Paléo, d'hier à aujourd'hui

Grand Format

Introduction

Depuis sa naissance un jour d'avril 1976, Paléo aura connu trois appellations, déménagé à deux reprises et côtoyé cinq décennies. A Nyon, les artistes, les modes et les courants musicaux se sont succédé mais le festival aura toujours su conserver un attribut essentiel, celui de sa modernité.

L'esprit du lieu

©Paléo

L'environnement dans lequel se déroule un festival façonne son identité. Quand le public arrive, avant même que ne résonne la première note de musique, il est saisi par le lieu et son atmosphère.

Les variations sont infinies: une salle avec des sièges en cuir, ou alors un immense pâturage au clair de lune, la proximité d’une rivière, peut-être un panorama de montagne ou alors les entrailles d’un club sous-terrain en pleine ville… Selon l’endroit où on se trouve, on ne sera pas dans les mêmes dispositions, on ne sera pas dans le même esprit.

>> Découvrez l'évolution du festival grâce aux archives de la RTS :

Festivaliers admirant un arc-en-ciel en 2007 à Paléo. [Denis Balibouse]
RTSculture - Publié le 17 juillet 2015

D'une salle obscure…

Le 2 avril 1976, le "First Folk Festival" voit le jour à la salle communale de Nyon. Lors du concert de Malicorne, l’éclairage de la scène disjoncte mais la pénombre n’entame pas l’enthousiasme des 1800 spectateurs. Le festival lorgne déjà par la fenêtre. Spontanéité de l'époque, les artistes embarquent sur une calèche, empoignent leur guitare et sillonnent les rues endormies de cité nyonnaise. Ebahis, les passants découvrent une bande de joyeux lurons emmenée par Daniel Rossellat, Jacques Monnier et Emile Felber. Nul n'imagine alors que l'aventure sera longue...

Malicorne sur la scène de la salle communale de Nyon.

... aux rives du lac

Dès sa deuxième édition, le festival prend ses quartiers au bord du Léman à Colovray, en plein coeur de l’été. L'affluence décuple et l’affiche s’étoffe. Le festival veut s'ancrer dans le paysage. Pourtant, les premières difficultés surviennent avec les années 80. Fragilisée par des finances précaires et menacée par les projets immobiliers du propriétaire du terrain, la manifestation se cherche de l’air. En 1983, elle adopte l'appellation de "Paléo Folk Festival", certaine qu'elle quittera Nyon l'année suivante. Le déménagement à Vych avorte, le nouveau nom, lui, perdurera.

Vue aérienne du site de Colovray en 1989.



>> Séquence souvenirs à Colovray

Proche du lac, Colovray marque l'âge d'or de Paléo.
La tête ailleurs - Publié le 19 mai 2005

Destination la plaine de l'Asse!

En 1990, les démêlés juridico-politiques s’achèvent enfin. Paléo emménage à Trélex où une surface agricole de 38'000 m2 est louée pour ériger les trois scènes. Pour cette quinzième édition, un défi se pose alors aux organisateurs du plus grand festival de Suisse: conserver dans ce nouveau cadre bucolique la convivialité et l’atmosphère festoyante qui prévalaient à Colovray.

Durant un quart de siècle, le festival ne cesse de prendre de l’ampleur: la surface quadruple, le nombre de scènes double, les stands de nourriture essaiment, les artistes de rues se joignent aux musiciens. Au coeur de la plaine coule l’Asse, une rivière paisible dont le flot est bien moins tumultueux que celui des visiteurs ou des décibels. Qu’en disent les voisins de Paléo?

Le brassage musical

©Paléo - Boris Soula

En quarante ans, Paléo aura proposé plus de quatre mille concerts, multiplié les scènes et même créé un village thématique. Il aura fait preuve d'une ouverture d'esprit à l'égard de bien des styles musicaux et des cultures. Si le choix du brassage permanent a fait la réputation du festival, il était, à l'origine, loin d'être inscrit dans son ADN.

La scène de Colovray en 1984. [©Paléo]©Paléo
La RTS aux festivals - Publié le 17 juillet 2015

Au commencement, il y avait le folk...

Inspirés par le Festival de Cambridge, Daniel Rossellat, Jacques Monnier et Emile Felber jettent leur dévolu sur le folk, une musique faite de guitares sèches, de cornemuse ou de flûte. Cette orientation musicale peut surprendre. S’il n’est pas en décalage avec son temps, le folk n’est pas non plus à l'avant-garde dans ces années 70 finissantes. Celles qui voient déferler en Europe la vague punk ou les sonorités synthétiques.

