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La presse romande analyse la défaite des Verts aux élections fédérales

La presse romande au lendemain des élections fédérales. [RTS - Victorien Kissling]
La presse romande au lendemain des élections fédérales. - [RTS - Victorien Kissling]
A l'issue des élections fédérales de dimanche, la presse romande tente de comprendre la débâcle des Verts. Certains journaux appellent l'UDC, grande gagnante du scrutin, à endosser ses responsabilités.

Comment expliquer le raté des Verts? se demande Le Nouvelliste. "La faute aux colleurs de mains et autres perturbateurs du trafic automobile? Aux taxes antisociales? Au "wokisme" attribué à certains militants? Aux discours de décroissance? Ou simplement aux autres préoccupations du moment, pouvoir d'achat et migration en tête?"

"Quelle qu'en soit la raison, ce recul doit profondément remettre en cause la stratégie des écologistes s'ils espèrent convaincre plus largement à l'avenir. Oser un discours de l'espoir, plutôt que celui des interdits et de la culpabilisation. Cette gifle électorale ne doit toutefois pas servir d'excuse aux autres partis pour abandonner tout effort en faveur d'une politique climatique ambitieuse", écrit le journal valaisan.

>> Le suivi des élections fédérales : L'UDC triomphe, Le Centre au coude-à-coude avec le PLR, mauvaise journée pour les Verts et les Vert'libéraux

Pour La Liberté, le fait que les écologistes et les Vert'libéraux boivent la tasse "et perdent une bonne part des positions acquises dans l'euphorie environnementale d'il y a quatre ans" n'est pas une surprise, car la dernière législature a été le théâtre d'un basculement d'époque.

Les Vert-e-s paient aussi au prix fort un éparpillement de leurs priorités, selon le quotidien fribourgeois. Plutôt que de se concentrer sur la lutte contre le réchauffement climatique, ils se sont égarés dans des thèmes sociétaux comme l'écriture inclusive, rendant leur message peu audible et brusquant une part de leur électorat.

"Excès de confiance"

Pour 24 Heures, les Verts ont péché par orgueil. "On le sait, en période d'instabilité, la population se tourne vers les partis traditionnels. Et compte tenu des thématiques, l'UDC en profite le plus. (...) Mais ce contexte difficile n'est pas la seule clé pour comprendre cette déconfiture. Le parti paie aussi l'excès de confiance que lui a conféré la vague verte. (...) L'échec des Verts est celui d'un parti qui n'a pas encore fait le choix entre militantisme et pragmatisme", estime 24 Heures.

La Tribune de Genève dépeint pour sa part des Verts moralisateurs. "En insistant sur le climat mondial, sur les thèmes de société comme la race, le genre ou la consommation de viande, en faisant la morale à tout le monde, les Verts se sont égarés", estime le quotidien du bout du lac.

"Les Verts ont des idées sur le climat, les transports, les inégalités. Ils n'arrivent plus à les rendre audibles. Une profonde introspection s'impose, un changement de style aussi", insiste la Tribune.

L'UDC doit prendre ses responsabilités

De son côté, Le Temps s'intéresse lui à l'UDC, "qui ne peut plus se contenter de gagner". Confirmé comme première force du pays, le parti conservateur doit prendre ses responsabilités et ne pas seulement diviser, appelle le quotidien romand.

Le Temps l'invite à nouer de véritables alliances constructives. Les parlementaires UDC devraient s'inspirer davantage de leurs deux conseillers fédéraux qui savent, eux, trouver des compromis. D'autant plus que ce succès de l'UDC ne s'accompagne pas d'une droitisation générale du Parlement, contrairement à 2015.

L'AGEFI craint pour sa part l'idéologie "décroissante" de l'UDC peu favorable à la prospérité. Le parti agrarien s'inscrit ainsi dans la mouvance malthusienne qui portait déjà l'initiative Ecopop, en liant protection de l'environnement et limitation de l'immigration.

Répondre par des discours rassurants, mais simplistes, aux préoccupations de la population face à de vrais problèmes – comme ceux engendrés par l'immigration – peut certes aider à être élu, remarque l'Agefi. Avant d'ajouter que le travail d'un parlementaire consiste ensuite à répondre aux défis auxquels la Suisse est confrontée.

