Iuliia Pankova a quitté la région de Boutcha, en Ukraine, il y a deux ans. Elle pensait que la guerre et son exil ne dureraient que quelques mois. Aujourd'hui, elle vit toujours en Suisse. Malgré son attachement à sa patrie, la question du retour ne se pose pas.
"Je ne suis pas sûre que je vais retourner en Ukraine, parce qu'il n'y a pas de sécurité là-bas", explique la jeune femme mardi dans le 19h30 de la RTS. Installée dans le canton de Vaud, elle apprend le français et fait des stages. "Je cherche un emploi pour pouvoir être indépendante", ajoute-t-elle.
Plus de 90'000 permis S
Iullia fait partie des plus de 90'000 ressortissants ukrainiens à avoir obtenu le permis S depuis le début de la guerre en 2022. Pour elle, tant que Vladimir Poutine est au pouvoir, son pays ne sera jamais en sécurité.
Valerii Panov est lui arrivé il y a un an. Avec sa femme, ils ont rejoint leur fille, qu'ils avaient envoyée en Suisse dès le début du conflit. Parler de l'avenir et poser la question du retour au pays est difficile. "Je crois que ça finira, je veux que ça finisse... Mais il faut continuer à vivre", confie-t-il, les yeux rougis par l'émotion. "Pour l'instant, c'est très compliqué."
Le choix du retour
Malgré l'insécurité et l'instabilité en Ukraine, certains prennent quand même la décision de rentrer. Selon le Secrétariat d'État aux migrations (SEM), le statut S avait pris fin pour plus de 21'000 personnes (situation au 10 mars).
Katerina Bernatovich en fait partie. Elle s'est réfugiée en Suisse du début de la guerre à fin 2022. Son pays et son mari lui manquent trop. Après neuf mois, elle décide de rentrer. Dans son atelier à Kiev, elle a retrouvé les élèves à qui elle donne des cours de peinture.
"Beaucoup de gens sont restés en Suisse parce que leur maison ou leur appartement ont été détruits", explique Katerina. "Ils n'ont malheureusement nulle part où aller."
Dans son téléphone, elle garde les souvenir de son passage en Suisse. Malgré la situation en Ukraine, rentrer était la seule solution pour elle.
Sujet TV: Emmanuelle Chaze, Léandre Duggan et Yvan Thorimbert
Adaptation web: juma
Le statut "S"
Le statut de protection spécial est effectif depuis le 12 mars 2022. C'est la première fois qu'il est activé depuis sa création, à la suite des guerres de Yougoslavie dans les années 90. Il permet aux Ukrainiens d'obtenir le permis "S".
Le statut de protection est valable jusqu'à ce que le Conseil fédéral décide de le lever et tant que les bénéficiaires sont exposés à un danger général grave. A la différence du statut de protection, les permis "S" doivent être renouvelés chaque année.
En novembre dernier, le Conseil fédéral a décidé que le statut de protection spécial pour les réfugiés ukrainiens ne serait pas levé avant mars 2025.
Au 10 mars 2024, selon le Secrétariat d'État aux migrations (SEM), 64'929 statuts S étaient actifs et le statut S avait pris fin pour 21'353 personnes. En cumulé, 90'400 statuts de protection provisoire avaient été octroyées, au 5 mars 2024.
La protection provisoire s'éteint lorsqu'une personne transfère son centre de vie dans un autre pays, renonce à la protection provisoire, obtient une autorisation d'établissement en Suisse, ou qu'elle est sous le coup d'une expulsion obligatoire.
>> Lire aussi : Le statut de protection "S" pour les Ukrainiens en Suisse est maintenu jusqu'en mars 2024