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William Schomburg: "Je n'ai plus de mots pour décrire le niveau de désespoir à Gaza"

Interview de William Schomburg, chef de mission du CICR à Gaza
Interview de William Schomburg, chef de mission du CICR à Gaza / 19h30 / 4 min. / le 14 août 2024
Le responsable du bureau du CICR dans la bande de Gaza, William Schomburg, a récemment terminé sa mission en Palestine. Invité mercredi dans le 19h30, il témoigne de la situation "catastrophique" qu'il y a pu observer et du désespoir de la population gazaouie.

Alors que des négociations pour un cessez-le-feu dans la bande de Gaza sont prévues jeudi à Doha, au Qatar, la situation dans l'enclave palestinienne est particulièrement alarmante après dix mois d'un conflit meurtrier débuté le 7 octobre 2023.

"La situation aujourd'hui à Gaza est simplement catastrophique", témoigne William Schomburg dans le 19h30 de la RTS. De retour au siège de l'organisation internationale à Genève depuis une dizaine de jours après un an et demi en tant que responsable du bureau du CICR dans la bande de Gaza, le Britannique dit "ne plus avoir les mots pour décrire le niveau de désespoir" de la population gazaouie.

Enfants blessés, mères en deuil, familles séparées, ou encore villes détruites totalement: de cette expérience, William Schomburg va retenir beaucoup d'images "particulièrement tristes", relève-t-il.

"Tellement de défis"

Les défis dans la bande de Gaza sont énormes, notamment en matière d'approvisionnement en matériel médical, en médicaments, en nourriture et en eau. Mais selon l'humanitaire, il est difficile aujourd'hui de donner la priorité à l'un des besoins en particulier, vu l'ampleur des conséquences humanitaires liées aux hostilités.

"Il y a énormément de problèmes en termes de nourriture et de sûreté de l'alimentation pour la population civile, notamment dans le nord de la bande de Gaza. Cela fait quelques semaines qu'il n'y a plus aucun aliment frais", explique l'expérimenté délégué, qui a aussi officié en Haïti et en Syrie.

La santé physique et mentale des Gazaouis inquiètent aussi William Schomburg. "Malheureusement, les hôpitaux sont devenus des champs de bataille. La majorité des locaux, des hôpitaux et des endroits où soigner les gens avant le début de la guerre n'existent plus. Nous avons aussi des difficultés en termes d'approvisionnement des médicaments. Nous serons bientôt obligés de réduire nos opérations vu la quantité limitée de produits dont nous disposons."

>> Notre suivi de la guerre au Proche-Orient : La population israélienne réclame une commission d'enquête sur le 7 octobre

Des conditions de travail difficiles

Le CICR emploie une cinquantaine de collaborateurs internationaux et plus de 200 Palestiniens dans la bande de Gaza. Y travailler est un "défi quotidien", raconte William Schomburg, qui a perdu plusieurs collaborateurs depuis le début du conflit.

"Pour les délégués, c'est compliqué, nous sommes obligés de partager des chambres, voire de dormir à même le sol. Mais les conditions sont largement meilleures en comparaison des conditions de vie de nos collègues palestiniens qui ont quasiment tous dû quitter leur maison. J'ai beaucoup de collègues qui vivent dans des tentes, qui ont été forcés de se déplacer plusieurs fois, qui n'ont pas l'eau courante, ni l'électricité", rapporte le responsable du bureau à Gaza.

Et de conclure son interview par un constat sans appel: "Je pense qu'il y a toujours de l'espoir tant qu'il y a l'humanité. Mais c'est vrai qu'aujourd'hui, la bande de Gaza est devenue quasiment invivable."

>> Voir encore le sujet du 19h30 :

Souffrance physique et psychologique, les habitants de Gaza sont épuisés après 10 mois de bombardements incessants
Souffrance physique et psychologique, les habitants de Gaza sont épuisés après 10 mois de bombardements incessants / 19h30 / 2 min. / le 14 août 2024

Propos recueillis par Valérie Gillioz

Adaptation web: Jérémie Favre

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