L'apparentement de listes, cette pratique politique peu connue qui consiste à regrouper plusieurs listes électorales dans le but de n'en former plus qu'une, plus forte, a sensiblement influencé le résultat des élections fédérales, révèle vendredi une enquête de SRF.
Apparentements de listes: l'infographie avec 2015
La droite, principale perdante
Comme en 2011, l'UDC, qui peine à nouer des alliances, a été la plus perdante au jeu des apparentements de listes. Grand vainqueur des élections (+11 sièges), le parti a toutefois cédé 5 sièges (8 en 2011) en raison de la concentration des autres listes. Si les alliances n'étaient pas possibles, il aurait obtenu 70 conseillers nationaux au lieu de 65.
Le système électoral a également influencé le résultat du PLR. L'autre formation de droite aurait gagné deux sièges supplémentaires, soit 35 mandats au lieu de 33, sans les apparentements.
Si on annule ce système, il n'y aura plus que trois ou quatre grands partis
Le centre gagne 6 sièges
Le jeu des alliances a permis au PDC et aux Vert'libéraux d'obtenir respectivement 4 et 2 sièges au Conseil national. Il a permis de limiter la chute de ces partis, parmi les perdants le 18 octobre. Le PDC n'a ainsi perdu qu'un seul siège au lieu de 5, pour en compter 27, alors que les Vert'libéraux, qui en conservent 7, en ont perdu 5 au lieu de 7.
Le dernier siège conquis grâce aux alliances est celui des Verts dans le canton de Lucerne, alors qu'ils n'affichaient que 7,1% des voix.
A travers le pays, les apparentements de listes ont modifié la répartition des sièges dans huit cantons: Argovie, Bâle-Campagne, Berne, Lucerne, Soleure, Saint-Gall, Vaud et Zurich.
L'élection n'est pas transparente, on ne sait plus pour qui on vote
Vaud: Béglé et Chevalley élus grâce aux alliances
Les apparentements de listes ont particulièrement influencé les résultats dans le canton de Vaud. Sans eux, les sièges du PDC Claude Béglé et de la Vert'libérale Isabelle Chevalley seraient revenus à l'UDC Alice Glauser et au PLR Fathi Derder.
Les partis vaudois du centre, qui n'auraient aucun siège sans les apparentements, ont largement profité de leur large alliance. Celle-ci regroupe le PDC, les Vert'libéraux, le PBD, le PEV et l'UDF. De leurs côtés, le PLR et l'UDC se présentaient seuls.
"Ejecté" du Parlement par l'alliance du centre, le Vaudois Fathi Derder se dit "depuis toujours fondamentalement opposé" aux apparentements: "Ce n'est pas normal qu'un électeur vote pour une personne x et que la voix aille à une personne y. L'élection n'est pas transparente, on ne sait plus pour qui on vote".
"Si on annule ce système, il n'y aura plus que trois ou quatre grands partis. La population a des nuances, ce ne serait pas juste de ne pas en tenir compte", explique Isabelle Chevalley. Et d'ajouter: "Si un parti part seul, c'est son choix".
Berne: le PVL conserve son 2e siège grâce au centre
Dans les autres cantons romands, les apparentements de listes n'ont pas modifié la répartition des sièges, à l'exception de Berne. Là aussi, la large alliance du centre (PBD, Vert'libéraux, PEV et PDC) a permis aux Vert'libéraux de conserver leur 2e siège, déjà acquis en 2011 grâce au jeu des alliances.
Sans celui-ci, l'UDC bernoise aurait obtenu dix mandats.
Timo Grossenbacher (SRF), Valentin Tombez