Les premiers F-16 arrivent en Ukraine, le Kremlin promet de les abattre

Le président russe Vladimir Poutine a accueilli et remercié jeudi à l'aéroport Vnoukovo de Moscou les huit citoyens russes libérés dans le cadre d'un grand échange de prisonniers entre Moscou et les Occidentaux.

"J'aimerais vous féliciter, merci beaucoup", a-t-il déclaré après avoir pris dans les bras plusieurs d'entre eux sur le tarmac, selon des images de la télévision russe. Il a remercié en particulier ceux servant dans l'armée russe "pour leur fidélité".

La vice-présidente américaine Kamala Harris a appelé jeudi l'opposante russe Ioulia Navalnaïa, veuve de l'ex-ennemi numéro un du Kremlin, Alexeï Navalny, après l'important échange de prisonniers entre Moscou et les Occidentaux.

La démocrate a exprimé "son soutien" et salué "la contribution au combat pour une Russie démocratique" d'Alexeï Navalny et de son épouse, a indiqué sur X la porte-parole de Ioulia Navalnaïa.

La Maison Blanche a également confirmé jeudi avoir tenté de libérer Alexeï Navalny, mort en février en prison en Russie, comme l'avait affirmé précédemment l'équipe de l'opposant.

La libération de "criminels condamnés", dont l'agent présumé du FSB Vadim Krassikov, dans le cadre du vaste échange de prisonniers annoncé jeudi, laisse "un goût amer", juge la branche allemande d'Amnesty International. Elle a dénoncé "un pas vers l'extension de l'impunité" judiciaire.

Vingt-six prisonniers ont été échangés entre la Russie et plusieurs pays occidentaux, dont cet homme - Vadim Krassikov - qui purgeait une peine de prison en Allemagne suite à sa condamnation pour le meurtre d'un ex-commandant séparatiste tchétchène à Berlin.

Si l'organisation se dit "soulagée" par ces remises en liberté, cet accord pourrait selon elle encourager le gouvernement russe à "de nouvelles arrestations politiques et violations des droits de l'homme, sans peur des conséquences".

Le président des Etats-Unis Joe Biden a salué jeudi une "prouesse diplomatique" après l'échange à Ankara (Turquie) de 26 prisonniers entre la Russie, les Etats-Unis et des pays européens.

"Certaines de ces femmes et certains de ces hommes ont été injustement détenus des années durant. Tous ont enduré des souffrances inimaginables. Leur agonie est aujourd'hui terminée", a écrit le dirigeant dans un communiqué.

"L'accord de libération a été une prouesse diplomatique", s'est félicité Joe Biden en confirmant que trois ressortissants américains et un titulaire d'une "green card" (carte de résident permanent) font partie des 16 personnes libérées par la Russie.

Les services de renseignements turcs ont "mené à Ankara l'opération d'échange de prisonniers la plus importante de ces derniers temps, qui a impliqué l'échange de 26 personnes provenant des prisons de sept pays différents (États-Unis, Allemagne, Pologne, Slovénie, Norvège, Russie et Biélorussie)", indique un communiqué de la présidence turque.

>> Les précisions dans l'émission Forum :

Keystone/EPA - STR

Plus tôt, des télévisions américaines avaient révélé cet accord entre la Russie, les Etats-Unis et plusieurs pays européens, concernant le journaliste Evan Gershkovich détenu en Russie depuis mars 2023 ainsi que l'ex-Marine Paul Whelan.

Les opposants russes Oleg Orlov et Vladimir Kara-Mourza devraient également être concernés par cet échange.

>> Pour en savoir plus : Moscou et l'Occident s'entendent sur un vaste échange de prisonniers, dont le journaliste Evan Gershkovich

Un ancien député russe, Ilia Ponomarev, un opposant à Vladimir Poutine exilé en Ukraine, a annoncé jeudi avoir été blessé dans une attaque de drone russe pendant la nuit à son domicile, près de Kiev. Il a publié sur les réseaux sociaux un selfie avec sa figure et sa poitrine couvertes de sang et des photos d'éclats d'un drone russe.

Ilia Ponomarev avait été le seul député russe à avoir voté contre l'annexion par Moscou de la péninsule ukrainienne de Crimée en 2014. Il avait depuis quitté la Russie.

