Lourd bilan après une frappe russe contre un hypermarché de Kharkiv

Le président français Emmanuel Macron a jugé samedi soir "inacceptable" la frappe russe sur un supermarché de bricolage à Kharkiv. Elle a fait au moins six tués et 40 blessés, alors que 16 personnes sont encore portées disparues.

"La France partage la peine des Ukrainiens et reste pleinement mobilisée à leurs côtés", a écrit sur le réseau social X le chef de l'Etat français, déplorant les "nombreuses victimes" après cette frappe, "des enfants, des femmes, des hommes", "des familles".

Joe Biden a réitéré samedi qu'il n'entendait pas envoyer de soldats américains en Ukraine. "Je suis déterminé à ce qu'il en soit ainsi", a-t-il déclaré, avant d'ajouter: "Mais nous nous tenons fermement aux côtés de l'Ukraine, et nous nous tiendrons [toujours] à ses côtés", a affirmé le président américain en s'adressant à la promotion de diplômés de la prestigieuse académie militaire de West Point, au nord de New York.

Le président russe Vladimir Poutine, qu'il a qualifié de "tyran brutal", "était certain que l'Otan se fracturerait" après l'invasion de l'Ukraine en février 2022, mais "au contraire, la plus grande alliance de défense de l'histoire du monde est plus forte que jamais", a poursuivi Joe Biden.

Les Etats-Unis ont repris leur aide militaire à l'Ukraine après une pause de plusieurs mois en raison de questions de politique intérieure, en pleine offensive russe à Kharkiv, dans le nord-est du pays.

Au moins onze personnes ont été tuées et des dizaines d'autres blessées samedi dans une frappe russe sur un supermarché de bricolage à Kharkiv, la deuxième ville d'Ukraine. Qualifiée d'"ignoble" par le président ukrainien, l'attaque aurait été réalisée à l'aide de deux bombes aériennes guidées.

"La Russie a porté un nouveau coup brutal à notre ville de Kharkiv samedi en plein milieu de la journée", a dénoncé le président Volodymyr Zelensky sur Telegram, condamnant une attaque en plein jour sur une cible "clairement civile". "À l'heure actuelle, on sait que plus de 200 personnes pourraient se trouver à l'intérieur. Tous les services sont déjà sur place pour aider à secourir les personnes et à éteindre l'incendie", a-t-il précisé.

L'agence étatique russe TASS, qui cite une source sécuritaire russe, a elle prétendu que la frappe de missile aurait détruit un "entrepôt militaire et un poste de commandement" se trouvant dans le bâtiment.

Nombreux disparus

"Un grand nombre de personnes sont portées disparues. Il y a de nombreux blessés", a indiqué le maire Igor Terekhov peu après le bombardement. Plus tard dans la journée, un nouveau bilan a fait état de 16 personnes encore portées disparues.

Des images diffusées sur les réseaux sociaux ukrainiens montrent le magasin touché, une succursale de la chaîne de bricolage Epitsentr, avec le toit éventré, une énorme colonne de fumée noire s'en échappant et les pompiers arrosant d'eau l'incendie déclenché par les frappes. 

Selon les pompiers, l'incendie a brûlé 10'000 mètres carrés mais il est maintenant contenu.

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Volodymyr Zelensky a une nouvelle fois appelé les alliés occidentaux de l'Ukraine à fournir davantage de systèmes de défense antiaérienne à son pays. "Si l'Ukraine disposait de ces systèmes en suffisance et d'avions de combat modernes, de telles frappes russes auraient été impossibles", a-t-il plaidé.

L'armée russe a revendiqué samedi la prise d'un nouveau village dans l'est de l'Ukraine, situé près de la localité d'Otcheretyne où elle a réalisé des progrès rapides ces dernières semaines.

La Russie grignote du terrain dans l'est de l'Ukraine depuis des mois après avoir repris l'initiative avec l'échec de la contre-offensive ukrainienne l'été dernier et la prise de la ville forteresse d'Avdiïvka en février.

Les forces de Moscou avaient pris Otcheretyne début mai et réalisé des gains rapides dans ce secteur du front, tandis qu'ailleurs, elles peinent à enfoncer les défenses ukrainiennes.

L'armée russe a également lancé le 10 mai une offensive dans la région de Kharkiv, dans le nord-est, s'emparant de plusieurs localités et poussant l'Ukraine a y dépêcher de précieux renforts.

Les autorités ukrainiennes ont cependant affirmé vendredi que les troupes de Moscou s'étaient "enlisées" dans ce secteur et que leur progression avait été "arrêtée".

