Le Festival international du film de Locarno "ne sera jamais Cannes. Il a une identité qui est bien distincte et ça me va très bien", a confié à la RTS Carlo Chatrian, directeur artistique de la manifestation.
Même si le festival s'est lancé dans le glamour, il reste difficile de convaincre les stars de faire le déplacement jusqu'à Locarno. "L'aéroport de Lugano est petit et loin, les trajets sont longs", explique Carlo Chatrian.
De plus, si le festival est connu dans le milieu du cinéma aux Etats-Unis, "on a encore beaucoup de boulot à faire à Hollywood", a admis le directeur artistique.
Mais, a-t-il souligné, "Locarno est chaque année un miracle car c'est un village qui se transforme en belle ville de cinéma", avec le lac, les montagnes et une Piazza Grande qui peut accueillir 8000 personnes. Les stars sont attirées par cet aspect, en plus d'apprécier la compagnie d'un public cinéphile.
Entre le tapis rouge et la cinéphilie: le grand écart
Le festival jongle désormais entre un style à paillettes et une programmation pour cinéphiles avertis. Pour Carlo Chatrian, ce "grand écart" n'est absolument pas problématique car "c'est ça le cinéma. Que ce soit le 'blockbuster' ou le petit film fait avec peu de moyens mais beaucoup d'idées, tous les deux font rêver".
"Mon but, c'est justement d'amener cette diversité à Locarno", poursuit-il. "L'année passée, le grand écart c'était Luc Besson et Jean-Pierre Léaud le même soir", a-t-il donné en exemple, en ajoutant que l'ancien acteur de François Truffaut avait même trouvé le film de Besson ("Lucy") "pas mal".
A la critique de 24 heures, qui juge mercredi que les "cérémonies d'avant projection sur la Piazza" sont "une ode à l'ennui et au provincialisme", Carlo Chatrian répond qu'"il y a eu un bond en avant l'an dernier". Et de souligner qu'"Agnès Varda qui a fait la danse du léopard n'était pas du tout ennuyeuse".
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Les films israéliens "ouverts au dialogue"
Concernant le partenariat entre le festival et l'Israeli Film Fund, qui a fait l'objet d'une pétition signée par 200 professionnels du cinéma, Carlo Chatrian réplique que, si cette institution reçoit des aides financières de l'Etat hébreu, "elle a une liberté de choix".
En outre, la plateforme du festival a pour but d'aider de jeunes cinéastes à finir leur film. "Et je pense que les cinéastes israéliens sont des gens qui oeuvrent pour le dialogue", a-t-il confié.
"Ce n'est pas en boycottant tous les films d'Israël qu'on va résoudre le problème" israélo-palestinien, a-t-il poursuivi, en soulignant que son rôle n'est pas "de faire de la politique".
Pour rappel, ce coup de projecteur était appelé jusqu'ici Carte Blanche, mais a été renommé First Look la semaine dernière en raison des critiques. >> Lire: Le Festival de Locarno rebaptise sa "carte blanche"