evidemment, le film détonne dans la compétition, parce qu'il s'agit d'un film de genre. Mais il est maîtrisé à la perfection par Winding Refn, qui fait d'un roman (écrit par James Sallis) un film à l'image de son personnage principal: attachant malgré son flegme, serein, mais prêt à imploser. Il en ressort une tension palpable à chaque instant. Dès la scène d'ouverture - un modèle du genre -, le spectateur plonge dans le film pour ne plus en sortir jusqu'au dernier plan. La bonne surprise, on vous dit.

De Cannes, Patrick Suhner

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