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Le revers de l'UDC, des Verts et du PLR se confirme

3472 personnes se disputent les 200 sièges de la Chambre du peuple, soit 12,4% de plus qu'en 2007. Ils sont 149 à convoiter un des 44 fauteuils encore à repourvoir au Conseil des Etats, contre 136 il y a quatre ans. [Salvatore Di Nolfi]
Le verdict des urnes sanctionne l'UDC, les Verts et les partis du centre historiques. - [Salvatore Di Nolfi]
L'UDC et les Verts sont les principaux perdants des élections fédérales de dimanche. Les premiers égarent 8 sièges au Conseil national par rapport à 2007, et les seconds 5. A l'inverse, les Vert'libéraux engrangent 9 fauteuils supplémentaires, pour un total de 12, et le PBD sera représenté par 9 députés. Quant aux partis traditionnels du centre-droit, le PLR (-5 sièges) et le PDC (-3) reculent. Le PS progresse (+3).

En recul pour la première fois depuis 1991, l'UDC ne séduit pas 30% des électeurs comme souhaité, mais 26,6%, selon les chiffres officiels livrés mardi par la Confédération. Elle reste néanmoins la première formation du du National avec 54 sièges, soit 8 de moins qu'en 2007, mais seulement 5 de moins qu'à la fin de la dernière législature, la création du PBD ayant réduit sa députation dès 2008.

Deuxième parti, le PS obtient 18,7% des suffrages (-0,8 point par rapport à 2007), mais les socialistes obtiennent 3 mandats de plus, soit 46 au total au National.

Morcellement du centre

Le centre s'émiette. Le Parti bourgeois démocratique (PBD), qui atteint 5,4% des voix, aura 5 sièges de plus qu'à la dernière session, soit 10 au total, mais aucun en Suisse romande.

Les Vert'libéraux, qui s'affichent également à 5,4% contre 1,4% en 2007, pourront former le groupe parlementaire désiré. Ils quadruplent leur représentation au National avec 12 élus. La Vaudoise Isabelle Chevalley est devenue la première Romande à les rejoindre.

Le PLR "sauve les meubles"

Donné grand perdant à l'occasion des élections, le PLR cède au final 5 mandats pour en détenir 31 avec une force électorale de 15,1% (-2,6%). L'un des trois fauteuils au Tessin est perdu et le président du parti national Fulvio Pelli n'a sauvé sa tête que de justesse (58 voix).

Le PDC poursuit son érosion. Il n'a séduit que 12,3% des électeurs, soit 2,2 points de moins qu'en 2007, ce qui lui coûte 3 mandats. Avec 28 fauteuils, il reste juste derrière le PLR. Dans le Jura, il récupère le siège conquis il y a quatre ans par l'UDC Dominique Baettig, mais perd un mandat en Valais.

La gauche affaiblie

L'émergence de nouveaux partis au centre-droit affaiblit aussi la gauche. Les Verts perdent 5 mandats et n'en ont plus que 15 pour une force électorale ramenée à 8,4% (contre 9,6% en 2007), ce qui ne compensera pas les sièges gagnés par le PS. Parmi les victimes connues figure le Zougois Josef Lang, fer de lance du Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA).

Enfin, la participation serait pratiquement la même qu'en 2007, passant de 48,2 à 48,9%, selon une estimation portant sur 24 cantons. Il y a d'importantes fluctuations selon les cantons.

Dans le détail, la carte du futur Parlement.

ats/cer


Réactions contrastées dans les partis

Le parti d'Yvan Perrin reste le premier de Suisse, malgré le recul. [Marcel Bieri / keystone]
Le parti d'Yvan Perrin reste le premier de Suisse, malgré le recul. [Marcel Bieri / keystone]

Les Vert'libéraux et le PBD vont être très courtisés ces prochains temps, selon

l'UDC Yvan Perrin

qui insiste sur le fait que l'UDC, malgré ses pertes, est et reste le premier parti de Suisse.

Le président du PLR, Fulvio Pelli a lui expliqué s'être peut-être davantage occupé de la scène nationale que cantonale. A ses yeux, le PLR n'a pas fait une mauvaise campagne mais il "subit beaucoup de préjugés" qui le pénalisent. "Si les gens commencent à en avoir marre de nous, qu'est-ce qu'on peut faire?", s'est interrogé le Tessinois à la TSR. Selon lui, les idées libérales ont fait le succès de la Suisse et ont encore de l'avenir.

Selon le président du PS Christian Levrat, les projections montrent que le PS a obtenu un bon résultat qui va permettre de prendre un nouveau départ. Les présidents du PDC et du PS ont qualifié de "victoire de la nouveauté" et de "phénomène de mode" la percée fulgurante du PBD et des Vert'libéraux lors de ces élections. Ces deux partis "vont devoir clarifier leurs positions ces quatre prochaines années", a estimé Christian Levrat. Pour le président du PS, qui s'exprimait dimanche à la TSR, "on ne peut pas parler de victoire du centre", mais de deux formations "qui n'ont encore rien montré".

"Ces partis partagent à 80-90% la même politique que le PDC, mais ils sont nouveaux, donc très sexy", a renchéri le président du PDC Christophe Darbellay, qui relève qu'ils prospèrent "surtout dans les grandes villes". "J'espère que nous pourrons continuer à travailler de manière constructive avec ces nouveaux partis", a-t-il ajouté.

Président du PBD, Hans Grunder a quant à lui évoqué un résultat qu'il n'aurait "pas imaginé en rêve".

Beaucoup de gens votent pour des nouveaux partis dont on connaît mal les contours", a déclaré Ueli Leuenberger, président des Verts, commentant les résultats des Vert'libéraux. Il a plaidé pour une intensification de la collaboration, bien que "beaucoup de choses nous éloignent".

Les questions de contenu, notamment celle de la sortie du nucléaire, sont importantes pour les Vert'libéraux, a également laissé entendre le président des Vert'libéraux Martin Baümle.

Premier élu du Mouvement citoyens genevois (MCG) sous la Coupole fédérale, Mauro Poggia serait prêt à intégrer un groupe parlementaire aux Chambres. Mais il ne le fera pas à n'importe quel prix. L'UDC n'entre en tout cas pas en ligne de compte: "ce parti nous considère comme un parti de gauche". Le MCG va plutôt voir s'il peut s'allier à d'autres petits partis, comme la Lega, pour atteindre la taille critique des cinq membres nécessaires pour former un groupe.

ats/cer

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