Au moins neuf morts dans de nouvelles explosions d'appareils de communication du Hezbollah au Liban

Les bipeurs de membres du Hezbollah qui ont explosé par centaines mardi au Liban étaient piégés et préprogrammés pour exploser, a indiqué mercredi un responsable libanais de la sécurité.

Les résultats préliminaires d'une enquête menée par les autorités libanaises ont montré que "les appareils étaient préprogrammés pour exploser et contenaient des matériaux explosifs placés à côté de la batterie", a précisé ce responsable qui a requis l'anonymat en raison du caractère sensible de l'affaire.

Où ont été assemblés les bipeurs qui ont tué douze personnes et fait des milliers de blessés au Liban? Les compagnies taïwanaises et hongroises mises en cause ont démenti toute responsabilité dans leur fabrication.

Au lendemain de l'attaque sans précédent visant le système de radiomessagerie utilisé par le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah, la piste est d'abord remontée vers Taïwan. Mais le groupe Gold Apollo, dont la marque figure sur les appareils, a nié être le fabricant, renvoyant la balle à son partenaire hongrois BAC.

"En vertu d'un accord de coopération, nous autorisons BAC à utiliser notre marque pour la vente de produits dans certaines régions, mais la conception et la fabrication des produits sont de l'unique responsabilité de BAC", basée à Budapest, a indiqué dans un communiqué Gold Apollo.

Quelques heures plus tard, le mystère s'est épaissi quand les autorités hongroises ont à leur tour apporté un démenti. Cette société est "un intermédiaire commercial, sans site de production ou opérationnel en Hongrie", a écrit le porte-parole du gouvernement sur X.

"Les appareils en question n'ont jamais été sur le sol hongrois", a-t-il ajouté, et "cette affaire ne pose aucun risque à la sécurité nationale".

Le parquet taïwanais a annoncé l'ouverture d'une enquête. "Nous avons confié l'affaire au procureur général de l'équipe de sécurité nationale (...). Nous allons clarifier les faits au plus vite et si nous constatons des faits illégaux, ils seront sévèrement punis conformément à la loi", selon un communiqué.

>> Pour en savoir plus sur la fabrication de ces bipeurs, lire aussi : Comment le Mossad aurait organisé l'explosion de bipeurs au Liban, un vrai "coup dur" pour le Hezbollah

Le Conseil de sécurité de l'ONU se réunira en urgence vendredi pour discuter de la série d'explosions meurtrières de bipeurs et autres appareils de transmission du Hezbollah au Liban, a annoncé la présidence slovène du Conseil.

La réunion, demandée par l'Algérie, aura lieu à 15h00 (21h00 en Suisse), a précisé la présidence.

Le prince héritier et dirigeant de facto de l'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, a affirmé que son pays n'établirait pas de relations diplomatiques avec Israël avant la "création d'un Etat palestinien".

"Le royaume ne cessera pas son travail inlassable pour établir un Etat palestinien indépendant avec Jérusalem-Est comme capitale, et nous affirmons que le royaume n'établira pas de relations diplomatiques avec Israël sans cela", a-t-il déclaré lors de l'ouverture d'une session du Conseil de la Choura, l'assemblée saoudienne chargée de conseiller le gouvernement.

Le ministère israélien des Affaires étrangères a dénoncé comme "biaisée" et pleine de "cynisme" la résolution adoptée par l'Assemblée générale de l'ONU réclamant la fin de l'occupation israélienne des Territoires palestiniens d'ici un an.

"Le théâtre politique qui porte le nom d'Assemblée générale a adopté aujourd'hui une décision biaisée qui est déconnectée de la réalité, encourage le terrorisme et nuit aux chances de paix (...), voilà ce à quoi ressemble le cynisme en politique internationale", écrit le porte-parole du ministère dans un message sur X, à propos de cette résolution non contraignante.

Des dizaines d'experts indépendants de l'ONU ont appelé mercredi les Etats à prendre des mesures contre Israël pour faire cesser "les attaques contre les Palestiniens" et mettre fin à l'occupation "illégale" de territoires palestiniens.