Les grands argentiers du G7 réunis en Italie ont noté samedi des "progrès" dans leurs pourparlers sur l'utilisation des intérêts des actifs russes gelés, jetant les bases en vue d'un accord mi-juin au sommet des chefs d'Etat et de gouvernement, selon un projet de communiqué final obtenu par l'AFP.

Les ministres du G7 n'ont toutefois pas arrêté un montant ou un mécanisme spécifique permettant de lever des fonds pour l'Ukraine grâce aux futurs intérêts générés par les 300 milliards d'euros d'avoirs de la Banque centrale de Russie gelés par le G7 et l'Europe.

Les pays de l'Union européenne ont fait un premier pas en adoptant début mai un accord pour saisir les revenus provenant des avoirs de la Russie gelés afin d'armer l'Ukraine. Cela représenterait une manne entre 2,5 et 3 milliards d'euros par an.

Les Etats-Unis veulent toutefois aller plus loin. Ils font pression sur les pays du G7 pour se rallier à un méga-prêt d'environ 50 milliards de dollars garanti par les futurs intérêts générés par les actifs russes immobilisés. A vu du nombre de questions qui persistent, un accord sur un montant de cette ampleur semble encore lointain.

Les Etats-Unis avaient proposé en février que les pays du G7 saisissent purement et simplement les avoirs gelés, idée à laquelle ils ont ensuite renoncé en raison des réticences de leurs alliés, inquiets de la création d'un dangereux précédent juridique et des représailles de la Russie.

Les six pays membres de l'Otan voisins de la Russie sont tombés d'accord pour ériger une "muraille de drones" afin de défendre leurs frontières, a annoncé le gouvernement lituanien.

"Il s'agit d'une chose complètement nouvelle, une muraille de drones s'étendant de la Norvège à la Pologne", a déclaré la ministre lituanienne de l'Intérieur, Agne Bilotaite.

Celle-ci s'exprimait à l'issue de discussions avec ses homologues des autres États baltes, l'Estonie et la Lettonie, ainsi que de la Finlande, de la Norvège et de la Pologne.

"Il ne s'agit pas seulement d'infrastructures physiques, de systèmes de surveillance, mais aussi de drones et d'autres technologies, qui nous permettraient de nous protéger contre les provocations de pays hostiles et d'empêcher la contrebande", a-t-elle ajouté.

Tiré des stocks militaires américains, ce matériel comprend notamment des obus d'artillerie, des missiles guidés et des armes antichars, autant d'armes dont l'Ukraine a "urgemment besoin", précise un communiqué du département d'Etat américain.

Ce nouvel envoi d'aide est le cinquième autorisé par le président Biden depuis l'adoption d'un paquet de 61 milliards de dollars fin avril par le Congrès, a précisé le secrétaire d'Etat Antony Blinken.

Sur fond de disputes intestines entre républicains et démocrates, les Etats-Unis avaient mis des mois à débloquer cette assistance promise par la Maison Blanche. L'armée ukrainienne s'est retrouvée par conséquent à court d'armement au moment où la Russie repassait à l'attaque durant l'automne et l'hiver 2023-2024.

Deux semaines après le début de l'offensive dans l'oblast de Kharkiv (nord-est), les troupes russes n'avancent quasiment plus. Mais pour stopper cette progression, Kiev a dû transférer des unités dans la région, une décision qui facilite le grignotage russe du territoire à d'autres endroits du front.

Lancée le 10 mai, l'offensive russe en direction de Kharkiv, deuxième plus grande ville d'Ukraine, a connu des avancées significatives. En une dizaine de jours, les forces du Kremlin, composées de 30'000 à 48'000 soldats selon les estimations, ont pu s'emparer de dizaines de localités et d'environ 180 km2 de territoires dans le nord-est de l'Ukraine.

Sans être fulgurante, cette progression a été sensiblement plus rapide qu'ailleurs sur la ligne de front. Selon des plans militaires récupérés par le journal The Economist, l'objectif russe aurait été de positionner en l'espace de 72 heures des troupes d'artillerie au niveau du village de Borschova, à une dizaine de kilomètres de Kharkiv, et d'encercler une partie de la ville en poussant l'effort jusqu'à la commune de Petchenihy (est de Kharkiv). Pourtant, pour la plupart des experts, ces visées étaient irréalistes.

Plus globalement, les spécialistes militaires estiment depuis le début de cette offensive que les forces russes sont largement insuffisantes pour s'emparer de Kharkiv. Selon eux, l'opération russe a pour but, outre la création d'une zone tampon pour protéger la ville frontalière de Belgorod, de forcer les troupes ukrainiennes à quitter d'autres endroits du front.

>> Lire l'éclairage complet : A Kharkiv, la tactique russe de fixation des forces ukrainiennes fonctionne

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmitro Kouleba a déclaré sur X que l'intention prêtée aux Russes de négocier un cessez-le-feu visait à compromettre la conférence de juin qui se tiendra en Suisse.