Le gouvernement estonien a annoncé jeudi des contrôles douaniers strictes à sa frontière avec la Russie afin de lutter contre le contournement des sanctions imposées à Moscou à la suite de l'invasion russe en Ukraine.

L'Union européenne a imposé des restrictions économiques sans précédent à la Russie afin de limiter ses capacités à financer l'effort de guerre, mais des inquiétudes persistent sur des possibilités de contourner ces sanctions.

Aussi l'Estonie a-t-elle indiqué qu'elle allait renforcer les contrôles des produits à destination de la Russie, à compter du 8 août.

Fausses indications

"Les produits qui permettent à la Russie de faire la guerre à l'Ukraine et de compromettre la sécurité de l'Europe et de l'Estonie ne devraient pas être exportées dans ce pays", a insisté jeudi le Premier ministre estonien, Kristen Michal, à la presse.

Tallinn soupçonne que certaines des marchandises déclarées comme devant transiter par l'Estonie puis par la Russie étaient en fait destinées à rester en Russie, contournant ainsi les sanctions.

La Russie et les Occidentaux se sont accordés sur un grand échange de prisonniers, ont annoncé jeudi des médias américains. Cet échange comprend notamment la libération du journaliste américain Evan Gershkovich condamné et détenu en Russie

CNN rapporte qu'outre le journaliste du Wall Street Journal détenu depuis mars 2023, la Russie et les Etats-Unis se sont entendus sur la libération d'autres Américains, dont l'ancien Marine Paul Whelan.

La Russie a assuré jeudi que les avions de combat F-16 que l'Occident a promis à l'Ukraine seraient "abattus", précisant que ces appareils, dont certains auraient déjà été livrés selon certains médias, auront peu d'effet sur le champ de bataille.

"Il n'y a pas de remède magique ni de panacée et les forces aériennes du régime de Kiev n'auront pas cette panacée", a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. "Ces avions (...) seront abattus. Mais bien sûr, ces livraisons ne pourront avoir d'impact significatif sur le cours des événements sur le font", a-t-il ajouté.

Le Kremlin s'est refusé jeudi à tout commentaire sur un possible échange de prisonniers imminent avec les Occidentaux, sur fond de spéculations suggérant que celui-ci pourrait avoir lieu dans les prochains jours, voire les prochaines heures.

"Je n'ai toujours pas de commentaire à faire à ce sujet", a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, interrogé sur cet échange potentiel qui pourrait notamment impliquer des opposants russes et des Américains détenus en Russie.

Les premiers avions de chasse F-16 sont arrivés en Ukraine, ont déclaré mercredi le ministre lituanien des Affaires étrangères et un responsable américain.

Ces appareils sont réclamés de longue date par Kiev pour faire face à l'offensive de la Russie, lancée en février 2022.

"Des F-16 en Ukraine. Une autre chose impossible qui est devenue totalement possible", a déclaré Gabrielius Landsbergis, le ministre lituanien des Affaires étrangères, sur le réseau social X.

Un responsable américain ayant requis l'anonymat a indiqué que la livraison était terminée.

L'interdiction imposée par les Occidentaux à l'Ukraine de frapper le territoire russe en profondeur et le manque d'assistance matérielle sont la cause des gains territoriaux de la Russie en Ukraine ces derniers mois, a accusé le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans une interview à plusieurs médias français.

"C'est un défi de taille, le fait qu'on ne puisse pas utiliser les armes (occidentales) comme on en a besoin pour stopper l'ennemi", a-t-il dit avant de se désoler également d'une aide insuffisante : "Croyez-vous possible d'arrêter (les Russes) si seulement trois (brigades ukrainiennes) sur 14 sont équipées ?"

Il a également qualifié de "demi-mesures" les sanctions imposées à la Russie et au Bélarus aux Jeux olympiques de Paris, dénonçant la présence d'athlètes russes sous bannière neutre, quand des centaines de sportifs ukrainiens sont morts depuis le début de l'invasion. Il a poursuivi en expliquant son absence à la cérémonie d'ouverture à Paris par la situation "tendue" sur le front Est où l'armée russe progresse.

