Le chef de l'UNRWA Philippe Lazzarini n'a "aucune intention de démissionner"
Alors qu'Israël réclame la démission de Philippe Lazzarini, le chef de l'UNRWA, ce dernier a indiqué lundi qu'il n'avait aucune intention de le faire, défendant son institution lors d'une conférence de presse. Certains de ses employés sont accusés d'avoir participé aux attentats contre Israël.
Philippe Lazzarini a entamé cette semaine une tournée européenne. Le Neuchâtelois était à Bruxelles lundi, devant le Conseil des ministres, où il a déclaré n'avoir "aucune intention de démissionner" après les accusations émises par Israël, qui accuse l’agence onusienne d’être "totalement infiltrée" par le Hamas. "Aussi longtemps que je pense que nous pouvons continuer de faire une différence sur le terrain, je vais continuer ma mission", a-t-il ajouté.
Car l’UNRWA fait la différence, affirme le commissaire suisse. Il a d’abord établi un état des lieux de la situation sur place où règne, dit-il, "un sens profond de panique et d’anxiété". Il a rappelé les chiffres: 5% de la population a été tuée, blessée ou bien a disparu. Quelque 17'000 enfants sont séparés de leurs parents et 300'000 personnes touchées par la malnutrition ou la famine du fait de l’impossibilité d’organiser des convois.
Problèmes de financement
Philippe Lazzarini a également pointé le problème de financement de l'UNRWA depuis les accusations d'Israël. L'Etat hébreu avait en effet affirmé avoir identifié douze membres de l’UNRWA ayant participé à l’attaque terroriste du 7 octobre qui a fait 1140 morts, surtout des civils.
Sans attendre, il a renvoyé ces individus, sur la base "de ces allégations, qui ne sont pas des preuves", a-t-il précisé. Depuis, plusieurs pays de l’Union européenne, notamment la France, l'Allemagne, l'Italie et les Pays-Bas, ont suspendu leur aide en attendant les résultats d’une enquête indépendante approfondie qui a démarré. D’autres, comme l’Espagne, ont promis une rallonge. Mais le commissaire affirme que, dans ces conditions, l’UNRWA sera dans le rouge de 30 à 40 millions d'euros en mars.
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Le manque d’argent d’une part, la retenue de certains Etats européens et des Etats-Unis d’autre part, mettent à mal la mission de l’Agence onusienne créée en 1949 pour aider les réfugiés palestiniens au Proche-Orient.
"Le collapse de l’UNRWA priverait d’éducation 500'000 enfants. Et qui d’autre que nous pourrait immédiatement aider à la reconstruction à la fin des hostilités?", interroge le Commissaire suisse. Il est sur la même ligne que le haut représentant de l’UE Josep Borrell, qui disait lundi matin: "Il n’y a pas d’alternative à l’UNRWA".
Des accusations politiques
Jérôme Drevon, analyste pour l'International Crisis Group, spécialiste du Proche-Orient et du Hamas, a souligné dans l'émission Forum l'aspect politique des accusations d'Israël sur l'UNRWA. "Elles devront d'abord être soumises à une enquête avant que le directeur puisse être renvoyé", a-t-il estimé.
Il rappelle que les accusations envers le personnel de l'UNRWA ne concernent que douze des 30'000 employés que compte l'organisation dans la bande de Gaza, ce qui "ne correspond pas à une infiltration systématique qui remettrait en question l'UNRWA elle-même".
Quant au tunnel du Hamas qu'Israël affirme avoir trouvé sous le siège de l'organisation à Gaza, Jérôme Drevon rappelle que des allégations similaires avaient visé l'hôpital al-Shifa de Gaza et s'étaient révélées fausses.
>> Ecouter son interview dans Forum :
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Alain Franco/mac
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