Dans un communiqué, ces experts dénoncent la "paralysie" des Etats, plus de 50 jours après que la plus haute juridiction de l'ONU, la Cour internationale de justice (CIJ), ait jugé "illégale" l'occupation par Israël de territoires palestiniens.

Selon les experts de l'ONU, "la plupart des États ne prennent pas de mesures significatives pour se conformer à leurs obligations internationales réaffirmées dans le jugement" de la CIJ.

"Si nous n'agissons pas maintenant, c'est tout l'édifice du droit international et de l'État de droit dans les affaires mondiales qui est menacé", ont-ils écrit.

Le communiqué est signé par environ 40 experts, qui sont mandatés par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU mais ne s'expriment pas au nom de l'organisation.

L'Assemblée générale de l'ONU a donné le mandat à la Suisse d'organiser une réunion des parties aux Conventions de Genève dans les six mois sur le conflit au Proche-Orient. Dans un texte adopté à New York, elle exige la fin de l'occupation israélienne dans les 12 mois.

Le projet de résolution de la Palestine a été approuvé mercredi par 124 voix, contre 14 oppositions et 43 abstentions, soit les deux tiers requis. La Suisse s'est abstenue.

Ces derniers jours, Berne avait dit "étudier sérieusement" la possible demande d'une réunion des hautes parties contractantes aux Conventions de Genève. Elle considérait qu'un vote en faveur du texte lui donnerait un "mandat".

La demande la plus significative porte sur la fin de l'occupation israélienne d'ici une année. En juillet, dans un avis demandé par l'Assemblée générale, la Cour internationale de justice (CIJ) avait dit que "la présence continue d'Israël dans le territoire palestinien occupé est illicite". L'Etat hébreu est "dans l'obligation (d'y) mettre fin (...) dans les plus brefs délais", selon elle.

La Suisse est "profondément préoccupée" par les explosions survenues mardi au Liban. Elle appelle toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue afin d’éviter "une escalade régionale majeure", écrit mercredi le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) sur X.

Les explosions risquent de compromettre davantage la stabilité et la sécurité du pays et de la région, soulignent les services d'Ignazio Cassis. Le droit international doit être respecté et les civils protégés en tout temps.

Selon l'Office fédéral de la statistique (OFS), 985 Suisses vivaient au Liban en 2023. Le DFAE recommande sur son site internet aux ressortissants helvétiques de quitter le pays par leurs propres moyens, "si cela semble possible et sûr".

Les "objets civils" ne doivent pas être transformés en armes, a insisté le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, au lendemain de l'attaque meurtrière aux bipeurs contre les membres du mouvement pro-iranien Hezbollah au Liban.

"Il est très important qu'il y ait un contrôle efficace des objets civils, de ne pas les transformer en armes. Cela devrait être une règle pour tout le monde dans le monde, que les gouvernements devraient être capables d'appliquer", a-t-il déclaré.

Le chef de la diplomatie libanaise a déclaré que les explosions meurtrières de la veille de centaines de bipeurs utilisés par le Hezbollah pro-iranien à travers le Liban pourraient être le présage d'une guerre plus large au Moyen-Orient.

Abdallah Bou Habib, cité par l'Agence nationale d'information libanaise, a mis en garde contre la gravité de cette attaque, imputée par le mouvement islamiste libanais à Israël, "parce qu'elle survient après les menaces israéliennes d'élargir le champ de la guerre contre le Liban, ce qui plongerait la région dans un cycle de violence plus large et annoncerait une guerre plus étendue".

Au moins neuf personnes ont perdu la vie et "plus de trois cents" autres ont été blessées mercredi en fin d'après-midi dans l'explosion de talkies-walkies du Hezbollah dans l'est du Liban, ont indiqué l'Agence nationale d'information (ANI) libanaise et le ministère de la Santé. D'autres de ces moyens de communication ont également explosé dans la banlieue sud de Beyrouth et dans le sud du pays.

