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Franc fort et nucléaire contrecarrent les plans des partis

La salle du parlement où se réunit l'Assemblée fédérale. [Alexandre Chatton]
Alors qu'ils sont en pleine campagne pour investir le Parlement, les partis ont plus de peine à contrôler l'agenda politique. - [Alexandre Chatton]
L'agenda politique des élections fédérales 2011 est placé sous le signe du franc fort et de Fukushima. Face à cette actualité imposée en dernière minute, les partis ont dû mettre leur programme entre parenthèses et semblent à court d'idées sur les problèmes du moment.

En 2007, personne en Suisse ne prévoyait que la Confédération devrait sauver l'UBS ou qu'elle devrait intervenir sur le franc. Personne n'imaginait non plus une catastrophe nucléaire au Japon qui signerait la fin potentielle de l'atome en Suisse. A l'époque, les partis ont dicté leurs thèmes dans la campagne électorale, allant d'un présumé complot secret contre Christoph Blocher aux méfaits de la globalisation.

"Il est aujourd'hui beaucoup plus difficile pour les partis de contrôler l'agenda politique", relève le politologue Georg Lutz, enseignant à l'Université de Lausanne, dans un entretien avec l'ats.

Thèmes traditionnels mis à mal

Les récents événements dérangent les partis et leurs programmes traditionnels que sont les étrangers pour l'UDC, le social pour le PS, l'économie pour le PLR et la famille pour le PDC. La crise financière a en particulier dépassé les politiciens de gauche comme de droite. "Tous ont paru un peu impuissants", estime Georg Lutz.

Les difficultés actuelles, au moins d'un point de vue thématique, donnent un coup de pouce aux socialistes, estime pour sa part le politologue zurichois Michael Hermann. "La crise financière et économique a mis à mal la crédibilité du capitalisme mais aussi celle des partis du centre droit", indique-t-il.

Les questions fiscales et les inégalités sociales ont de fait regagné en visibilité, des thèmes quasiment passés aux oubliettes lors du précédent scrutin fédéral.

Comme en 2007, l'UDC a de nouveau axé sa campagne électorale sur le mode provocateur de la lutte contre les étrangers. Alors que le parti conservateur s'était concentré il y a quatre ans sur le comportement soi-disant criminel des étrangers, il a élargi cette thématique en se focalisant cette fois sur l'"immigration de masse".

Le PLR et le PS en embuscade

A l'opposé, le PS - deuxième force politique du pays - s'est repositionné sur ses thèmes de prédilection: "non" aux privilèges sociaux et "oui" aux énergies renouvelables. En 2007, le parti à la rose s'était dispersé sur des propositions en matière de sport et de fédéralisme.

Le PLR profite aussi cette année de se recentrer sur ses positions traditionnelles en se présentant comme le gardien du Graal de la liberté, souligne Michael Hermann. Dans le même esprit, il a lancé son initiative "Stop à la bureaucratie!" et mise à fond sur la carte Suisse.

En 2007, le parti avait tenté de se profiler comme un parti urbain, alors qu'en réalité, il n'a cessé de chercher l'appui de l'UDC, selon le politologue zurichois. Il s'était engagé pour la "Suisse de l'intelligence et de l''innovation" et avait milité pour une fiscalité simplifiée avec la "Easy Swiss Tax", des idées qui s'étaient traduites par une défaite cinglante.

Message brouillé à force de trop s'adapter aux modes

Le PDC poursuit quant à lui sur son thème favori de la famille, une idée peu polarisante et qui ne contient pas de véritable programme, selon Michael Hermann. Les démocrates-chrétiens tentent en outre de se présenter comme le parti qui a principalement contribué à la réussite de la Suisse. C'est dans cet esprit qu'il met en scène sur ses affiches les combats de reines et la conquête des sommets.

Il y a quatre ans, le programme visait l'îlot de cherté de la Suisse. Pour Michael Hermann, le PDC a le même problème que le PLR. A force d'adapter leur profil au gré des modes, ces formations finissent par brouiller le message qu'elles veulent transmettre.

Les Verts enfin, qui avaient renoncé à une campagne nationale en 2007, martèlent cette année un message unique contre les centrales nucléaires. Il n'est pas encore sûr que cette stratégie leur réussira. "Mais il est clair que sans Fukushima, ils seraient bien davantage sur la défensive", estime l'expert.

ats/jzim

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