Tendance européenne

Les glaciers, les femmes et les migrants et migrantes ont du souci à se faire, écrit Le Courrier. "Cette remontée de l'extrême droite s'inscrit dans une tendance lourde que l'on observe ailleurs en Europe. (...) Le discours des écologistes a peut-être manqué de réponses concrètes. Voire a pu braquer une partie d'un électorat flottant, notamment sur les questions d'égalité hommes-femmes", avance le Courrier dans son édito.

"L'UDC a canonné un soi-disant "wokisme", en pointant tel ou tel excès de langage. Cela permet de manière commode d'éviter les questions des oppressions; et cela porte", déclare-t-il encore.

Et Le Courrier conclut en résumant le résultat de dimanche par "moins de social, moins d'Etat et liberté pour le renard dans le poulailler".

>> Ecouter l'éditorial de Pierre-Olivier Volet, rédacteur en chef à l'actualité TV, dans le 19h30 :

Pour Pierre-Olivier Volet, corédacteur en chef à l'Actualité TV, c'est la stabilité politique de la Suisse qui ressort au soir des élections fédérales. Son éditorial
Pour Pierre-Olivier Volet, corédacteur en chef à l'Actualité TV, c'est la stabilité politique de la Suisse qui ressort au soir des élections fédérales. Son éditorial / 19h30 / 1 min. / le 22 octobre 2023

ats/ami

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La presse alémanique dure avec les Verts

En Suisse alémanique, plusieurs journaux rendent les Verts responsables de leur propre échec, alors que les records de température des derniers mois jouaient en leur faveur.

Selon le Tages-Anzeiger, les Verts se sont largement déconnectés de la majorité de la société avec des actions jugées trop extrêmes. En tout cas, le rêve du siège des Verts au Conseil fédéral semble être pour longtemps révolu, conclut le quotidien alémanique.

Même analyse du côté de la Basler Zeitung. Mais parallèlement, l'UDC a retrouvé sa boussole politique d'antan en ciblant les étrangers et les migrants, marquant des points auprès d'un électorat déstabilisé et en colère. Tant que l'ensemble des politiciens de gauche continueront à nier et enjoliver de la sorte le problème des étrangers et des migrants, le sentiment de colère continuera à profiter à l'UDC, sermonne le quotidien bâlois.

Un climat politique qui va changer

Pour le Südostschweiz, le changement climatique a été relégué au second plan derrière la guerre en Ukraine et la crise de l'énergie qui s'en est suivie. L'UDC en a profité en associant les réfugiés ukrainiens à l'augmentation des coûts du logement, de la vie et de l'énergie en Suisse, écrit le journal.

Le virage à droite va certainement changer le climat politique, peut-on lire sur le site de SRF. Mais l'UDC, même avec le PLR, n'a pas la majorité. Les conséquences de ces élections seront toutefois dures en matière de politique d'immigration et d'asile", selon Thomas Aeschi, chef du groupe parlementaire UDC.

La Neue Zürcher Zeitung estime elle que des temps difficiles se présagent pour le libéralisme, car en période d'incertitude, la population réclame plus d'Etat et non pas plus de responsabilités individuelles. Le virage à droite au parlement ne signifie pas nécessairement plus de politique bourgeoise, écrit le quotidien.

Enfin, le site Watson appelle l'UDC à faire mieux qu'en 2015: "attiser les peurs (des étrangers) a toujours été la compétence clé de l'UDC. Par contre dès qu'on lui demande de trouver des solutions pour des problèmes concrets, l'UDC débite des phrases vides de sens".

La revanche de Chiesa pour la presse tessinoise

La presse tessinoise souligne l'avènement de l'UDC, suivant la tendance en Europe au virage à droite. Le terrain est désormais fertile pour la droite populiste, titre La Regione.

Le parti a véhiculé une volonté de décision et une clarté de vision qui ont fini par convaincre les électeurs, les éloignant d'autres partis aux idées similaires, écrit le Corriere del Ticino. Ses thèmes classiques, comme l'immigration, mais aussi sa position d'opposition durant le Covid, ont porté leurs fruits.

Une victoire pour le président du parti, le Tessinois Marco Chiesa, souvent critiqué pour son manque de leadership, poursuit le journal. "Il a su ramener le parti à son plus haut niveau". Le sénateur est en bonne position pour obtenir un nouveau mandat au Conseil des Etats. Il est arrivé en tête au premier tour dans le canton. Un deuxième tour est prévu le 19 novembre.