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Keystone/AP Photo - Bilal Hussein

La source a également indiqué que la banlieue dans laquelle ils ont explosé accueillait les obsèques de membres du Hezbollah tués la veille dans des incidents similaires.

Selon les autorités libanaises, neuf personnes ont été tuées et une centaine d'autres blessées dans les explosions survenues également à Saïda (sud) et à Baalbeck (est), où 15 personnes ont été blessées, a indiqué une source hospitalière.

L'ONU demande une investigation indépendante après l'explosion des bipeurs de membres du Hezbollah au Liban et en Syrie. Ceux qui ont donné les ordres et ceux qui les ont exécutés devront être poursuivis, a affirmé mercredi le Haut commissaire aux droits de l'homme Volker Türk à Genève.

Des attaques simultanées contre des milliers d'individus, qu'ils soient civils ou membres de groupes armés, sans savoir qui était en possession des bipeurs, où ceux-ci se trouvent et qui se trouve autour d'eux "violent les droits humains", a dit l'Autrichien. Elles ne sont pas non plus conformes au droit international humanitaire (DIH) s'il s'applique.

Le Haut commissaire demande aux Etats influents d'œuvrer pour éviter une détérioration des conflits dans la région. Et d'exiger une protection des civils.

Le Hezbollah a annoncé mercredi avoir tiré des roquettes sur des positions d'artillerie de l'armée israélienne dans le nord de l'Etat hébreu, la première attaque transfrontalière du mouvement chiite libanais depuis l'explosion de milliers de bipeurs utilisés par ses membres.

Le président iranien Massoud Pezeshkian a estimé mercredi que les explosions simultanées de bipeurs utilisés par le mouvement islamiste Hezbollah au Liban, devraient faire "honte" aux pays occidentaux, notamment aux Etats-Unis, alliés d'Israël.

"Cet incident a montré une fois de plus que, même si les pays occidentaux et les Américains prétendent rechercher un cessez-le-feu, en pratique, ils soutiennent pleinement les crimes, (...) du régime sioniste", a-t-il dit, jugeant que ces explosions devraient leur faire "honte", selon un communiqué publié sur le site de la présidence.

La Défense civile de la bande de Gaza a indiqué qu'au moins cinq personnes avaient été tuées par une frappe aérienne israélienne sur une école transformée en refuge dans la ville de Gaza.

"Cinq martyrs et un certain nombre de blessés ont été retrouvés après que l'occupant a visé avec un missile l'école Ibn al-Haytham, dans le quartier de Choujaïya, dans l'est de la ville", a indiqué la Défense civile dans un communiqué.

De son côté, l'armée israélienne a indiqué avoir "mené une frappe précise sur des terroristes du Hamas opérant dans un centre de commandement et de contrôle situé à l'intérieur d'un complexe qui servait auparavant d'école".

Les combattants du Hamas utilisaient l'école "pour planifier et mener des activités terroristes contre l'armée israélienne et l'Etat d'Israël", a-t-elle ajouté.

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a nié les informations selon lesquelles son pays aurait été impliqué ou au courant préalablement des explosions ayant visé la veille les bipeurs de centaines de membres du Hezbollah au Liban.

Le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, a aussi déclaré qu'un cessez-le-feu pour mettre fin à la guerre entre Israël et le Hamas palestinien dans la bande de Gaza était le meilleur moyen d'empêcher toute escalade supplémentaire au Proche-Orient.

"Nous savons tous qu'un cessez-le-feu est la meilleure chance de faire face à la crise humanitaire à Gaza et aux risques pour la stabilité régionale", a-t-il dit lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien.

Le Hezbollah libanais a promis de poursuivre ses opérations de soutien au Hamas palestinien et de punir Israël, accusant son ennemi d'être "entièrement responsable" de l'attaque.

Il a réaffirmé mercredi qu'il "continuera" à mener des opérations de soutien à Gaza malgré cette attaque sans précédent.

Le chef du Hezbollah doit s'exprimer jeudi à 16h00.

