Huit changements de robe pour Lady Gaga versus une seule tenue pour Tony Bennett. Lundi soir, la star pop et le crooner se sont livrés à 1h40 de concert au Stravinski devant des fans conquis.
Acclamée dès son entrée, chignon blond pyramidal et robe décolletée scintillante, la diva et son complice ont aussitôt entamé le show sur "Anything goes", rapidement suivi de "Cheek to Cheek", du nom de leur album commun, sorti en septembre. Puis déjà, Lady Gaga est repartie, donnant le ton d'un concert organisé autour des airs les plus connus de Tony Bennett et de reprises des standards de jazz.
Elle le taquine, il répond peu
Et à 89 ans, le jazzman a pu prouver qu'il peut tenir le public en haleine tout seul, jusqu'au retour de sa partenaire. Plus court vêtue. D'une robe plus transparente aussi, le temps d'interpréter "Nature Boy", la chanson du film "Moulin Rouge". Et de repartir, déjà.
A peine a-t-elle eu le temps de recevoir quelques fleurs et d'inviter à applaudir Tony Bennett. "L'homme qui a changé sa vie", dit-elle. Soixante ans les séparent, ils n'empêchent. Que ce soit en costard très large ou en robe rouge à froufrous façon cabaret, Lady Gaga taquine son partenaire qui n'a visiblement plus rien à prouver. S'il prend un plaisir évident à se trouver seul sur scène, il répond assez peu aux avances de sa chanteuse qui a souvent l'air d'en faire un peu trop.
Quelques blagues
Bref, peu d'interactions entre ces deux-là si ce n'est quelques clins d'oeil, un respect certain et quelques blagues. "Achetez notre disque, elle a besoin d'argent", plaisante Tony Bennett tandis qu'un verre de rosé à la main, Gaga lance un "santé" en pleine chanson.
Volontiers aguicheuse, très joueuse, la Lady ponctue le concert d'apparitions fantasques et un brin kitsch au risque de déraper comme lorsqu'elle débarque robe rose bonbon à gros noeud pour interpréter "La vie en rose" d'Edith Piaf.
Le choc des mondes
De son côté, la voix légèrement éraillée par l'âge, la main un brin tremblante, il se plaît à raconter la lettre de Chaplin qui le remercie d'avoir fait connaître "Smile", un air des Temps modernes. Vibrant, il rend hommage à Frank Sinatra, aussi. Et il y a quelque chose d'émouvant à le voir chanter l'amour et la vie.
Face à ce semblant d'authenticité, le jeu de Lady Gaga, indéniable "woman show", fait un peu apprêté. Sa voix puissante, le personnage qu'elle a construit, quelques clins d'oeil en français forcent néanmoins le respect
Au final, la réunion de ces deux univers fonctionne plutôt bien. Mais plus qu'un duo, Lady Gaga et Tony Bennett incarnent deux mondes, deux époques qui se frôlent et se respectent. Avec talent mais sans étincelles.