Le Centre renforce sa première place aux Etats, Vert-e-s, UDC et PLR dans le camp des perdants
Les élections fédérales 2023 se sont achevées dimanche 19 novembre. Cinq cantons étaient appelés aux urnes pour un second tour d'élections au Conseil des Etats.
Le nouveau visage de la Chambre des cantons est donc connu. Avec 15 sénateurs (+1), Le Centre y consolide sa première place. L'ex-PDC a ravi dimanche le fauteuil de l'UDC en Argovie, occupé par Hansjörg Knecht, qui ne se représentait pas. Marianne Binder-Keller a obtenu 84'431 voix, son adversaire UDC Benjamin Giezendanner, 79'429.
Dans le canton du Tessin, Fabio Regazzi occupera le siège laissé vacant depuis l'élection de Marina Carobbio (PS) au gouvernement cantonal en avril dernier. Le président de l'Union suisse des arts et métiers (USAM) récupère le siège perdu en 2019 par Filippo Lombardi.
Le comparatif pour le Conseil des Etats tient compte des élections complémentaires au cours de la législature 2019-2023 (un siège perdu par le PS face au Centre dans le canton de Fribourg et un siège perdu par le PS face à l’UDC dans le canton de Saint-Gall). La perte du siège de l'indépendant Thomas Minder (SH) n'apparaît pas sur le graphe.
"Rôle de faiseurs de majorité"
"On a vécu trois bonnes journées depuis le mois d'octobre", se félicite dimanche soir dans Forum la conseillère nationale centriste Marie-France Roth Pasquier. Au Conseil national, son parti a gagné un fauteuil le 22 octobre.
Selon la Fribourgeoise, ces bons scores s'expliquent par les personnalités et la ligne du Centre, plus consensuelles: "Nous menons une politique moins polarisante", avance-t-elle. "C'est aussi notre but, de trouver des majorités, que ce soit à droite ou à gauche, avec cette politique du consensus. C'est ce qui nous fait avancer. Pour nous, la polarisation que connaît la Suisse ces dernières années n'est pas bonne. On bloque sur beaucoup de dossiers. Nous [Le Centre] sommes plus fort au National et aux Etats. J'espère que nous pourrons jouer pleinement ce rôle de faiseurs de majorité", souligne-t-elle.
Ascension socialiste
La plus forte progression aux Etats s'observe toutefois du côté du Parti socialiste, avec un gain de deux mandats. Une réussite qui fait écho à leur bonne performance au National (+2 également). A Schaffhouse notamment, Simon Stocker remplacera l'indépendant sortant Thomas Minder, à Berne depuis trois législatures et membre du groupe UDC. Dans le canton de Vaud, l'ex-conseiller d'Etat Pierre-Yves Maillard a repris le siège perdu en 2019. Cependant, le parti à la rose effectue une opération nulle par rapport à l'élection de 2019, après laquelle il avait également neuf sièges. En cours de route, il a perdu un siège à Saint-Gall, face à l'UDC, et à Fribourg, au profit du Centre.
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Retour du PVL, entrée du MCG
Deux autres partis figurent dans le camp des gagnants: le Parti vert'libéral (PVL) et le Mouvement citoyens genevois (MCG).
Le premier, avec l'élection de Tiana Angelina Moser à Zurich, fait son retour au Conseil des Etats, après une absence de deux législatures. Elle remplacera le PLR Ruedi Noser, qui ne se représentait pas, et dont le parti avait retiré la candidature de Regine Sauter pour faire front commun avec l'UDC et son candidat Gregor Rutz.
Quel est le profil de la nouvelle élue PVL? "Je suis une politicienne du centre. J'ai toujours défendu les intérêts de la place économique zurichoise. Mais je suis aussi une personne qui fait beaucoup de politique sur la durabilité, le changement climatique et la protection de l'environnement, des thèmes importants pour moi", répond-elle dans l'émission Forum. Elle indique être en discussion avec plusieurs partis pour siéger dans leur groupe. Reste à voir, donc, où elle se situera réellement dans l'hemicyle.
Le MCG, de son côté, a un premier représentant au Conseil des Etats, en la personne de l'ancien conseiller d'Etat genevois Mauro Poggia.
Mauvaise forme des Vert-e-s
Du côté des perdants, la plus forte chute s'observe chez les Vert-e-s, qui ont également perdu des plumes lors de l'élection du Conseil national le 22 octobre. Le parti écologiste est amputé de deux sièges à la Chambre haute, avec notamment la défaite de Lisa Mazzone dans le canton de Genève le 12 novembre. Dans le canton de Vaud, Adèle Thorens ne se représentait pas et le candidat Raphaël Mahaim n'a, lui, pas passé la rampe au second tour. Finalement, au Tessin, l'outsider Greta Gysin n'a pas créé l'exploit dimanche.
Cette érosion augure des difficultés pour les écologistes: ils ne pourront pas former de groupe, même avec le PVL, le minimum étant fixé à cinq élus.
Le PLR, lui, affiche un siège en moins, mais reste la deuxième force du Conseil des Etats, avec 11 fauteuils. Pour Anne Hiltpold, conseillère d'Etat genevoise PLR, le parti doit travailler sur son message: "Comment arriver à faire comprendre notre positionnement à la population? Comment arriver à faire passer nos propositions?" s'interroge-t-elle dans Forum.
Succès UDC au National pas reproduit aux Etats
Mauvaise opération également du côté de l'UDC, grande gagnante et toujours premier parti au National, qui a égaré un siège aux Etats et compte à présent six sénateurs.
Le président de l'UDC Marco Chiesa reconnaît que son parti a fait les frais de sa stratégie, qu'il décrit dans Forum comme "appeler les choses par leur nom". "Avec le système majoritaire, quelqu'un qui est au centre a un avantage", constate-t-il.
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Mais cette méthode a en revanche produit un résultat "extraordinaire" au Conseil national, souligne-t-il. Le Tessinois, réélu à son poste de conseiller aux Etats dimanche, assure donc que son parti ne changera rien à sa ligne les années à venir. "Il faut être très clair quand on parle des problèmes de la Suisse, l'immigration de masse, la criminalité étrangère, les problèmes liés à l'énergie", assène-t-il.
Le nouveau visage de la Chambre des cantons pourra toutefois changer au cours des quatre prochaines années. Contrairement au Conseil national, où un vient-ensuite prend la place d'un député démissionnaire, des élections complémentaires sont organisées pour les remplacements.
Antoine Michel avec ats
Une Chambre qui se féminise
La Chambre des cantons se féminise par ailleurs. Elle comptera seize femmes (34,8%), contre treize à la fin de la législature, ce qui constitue un record. Parmi elles, la benjamine, Johanna Gapany (PLR/FR) qui a 35 ans. Le plus âgé est Hannes Germann (UDC/SH), 67 ans. La moyenne d'âge est de 55,4 ans.