IL Y A QUATRE ANS
En 2011, les "frères ennemis" radicaux et libéraux tout juste fusionnés au sein du Parti libéral-radical (PLR) genevois enregistraient une défaite in extremis: alors que le Mouvement citoyens genevois (MCG) gagnait son premier siège à Berne avec Mauro Poggia, le PS a longtemps cru que c'était à ses dépens. Las, au bout de la soirée électorale, c'est le PLR qui perdait son troisième siège au Conseil national. Le PLR obtenait 18,7%, soit près de quatre points de moins que les scores cumulés de ses deux composantes en 2007 (22,5%).
Le PS était le seul gagnant à gauche en maintenant ses trois sièges grâce à l'élection de l'ancien conseiller administratif en Ville de Genève Manuel Tornare. La gauche dure, divisée, échouait dans sa tentative de récupérer le siège perdu en 2007.
Quant au troisième Genevois élu pour la première fois sous la Coupole, il s'agissait de Céline Amaudruz, qui permettait à l'UDC de conserver ses deux places.
Pour le Conseil des Etats, l'alliance ponctuelle des partis bourgeois (PLR et PDC) avec l'UDC n'avait pas permis de prendre l'un des deux sièges de sénateurs occupés par l'Alternative de gauche composée du PS et des Verts, même si l'écart entre les deux blocs s'était réduit par rapport aux fédérales de 2007, lorsque les radicaux avaient perdu leur fauteuil.
LA PARTICULARITÉ DU CANTON
L'année 2015 voit les Genevois vivre une intense année électorale: les fédérales de l'automne interviennent six mois après les élections municipales du printemps, au cours desquelles les citoyens des 45 communes du canton ont renouvelé leurs autorités.
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Autre fait marquant, la législature écoulée a permis à trois candidats viennent-ensuite d'accéder au Conseil national après l'élection de l'un de leurs collègues de parti au Conseil d'Etat fin 2013. Il s'agit du PDC et conseiller administratif en Ville de Genève Guillaume Barazzone en remplacement de Luc Barthassat, de la Verte Anne Mahrer pour Antonio Hodgers et de Roger Golay à la place de Mauro Poggia. Un départ de trois "poids lourds" qui a de manière générale affaibli la délégation genevoise à Berne, exception faite de la "révélation" Barazzone, qui repart à l'assaut de Berne (L'Hebdo).
La Constitution cantonale genevoise de 2012 instaure un nouveau mode de scrutin en ce qui concerne le Conseil des Etats, avec désormais un quorum fixé à 50% au 1er tour (contre 33% auparavant). Un 2e tour est donc presque assuré. Il doit avoir lieu le 8 novembre. Autre nouveauté de la Constitution: les candidats doivent figurer sur une liste unique.
CONSEIL NATIONAL, LES ENJEUX
Le troisième siège socialiste est le principal enjeu des élections au National du 18 octobre. Le siège est en partie fragilisé par le fait que Maria Roth-Bernasconi ne se représente pas, contrairement à Manuel Tornare et Carlo Sommaruga. Cinq candidates, dont la cheffe de groupe au Grand Conseil Lydia Schneider Hausser, chercheront à maintenir ce siège féminin, en sus de quatre candidats masculins.
Un autre poids lourd de l'Alternative de gauche ne briguera pas un mandat supplémentaire: Ueli Leuenberger, ancien président des Verts suisses. A charge de Lisa Mazzone, présidente de la section cantonale, et à ses six colistiers de défendre ce fauteuil, qui accompagne celui d'Anne Mahrer, arrivée en cours de législature au National en remplacement d'Antonio Hodgers.
Le PLR va essayer de récupérer un des fauteuils vacants en surfant sur la dynamique favorable au parti observée à Zurich ou au Tessin. Les deux sortants Hugues Hiltpold et Christian Lüscher se présentent aux côtés de Benoît Genecand notamment.
L'UDC (deux sièges actuellement avec Céline Amaudruz et Yves Nidegger) et le PDC (un, celui de Guillaume Barazzone) semblent eux en mesure de maintenir leurs positions grâce aux sortants qui se représentent.
Le MCG va aussi chercher à brouiller les cartes, mais reste à savoir ce que donnera les candidatures conjointes d'Eric Stauffer, âme du parti, et Roger Golay, président du MCG et actuel conseiller national.
La coalition Ensemble à Gauche a pour sa part prévenu vouloir regagner son siège perdu en 2007, avec en têtes de liste Jean Batou et Salika Wenger.