Elections américaines

Le président ukrainien a aussi reconnu que l'incertitude s'agissant de l'élection de Kamala Harris ou Donald Trump à la présidentielle américaine posait un "risque" pour l'Ukraine, qui compte sur la pérennité du soutien militaire des Etats-Unis pour faire face à la Russie.

"En tant que président de l'Ukraine, je dois avoir un dialogue entre mon équipe et celle de (Joe) Biden, de (Donald) Trump et maintenant de (Kamala) Harris, nous devons avoir ces contacts pour discuter de quoi le futur pourrait être fait si tel ou tel camp gagne l'élection", a-t-il ajouté.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a assuré que le "monde entier", dont l'Ukraine, voulaient que la Russie participe à un prochain sommet de la paix.

"La majorité du monde dit aujourd'hui que la Russie doit être représentée au second sommet, autrement nous n'arriverons pas à des résultats importants. Comme le monde entier les veut à la table, nous ne pouvons être contre", a-t-il dit.

Dans l'est de l'Ukraine, essentiellement dans la région de Donetsk, la Russie a accéléré ses gains territoriaux par rapport au mois précédent, d'après une analyse de données de l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW).

Cette avancée reste en revanche deux fois moindre que celle de mai (449 km2, 14,5 km2 par jour), au début de la nouvelle offensive russe dans la région de Kharkiv, qui a depuis été stoppée. Il s'agissait alors de la plus grosse avancée mensuelle depuis mars 2022, au tout début de l'invasion russe de l'Ukraine.

Au total, depuis le début de l'année 2024, la Russie a conquis 1246 km2, largement plus que sur l'ensemble de 2023 (584 km2). Cette progression reste cependant réduite, puisqu'elle équivaut à 0,2% du territoire ukrainien de 2014 et qu'elle n'a donné lieu à aucune percée décisive malgré de lourdes pertes.

Dans le détail, entre le 1er et le 30 juillet, 198 km2 ont été conquis par Moscou (6,6 km2 par jour en moyenne), parmi lesquels 155 km2 l'ont été dans la seule région de Donetsk (est), où les forces russes poussent en direction des villes de Pokrovsk, Toretsk et Tchassiv Iar pour ensuite pouvoir attaquer les cités de Kramatorsk et Sloviansk.

L'avocate de l'Américain Paul Whelan, qui purge en Russie une peine de 16 ans de prison pour "espionnage", a indiqué mercredi qu'elle cherchait à établir le lieu où il se trouvait actuellement, en pleine vague de conjectures quant à un possible échange de prisonniers.

"Je reçois des demandes de journalistes (...) me demandant si je sais où se trouve Paul (Whelan), étant donné les rumeurs sur un possible échange. J'ai envoyé une demande à l'administration de (sa) colonie pénitentiaire, mais elle ne me répond pas", a affirmé Olga Karlova à l'agence de presse russe Interfax.

L'ex-marine Paul Whelan, 54 ans, qui a également les nationalités britannique, irlandaise et canadienne, est emprisonné en Russie depuis décembre 2018.

Il rejette les accusations d'espionnage qui lui ont valu en juin 2020 une peine de seize ans de prison et affirme avoir été piégé par l'une de ses connaissances.

Le président russe Vladimir Poutine a doublé mercredi la prime versée aux volontaires qui rejoignent le front ukrainien, une mesure visant à faciliter le recrutement mais qui risque de pénaliser une économie déjà en surchauffe.

Tous les Russes qui signent un contrat avec l'armée recevront désormais une prime de 40'000 roubles (près de 4080 francs suisses). Le décret recommande également aux autorités régionales de leur verser un montant au moins équivalent et prélevé sur leur budget.

La solde mensuelle minimum d'un soldat qui combat en Ukraine étant fixée à 204'000 roubles, le nouveau décret porte le montant annuel minimum à 3,25 millions de roubles (33'143 francs suisses) au cours de la première année de service.

Toutes les recrues reçoivent également des primes lorsqu'elles participent à des offensives ou détruisent des chars et d'autres armes ennemies.

La Russie a annoncé mercredi avoir lancé la troisième étape de ses exercices sur l'utilisation des armes nucléaires tactiques, qui impliquent notamment les forces du district militaire du Sud abritant le QG de l'opération russe en Ukraine.