"Pourquoi des sources russes disent-elles soudain aux médias que Vladimir Poutine est prêt à arrêter la guerre sur les lignes de combat actuelles? C’est simple. Poutine tente désespérément de faire dérailler le sommet de la paix qui se tiendra en Suisse les 15 et 16 juin", a écrit le chef de la diplomatie.

A l'occasion de la "conférence sur la paix" en Ukraine, la Russie n'est pas invitée. Moscou a fait valoir que toute discussion serait sans fondement en son absence.

Le président russe Vladimir Poutine serait prêt à mettre fin à la guerre en Ukraine dans le cadre d'un cessez-le-feu entérinant les lignes de front actuelles, ont déclaré quatre sources russes à l'agence de presse Reuters sous couvert d'anonymat.

Cela ne signifie pas pour autant que la guerre est terminée. Si Kiev et les Occidentaux restaient fermés à la discussion, le dirigeant du Kremlin serait résolu à poursuivre l'opération militaire entamée en février 2022, ont-elles ajouté.

Selon trois de ces sources, au fait des discussions dans l'entourage de Vladimir Poutine, ce dernier a exprimé sa frustration devant quelques conseillers face au refus du président ukrainien Volodymyr Zelensky d'engager des pourparlers. Il évoquerait également des manoeuvres, soutenues selon lui par les Occidentaux, pour s'opposer à toute négociation.

En réponse à une demande de commentaire, le porte-parole de Vladimir Poutine a déclaré que le chef du Kremlin avait à plusieurs reprises indiqué clairement que la Russie était ouverte au dialogue pour atteindre ses objectifs, affirmant que le pays ne voulait pas d'une "guerre éternelle".

"Le président Poutine a reçu une invitation à effectuer une visite officielle en Corée du Nord. Cette visite est en cours de préparation. Nous annoncerons les dates de ce voyage en temps voulu", a déclaré le porte-parole du Kremlin.

Le président russe avait reçu le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un en Russie en septembre 2023, un sommet à l'issue duquel aucun accord n'avait officiellement été signé.

Cependant, les Occidentaux, et en particulier les Etats-Unis, accusent Pyongyang de livrer des armements et des munitions à Moscou pour sa campagne militaire en Ukraine.

L'armée ukrainienne a indiqué vendredi avoir "arrêté" l'assaut russe lancé le 10 mai dans la région de Kharkiv (nord-est) et y mener des "actions contre-offensives" pour repousser les troupes de Moscou.

Un responsable de l'état-major ukrainien a qualifié la situation de "difficile" mais "stable et sous contrôle", dans cette région où les combats se déroulent notamment pour le contrôle de la ville de Vovtchansk, coupée en deux et où Kiev a accusé Moscou d'exactions.

Le président Volodymyr Zelensky a affirmé vendredi se trouver à Kharkiv, la deuxième ville d'Ukraine, dont la région est la cible depuis deux semaines d'une offensive russe lancée depuis la frontière.

Le président ukrainien a indiqué avoir présidé des réunions sur la défense de la région et la restauration des infrastructures énergétiques lourdement endommagées par les frappes russes.

Les forces russes sont "enlisées" dans des combats de rue dans la localité de Vovtchansk, dans la région de Kharkiv (nord-est), a affirmé le commandant en chef de l'armée ukrainienne, faisant état en outre de combats "intenses" dans trois zones clé du front Est.

Les forces russes ont lancé une offensive dans cette zone depuis deux semaines, s'emparant de plusieurs localités et forçant l'Ukraine à y dépêcher des renforts.

Selon Kiev, la Russie, avec son offensive surprise lancée le 10 mai par le nord de la région de Kharkiv, vise à étendre jusqu'à la rupture les lignes défensives des forces ukrainiennes, affaiblies par deux ans de guerre, le manque de nouvelles recrues et des pénuries d'armes dues à des mois de tergiversations occidentales sur l'aide militaire.

Le gouverneur de Crimée installé par Moscou a déclaré que deux personnes avaient été tuées par un tir de missile ukrainien près de Simferopol, capitale administrative de la péninsule ukrainienne annexée par la Russie en 2014.

Un missile ukrainien a par ailleurs frappé un bâtiment vide près d'Alouchta, dans le sud-est de la péninsule. Les défenses aériennes ont intercepté trois missiles ATACMS au-dessus de la Crimée et l'armée a détruit trois drones navals se dirigeant vers la péninsule, selon le ministère russe de la Défense, cité par l'agence de presse Tass.

Des blogueurs militaires ukrainiens et des médias non-officiels ont rapporté que plusieurs cibles avaient été frappées dans la péninsule.

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