A cela s'ajoutent le parti des Vert'libéraux (PVL, porté par le vice-président du PVL suisse, Laurent Seydoux), le Parti bourgeois démocratique (PBD, porté par le vice-président de la section cantonale, Thierry Vidonne), le Parti évangélique (PEV), l'Union démocratique fédérale (UDF) et Politique intégrale.
A noter que toute la gauche s'est apparentée. Le PDC et le PLR sont apparentés avec les Vert'libéraux et le PBD. L'UDC et le MCG ont fait de même avec l'UDF.
En tout, 178 personnes, réparties sur 26 listes, sont candidates à l'un des onze sièges à pourvoir.
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CONSEIL DES ÉTATS, LES ENJEUX
A l'instar du canton de Vaud, le ticket rose-vert genevois composé de Liliane Maury-Pasquier et Robert Cramer semble en mesure d'être reconduit pour un troisième mandat aux Etats.
L'enjeu pourrait se limiter pour ses adversaires à lancer des ballons d'essai en vue de prochaines échéances électorales à Genève, les poids-lourds préférant attendre quatre ans supplémentaires et le retrait probable des deux sortants.
Néanmoins le ticket de l'Entente de droite, où figurent le PDC Raymond Loretan, ex-président de la SSR, et le PLR Benoît Genecand, entend profiter d'une dynamique nouvelle entre les deux tours, favorisée par le nouveau mode de scrutin (voir plus haut).
Les candidats de l'Entente devront affronter le MCG Eric Stauffer, les deux conseillers nationaux UDC sortant Yves Nidegger et Céline Amaudruz et le PBD Thierry Vidonne. De l'autre côté de l'échiquier, Ensemble à Gauche veut aussi tenter de gagner un siège, avec Jean Batou et Salika Wenger.
En totalité, ce sont ainsi 10 personnes, réparties sur 6 listes, qui sont candidates à l'un des deux fauteuils.
LES PERSONNALITÉS À SUIVRE
Le conseiller administratif PDC Guillaume Barazzone, arrivé au National en cours de législature, va tenter de capitaliser ses résultats favorables en Ville de Genève pour tirer la liste démocrate-chrétienne au National. Reste à savoir comment sera perçue la perspective de continuer à devoir gérer un double mandat.
Ejecté de l'exécutif d'Onex en mai, le MCG Eric Stauffer vise à la fois le National et les Etats. Mais le sortant Roger Golay est aussi en lice à la Chambre du peuple pour conserver son siège, où il a accédé après l'élection de Mauro Poggia, élu à Berne en 2011, au Conseil d'Etat genevois en 2013.
Guillaume Arbex
Le résultat de 2011 au Conseil des Etats
1. MAURY-PASQUIER Liliane, PS, 42'650 voix, élue
2. CRAMER Robert, Verts, 41'600 voix, élu
3. BARTHASSAT Luc, PDC, 39'853 voix
4. LUSCHER, Christian, PLR, 39'741 voix
5. POGGIA Mauro, MCG, 15'705 voix
6. MAGNIN Danièle, MCG, 11'942 voix
Le résultat de 2011 au Conseil national
1. POGGIA Mauro, MCG, 23'432 voix, élu (remplacé par Roger Golay)
2. SOMMARUGA Carlo, PS, 22'640 voix, voix, élu
3. LUSCHER Christian, PLR, 21'920 voix, élu
4. ROTH-BERNASCONI Maria, PS, 21'910 voix, élue
5. TORNARE Manuel, PS, 21'142 voix, élu
6. HILTPOLD Hugues, PLR, 19'844 voix, élu
7. HODGERS Antonio, Verts, 18'393 voix, élu (remplacé par Anne Mahrer)
8. NIDEGGER Yves, UDC, 17'528 voix, élu
9. AMAUDRUZ Céline, UDC, 16'252 voix, élue
10. LEUENBERGER Ueli, Verts, 15'804 voix, élu
11. BARTHASSAT Luc, PDC, 12'516 voix, élu (remplacé par Guillaume Barazzone)
12. GOLAY Roger, MCG, 18'082 voix (succède à Mauro Poggia fin 2013)
13. WEISS Pierre, PLR, 18'011 voix
14. PARDO Soli, MCG, 17'757 voix
15. BOLAY Dolores, PS, 17'592 voix
16. MAGNIN Danièle, MCG, 17'551 voix
17. JORNOT Olivier, PLR, 17'503 voix
18. CERUTTI Thierry, MCG, 17'400 voix
19. FONTANET Nathalie, PLR, 17'224 voix
20. BOILLAT Valérie, PS, 17'198 voix
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