Dans le bassin lémanique, en revanche, le mouvement folk s'inscrit comme une contre-culture qui présente l’avantage d’être paisible, pacifique. Plus étonnantes sont les aspirations des organisateurs pour la deuxième édition. Ils penchent vers la scène folk locale, voire régionale. Pas de rêves de grandeur ni de vedettes en vue. Un choix qui ne fera pas long feu…

On aimerait assez axer sur les groupes suisses de folk et laisser de côté les vedettes

Emile Felber, confondateur du Nyon Folk Festival, 1976

Nina Hagen, égérie punk à Nyon en 1986.

En 1979, les chanteurs français Georges Moustaki et Alain Souchon ouvrent une brèche dans la programmation. La mue se poursuit en 1984 avec la venue du Brésilien Gilberto Gil. En 1985, l'ambiance sonore s'électrifie avec la présence des Cure. En 1986, l'agressivité monte d'un cran grâce au punk de Nina Hagen. Cette année-là, l'appellation contrôlée "folk" disparaît définitivement des affiches. La musique folk, elle, ne fera plus que des apparitions sporadiques sur l'affiche: Joan Baez en 1988 et 1994.

La fin des chapelles

Dans les années 90, le foisonnement culturel est désormais devenu la marque de fabrique du Paléo. Le reggae de Jimmy Cliff ou le jazz de Miles Davis résonnent sur l'Asse. Les musiques du monde se sont "institutionnalisées" grâce à la création d'un village thématique récurrent dès 2003.

Les musiques électroniques se joignent aussi à la partie dès le tournant du siècle. Le tour de force de Paléo tient du jeu de contrastes qu'il pratique sur sa grande scène. Il convie tour à tour la techno radicale des Prodigy, le métal lourd de Rammstein mais aussi des artistes plus consensuels. Les humoristes comme Djamel Debbouze ou Gad Elmaleh sont même invités sur l'estrade principale.

Aujourd'hui, les chapelles musicales sont tombées, les styles ont fusionné, ils sont devenus hybrides et les tribus sont unifiées.

En 2015, devinez qui se cache sur l'affiche de Paléo juste derrière un David Guetta au sommet de la vague? Les héros de la première heures, Malicorne.

Le groupe de métal Rammstein, en concert à Nyon le 22 juillet 2005.

Au coeur de la foule

KEYSTONE - Valentin Flauraud

Au milieu de la foule, il y a le festivalier. A quoi ressemble-t-il? Comme Paléo a un peu changé depuis ses débuts, les gens qu’on y croise ne sont plus tout à fait les mêmes....

Jeu d'Ombres à Paléo. [Valentin Flauraud]
RTSculture - Publié le 17 juillet 2015

Les années défilent, la musique évolue, les modes passent, certains attributs du festivalier restent, eux, immuables...

Au dessus de la foule...

Générations d'artistes

Fred Tanneau

Ils ont fait les débuts du festival et ils reviennent cette année. Qui sont leurs héritiers, ceux avec qui ils partagent l'affiche aujourd'hui? Ceux qui reviendront demain, dans 20, 30 ou 40 ans pour incarner la continuité de Paléo...

Johnny, éternel sur la scène. [Xavier Leoty]Xavier Leoty
La RTS aux festivals - Publié le 19 juillet 2015

Joan Baez, figure du folk engagé.

>> Rencontre avec Joan Baez en 1994 à Paléo :

Rencontre avec Joan Baez, lors de sa venue au Paléo en 94
RTSculture - Publié le 20 juillet 2015

Gabriel Yacoub, chanteur de Malicorne, groupe de folk traditionnel français.

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>> Interview de Malicorne à Colovray, 1977 :

Interview de Malicorne au Folk Festival de Nyon en 1977
RTSculture - Publié le 20 juillet 2015

Kate Tempest, entre poésie et hip hop.

Le Chinois Wang Li, adepte de la musique incantatoire.

Et demain?

En 2014, un poisson d’avril dans la presse romande envoyait Paléo à Divonne sur un terrain situé à cheval sur la frontière franco-suisse. On pourrait accéder à Paléo indistinctement depuis la France ou depuis la Suisse. On s'est mis à imaginer la chose. Paléo, zone franche, Paléo enclave européenne, Paléo territoire autonome! L'air du temps, une fois de plus…

>> Retournez au dossier : La RTS aux festivals 2015

Crédits

Journaliste: Yann Zitouni

Montage & réalisation vidéo: Laurent Hauert

Graphisme: Agnès Rubin \ David Dunand

Documentation: Vincent Seriot et l'équipe D+A de la RTS

Réalisation web: Olivier Schwegler

Rédaction Culture - RTSInfo - Unité Musiques et Variétés - 2015

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