"Il y a 2045 conseils d'administrations détenus par les conseillers nationaux (...) c'est à dire que l'on est dans une véritable association de lobbyistes", a déclaré jeudi Salika Wenger (PST/GE), qui souhaiterait interdire ce type de mandat aux élus fédéraux. Or, le chiffre qu'elle avance est trop élevé: avec 200 parlementaires sous la Coupole, cela reviendrait à une dizaine de mandats par élu à la Chambre basse.
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En réalité, en comptant tous les liens déclarés au 1er janvier 2015 dans le registre des intérêts que les élus sont obligés de renseigner à leur entrée au Parlement, on ne trouve que 1522 entrées, même en incluant les fondations, associations et autres corporations de droit public qui ne disposent pas nécessairement d'un conseil d'administration.
Plus de 300 mandats dans les sociétés
Les sièges dans les conseils d'administration de sociétés anonymes (SA ou SARL) représentent quelque 20% du total des liens déclarés dans ce registre public, soit plus de 300 mandats. Plus de 40% des intérêts concernent des associations de plus ou moins grande ampleur et 19% des fondations, ce qui comprend également les différentes caisses de pension et certaines cliniques privées.
Cette analyse n'infirme pas la présence de lobbyistes à Berne relevée par Salika Wenger, ni leur influence sur le débat politique, d’autant plus que chaque élu peut attribuer deux cartes d’accès au Parlement. Mais un mandat dans une association de marionnettistes (effectivement déclaré par un élu, ndlr) et un siège dans le conseil d’administration d’une assurance, par exemple, n'ont certainement pas le même poids dans l'hémicycle.
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50% des richesses dans les mains de 2% des contribuables?
"Il faut rappeler que 2% des contribuables les plus riches en Suisse ont la même richesse que les 98%", a argumenté durant l'émission Jean-Michel Dolivo.
Les chiffres exacts issus des statistiques sur les personnes physiques de l'Administration fédérale des contributions montrent que 1,91% des contribuables détenaient 47,98% de la fortune en 2011.
L'affirmation, bien qu'arrondie, reste donc juste.
Les inégalités augmentent en Europe, mais pas de façon généralisée
Salika Wenger a affirmé durant le débat que "dans tous les pays européens, dans tous les pays dont nous sommes en train de parler (ceux en crise, ndlr), les différences se creusent de manière dramatique".
En se basant sur deux indicateurs révélateurs des inégalités, l'indice de Gini et le ratio S80/S20, ses dires sont en partie corrects, mais pas pour tous les pays européens.
L’indice de Gini publié par Eurostat a été régulier entre 2005 et 2013 pour les pays européens pris dans leur ensemble, mais l’indice d'inégalité a augmenté dans la zone euro. En crise, la Grèce et l'Espagne sont particulièrement concernées. Moins médiatisé, le phénomène se répète en Allemagne et en France.
Le ratio S80/S20 - qui permet de mesurer la disparité de la distribution des revenus – montre aussi une régularité dans l’Europe des 28. Par contre, comme pour l'indice de Gini, les pays en crise – Espagne et Grèce en tête - ont effectivement vus les inégalités augmenter durant cette période. Là encore, les différences se sont également renforcées en France comme en Allemagne.