John Legend, c'est un peu celui qui voulait être Marvin Gaye à la place de Smokey Robinson. Soutenu par une section rythmique, des cuivres et des choristes au-dessus de tout soupçon, John Legend a crooné, feulé, joué du piano, parlé au public comme on prêche dans une église baptiste.
Il a même laissé son guitariste décocher un solo d'obédience rock avant de mettre en valeur ses choristes soudain devenues solistes, liturgie immuable des revues soul depuis les années soixante.
Car sa musique, souvent qualifiée de synthèse entre le R'n'B et le rap, est plutôt traditionnelle. Beaucoup plus organique qu'électronique. Et surtout très efficace. Le public, aux anges, avait la certitude d'entendre uniquement des tubes, même sans reconnaître toutes les chansons.
Et puis il y a eu ce moment, magique entre tous, peu avant le changement de costume de la mi-concert: le "I Want You" des Beatles, superbement ré-arrangé. John Legend ou John Lennon ?
Maîtrise
En première partie, la Britannique Emeli Sandé s'est montrée à la hauteur de l'événement, ô combien: il lui a fallu environ 30 secondes pour emporter le morceau devant un public réceptif à une musique là encore largement imprégnée de soul, et interprétée avec une maîtrise et une maturité bluffante, pour une chanteuse qui n'a pas encore trente ans.
Une première soirée qui a parfaitement lancé l'édition 2015 du Montreux Jazz Festival.
Suivre aussi le compte rendu de cette première journée: Le Montreux Jazz Festival ouvre ses portes sous la canicule
Pierre-Yves Maspoli