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Martin Landolt: "L'avenir du PBD passe aussi par la Suisse romande"

Martin Landolt. [Keystone - Steffen Schmidt]
Martin Landolt, président du PBD. - [Keystone - Steffen Schmidt]
Porté jusqu'alors par sa conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf, dont l'avenir est encore incertain, le Parti bourgeois démocratique compte sur les voix romandes pour maintenir sa force lors des élections fédérales.

RTSinfo: Baisse dans les sondages, incertitude sur l'avenir d'Eveline Widmer-Schlumpf, menace sur votre propre siège à Glaris, le PBD est attaqué sur tous les fronts.

Martin Landolt (président du PBD): C'est vrai que la situation n'est pas évidente pour nous. Mais je suis confiant. Les sondages ont une marge d'erreur importante. D'ailleurs, nous sommes mieux dans les sondages qu'il y a quatre ans, où nous avions pourtant réalisé un excellent score! Mais surtout, j'ai le sentiment que les élections intéressent enfin les gens. Et j'ai davantage de plaisir à lutter pour défendre nos idées auprès des électeurs, plutôt que d'entrer dans des jeux politiques ou médiatiques.

Ces électeurs n'ont pourtant pas été tendres avec votre parti lors des dernières élections cantonales dans le canton de Berne (-11 sièges). Vous êtes optimiste malgré ce mauvais signal?

Oui. Nous avions commis des erreurs à Berne. Depuis, nous avons clarifié la position de notre parti, pour nous démarquer, en nous présentant comme le parti moderne et progressiste du centre, notamment par exemple sur la question de l'homosexualité. Et visiblement, cela fonctionne. D'après un dernier sondage grison, nous deviendrions le 2e parti de ce canton, qui est l'un de nos fiefs.

Donc, quel est votre objectif chiffré pour le 18 octobre?

Nous voulons gagner trois sièges, pour en obtenir 12.

N'est-ce pas un peu ambitieux au vu de la position actuelle du PBD?

Entre nous soit dit, oui. Nous espérons déjà conserver les neuf sièges acquis. Mais nous avons de bonnes chances de gagner des sièges, notamment à Thurgovie et dans le canton de Vaud.

C'est vrai que, sans aucun élu fédéral ni même cantonal, vous êtes pour l'instant inexistants en Suisse romande.

Pourtant, l'avenir du PBD passe aussi par la Suisse romande. Nous misons beaucoup sur Vaud cette année, avec Christine Bussat. Mais avec cette campagne fédérale, nous préparons aussi le terrain pour les prochaines élections cantonales romandes.

Vous avez également un siège au Conseil des Etats, votre objectif?

Nous voulons maintenir le siège de Werner Luginbuehl dans le canton de Berne. Les autres candidatures aux Etats sont lancées pour soutenir les listes du National.

Et le siège d'Eveline Widmer-Schlumpf au Conseil fédéral, c'est possible de le maintenir?

J'en suis convaincu. Madame Widmer-Schlumpf a un excellent bilan. Je n'ai aucun doute que si le Parlement devait choisir entre elle et un candidat UDC, la majorité soutiendrait notre conseillère fédérale. Pour autant qu'elle soit candidate.

Est-ce qu'elle le sera?

Nous effectuerons une analyse après le 18 octobre. Mais personnellement, je sens qu'elle est encore très motivée par les dossiers dont elle a la charge, qui sont pour la plupart des dossiers complexes. Je pense qu'elle va vouloir continuer à s'en occuper. D'autant plus qu'elle a également un fort soutien de la population.

Mais au cas où elle ne se représente pas, ou qu'elle n'est pas réélue, le PBD survivra-t-il sans sa tête de file?

Evidemment. Nous laissons beaucoup de place à d'autres, notamment des femmes et des jeunes, pour se montrer et séduire les électeurs.

Au-delà des personnalités, avec quel programme comptez-vous séduire?

Nous avons un programme en trois points essentiels. D'abord les bilatérales. On perd du temps chaque jour avec l'Europe. Selon nous, il faut inscrire les bilatérales dans la Constitution et permettre aux Suisses de voter sur ce sujet, pour clarifier les positions après la votation du 9 février sur l'immigration de masse. Ensuite, on défend également la transition énergétique et la stratégie 2050 du Conseil fédéral. Nous voulons sortir du nucléaire, sans forcément fixer de date précise, mais parce que les alternatives au nucléaire doivent permettre de soutenir l'innovation et, par conséquent, toute l'économie suisse.

Et votre troisième priorité?

L'efficacité féminine. On veut améliorer les conditions-cadres pour les femmes qui travaillent et garantir l'ouverture des crèches, financées par l'Etat, durant les vacances. Permettre aux femmes de travailler davantage limiterait aussi l'impact de la migration sur l'emploi, car elles occuperaient plus de postes.

La migration et l'asile sont d'ailleurs la première préoccupation des Suisses, quelle est votre position?

Il ne faut pas oublier que les migrants sont avant tout des humains. La Suisse a les moyens logistiques de les accueillir. Faisons-le, en coordination avec les pays de l'UE.

Propos recueillis par Victorien Kissling

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En bref

RTSinfo: Faut-il passer à un Conseil fédéral à 9 membres?

Martin Landolt: Oui

Faut-il relancer le processus d’adhésion à l’Union européenne?

Non

Faut-il accueillir davantage de migrants?

Oui

Faut-il augmenter l’âge de la retraite pour assurer le financement de l’AVS?

Oui

Faut-il instaurer une caisse publique d’assurance-maladie?

Non

Faut-il restreindre le droit d’initiative populaire?

Non

Faut-il sacrifier un peu de liberté individuelle au profit de la sécurité en augmentant la surveillance?

Oui

Faut-il autoriser les couples de même sexe à adopter?

Oui

Faut-il abroger le service militaire obligatoire?

Non

Faut-il doubler le montant de la vignette autoroutière?

Oui

Faut-il que l’Etat aide à la formation d’imams en Suisse?

Non

Faut-il imposer l’apprentissage d’une langue nationale comme première langue à l’école?

Oui

Le PBD vise un siège en Suisse romande

Jeune parti formé en 2008 autour de la conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf, le Parti bourgeois démocratique (PBD) a fait son entrée sous la Coupole en obtenant 9 sièges au Conseil national et un aux Etats en 2011.

Surtout implanté en Suisse alémanique, le PBD a subi quelques revers au niveau cantonal, notamment dans le canton de Berne. Le 18 octobre, le parti cherchera avant tout à maintenir ses acquis, tout en espérant obtenir quelques sièges supplémentaires, notamment en Suisse romande, dans le canton de Vaud.