Cette étape prévoit des entraînements impliquant des systèmes de missile Iskander-M et des avions, a précisé le ministère russe de la Défense dans un communiqué.

L'Ukraine a accusé mercredi la Russie d'avoir lancé dans la nuit un missile de croisière et 89 drones d'attaque de conception iranienne. Elle a précisé que cette attaque était la plus importante depuis des mois.

"Aujourd'hui, la défense aérienne ukrainienne a résisté et repoussé une attaque massive de drones ennemis", a déclaré l'armée de l'air dans un communiqué, en affirmant que toutes les cibles avaient été abattues.

Plus de 40 drones ont été neutralisés au-dessus de la capitale Kiev et de ses faubourgs, sans faire de victimes, selon l'administration militaire municipale. Dans la région de Kiev, "13 maisons individuelles (...) ont été endommagées. Des débris ont abîmé des façades, des toits et des vitres. Les secours ont éteint un incendie dans l'une d'entre elles", a détaillé de son côté le chef de l'administration militaire régionale, Rouslan Kravtchenko.

Les députés russes ont adopté mardi un projet de loi ouvrant la voie à l'usage de cryptomonnaies comme moyen de paiement international pour contourner les sanctions occidentales, tout en encadrant strictement leur fabrication.

La nouvelle législation doit permettre à la Banque centrale russe de créer un projet pilote pour développer l'usage de cryptomonnaies lors de transactions transfrontalières, ce qui n'était pas autorisé jusqu'à présent.

Moscou espère que ces transactions en cryptomonnaies, plus difficiles à tracer par les régulateurs occidentaux, lui permettront d'acheter plus facilement des marchandises sanctionnées sur le marché international.

L'Ukraine a indiqué mardi que la situation énergétique du pays s'améliorait et que pour la première fois en juillet il n'y aurait pas de coupures programmées, grâce aux réparations menées sur le réseau électrique, endommagé par des frappes russes à répétition.

Selon la compagnie énergétique Ukrenergo, mardi a été "le premier jour du mois de juillet où aucune coupure de courant" n'était prévue. Elle appelle néanmoins les Ukrainiens à se montrer économes dans leur consommation d'électricité aux heures de pointe de la matinée et du soir. 

"Les réparations des sites énergétiques endommagés se poursuivent, les équipes de maintenance travaillent dur pour préparer les centrales pour l'hiver", a-t-elle ajouté.

L'armée russe a affirmé mardi s'être emparée d'une nouvelle localité dans la région de Donetsk dans l'est de l'Ukraine, poursuivant sa lente progression, malgré de lourdes pertes, face à des troupes ukrainiennes en difficulté.

"Les unités du groupement Centre (...) ont libéré la localité de Leninskoïe (Pivdenne en ukrainien, ndlr.)", a indiqué le ministère russe de la Défense.

Cette bourgade, comptant 1400 habitants avant l'attaque russe de février 2022, est située près des villes de Toretsk et de New York, toujours sous contrôle ukrainien mais qui sont la cible depuis plusieurs semaines d'une offensive russe.

La Russie continue de grignoter du terrain dans la région de Donetsk dont elle revendique l'annexion et où elle a l'initiative depuis l'échec de la contre-offensive ukrainienne de l'été 2023 et la chute de la ville-forteresse d'Avdiïvka en février 2024.

La Russie est parvenue mardi à éteindre l'incendie provoqué deux jours plus tôt par une attaque de drone ukrainien contre un terminal pétrolier de la région russe de Koursk, a annoncé le gouverneur régional.

"Nos pompiers ont éteint l'incendie du terminal pétrolier du district de Koursk. Il avait été déclenché dans la nuit du 28 juillet par une attaque de drone ukrainien. Trois réservoirs de carburant ont brûlé", a indiqué le gouverneur Alexeï Smirnov sur Telegram.

L'Ukraine, en représailles des bombardements russes qui la visent depuis deux ans et demi, mène ses propres frappes en territoire russe, visant des installations militaires mais aussi énergétiques.

Dimanche, l'armée ukrainienne avait revendiqué une frappe de drone contre le dépôt pétrolier de Polevaïa de la région de Koursk, voisine de l'Ukraine, affirmant qu'il servait à ravitailler les troupes russes.

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