Le projet d'initiative sera soumis samedi à l'assemblée des délégués de l'UDC. Dès ce feu vert obtenu, le parti va rédiger un texte, le soumettre à la Chancellerie fédérale et entamer la récolte de signatures "aussi vite que possible", a indiqué son président Toni Brunner devant les médias.
Plafonds et contingents
L'initiative prône la réintroduction de plafonds et de contingents migratoires. Ces limites, que le parti n'a pas pu quantifier lors dans sa conférence de presse, seraient fixées annuellement en fonction des besoins et intérêts économiques de la Suisse.
Toutes les catégories d'étrangers seraient concernées. Il faut éviter que le contingentement des permis de séjour ordinaires soit sapé par la multiplication des autorisations de courte durée, a expliqué le conseiller national argovien Luzi Stamm.
L'UDC veut aussi empêcher que les plafonds soient contournés via le droit d'asile ou un regroupement familial "excessif". Les frontaliers seraient aussi soumis à des contingents. A l'embauche, le principe de la priorité aux Suisses devrait s'appliquer.
Immigration à points
L'initiative prône aussi l'édiction de critères stricts pour l'octroi de permis de séjour. Pour être autorisé à s'établir ou à séjourner en Suisse, il faudrait prouver l'obtention d'un emploi, sa capacité d'intégration et les moyens de subvenir à soi-même.
La loi devrait régler les détails. L'UDC songe à un système comme celui pratiqué par le Canada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Le permis de séjour peut y être obtenu moyennant un nombre minimal de points attribués selon une série de critères d'intégration. Le parti refuse par contre tout droit établi à un séjour durable, au regroupement familial et aux prestations sociales.
Libre circulation en ligne de mire
La Suisse devrait renégocier voire résilier les traités en contradiction avec les exigences de l'initiative. L'accord sur la libre circulation des personnes avec l'Union européenne (UE) est visé. D'après Luzi Stamm, Bruxelles n'aurait aucune raison objective de refuser la discussion.
L'UE ne tire aucun avantage à l'actuelle émigration vers la Suisse. Et si les 27 refusent, la Suisse résiliera l'accord. "Elle ne sombrera pas" pour autant, selon Christoph Blocher.
La libre circulation, tout comme l'accord de Schengen/Dublin, ne cessent d'être critiqués par l'UDC. Selon elle, tout le monde s'émeut mais personne ne bouge. Le Conseil fédéral s'est bien gardé d'activer la clause de sauvegarde (réintroduction de contingents) pour ne pas irriter l'UE, a critiqué le conseiller national Neuchâtelois Yvan Perrin.
Alors que le solde migratoire a dépassé 330'000 personnes ces quatre dernières années, il faut que la Suisse puisse "limiter et trier" les immigrants, selon Toni Brunner. Pour faire bouger les choses, l'UDC n'a d'autre choix que de lancer une initiative, a enchaîné Christoph Blocher. "Comme pour le renvoi des criminels étrangers".
Il y a quatre ans, le parti avait misé sur cette initiative, entretemps adoptée en votation populaire, pour donner un coup de fouet à sa campagne. Les affiches aux moutons noirs avaient alors fleuri sur les murs.
ats/vkiss
Autres initiatives dans le même sens
L'UDC n'est pas seule à thématiser l'immigration. L'association Ecologie et Population (Ecopop) a lancé une initiative pour limiter la hausse de la population résidente permanente due aux migrations à 0,2% par an. Le texte exige parallèlement qu'au moins 10% des moyens de la coopération suisse au développement soient affectés à la planification familiale volontaire.
Les Démocrates suisses ont aussi annoncé le lancement d'une initiative réclamant que la Confédération s'efforce à équilibrer le solde migratoire, sans donner toutefois d'exigence chiffrée.