Les explosions simultanées de bipeurs du Hezbollah mardi au Liban, imputées à Israël par la formation islamiste pro-iranienne, ont fait 12 morts et quelque 2800 blessés, a indiqué mercredi le ministre libanais de la Santé, Firass Abiad, dans un nouveau bilan.

Après vérification auprès de tous les hôpitaux, le bilan s'élève désormais à "12 morts dont deux enfants" et on compte "entre 2750 et 2800" blessés, a-t-il déclaré. Certaines personnes blessées dans la Békaa (est) "ont été transférées en Syrie" voisine, tandis que "d'autres seront évacuées vers l'Iran", a-t-il ajouté.

"Attaques" condamnées par l'UE

Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a condamné les "attaques" aux bipeurs au Liban, se disant "extrêmement préoccupé" par la situation. "Elles mettent en danger la sécurité et la stabilité du Liban, et augmentent le risque d'escalade dans la région", a-t-il ajouté.

Et, "même si ces attaques semblent avoir été ciblées, elles ont fait de graves dommages collatéraux sans discrimination parmi les civils, y compris des enfants" comptant parmi les victimes, a encore déploré le chef de la diplomatie de l'UE, se disant "extrêmement préoccupé" par la situation au LIban.

La Russie a également dit "condamner fermement" l'explosion simultanée à travers le Liban la veille de bipeurs utilisés par le Hezbollah et a appelé les parties à "la retenue", afin de ne pas "déstabiliser davantage" la région. Le Kremlin a qualifié l'attaque de nouvelle "escalade des tensions" dans une région minée par les crises.

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Keystone

De son côté, l'Iran a accusé Israël de "tuerie de masse".

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Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, mouvement islamiste au pouvoir dans la bande de Gaza, a annoncé mercredi un nouveau bilan de 41'272 morts dans le territoire palestinien depuis le début de la guerre avec Israël, dans son douzième mois.

Au moins 20 personnes ont été tuées ces dernières 24 heures, a-t-il indiqué dans un communiqué, ajoutant que 95'551 personnes avaient été blessées dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre le 7 octobre.

Quatre soldats ont été tués mardi dans des combats avec le Hamas, a annoncé mercredi l'armée israélienne, ajoutant que six autres avaient été blessés dont trois grièvement.

Les quatre soldats, âgés de 20 à 23 ans, sont "tombés" au cours de "combats dans le sud de la bande de Gaza", a déclaré l'armée dans un bref communiqué, sans autres précisions.

Ces quatre décès portent à 348 le nombre de soldats israéliens tués depuis le début, le 27 octobre, de l'offensive terrestre lancée par l'armée israélienne dans la bande de Gaza, trois semaines après l'attaque du Hamas.

Selon des experts ainsi que le New York Times, Israël est bel et bien à l'origine des attentats meurtriers qui ont fait au moins neuf morts et près de 3000 blessés au Liban. D'après le journal, qui cite des responsables américains et d'autres nationalités sous couvert d'anonymat, les services secrets israéliens seraient parvenus à cacher des petits explosifs dans des bipeurs récemment achetés par le Hezbollah à Taïwan, soit plus de 3000 appareils, et les a déclenchés à distance.

Rapidement après les faits, une source proche du Hezbollah a indiqué que "les bipeurs qui ont explosé concernent une cargaison récemment importée par le Hezbollah de 1000 appareils", qui semblent avoir été "piratés à la source". D'autres experts ont confirmé qu'un explosif "de type plastic" avait sans doute été dissimulé à côté de la batterie, laissant effectivement penser que le Mossad, le service secret extérieur israélien, a infiltré la chaîne d'approvisionnement pour planifier cette attaque.

Appareils interceptés par Israël avant leur livraison au Liban

Selon l'article du New York Times, les petits appareils, du fabricant Gold Apollo à Taïwan, ont été interceptés par les services israéliens avant leur arrivée au Liban. Quelques dizaines de grammes de matériel explosif ont été insérés à côté de la batterie avec un déclencheur, précise le quotidien.

A 15h30 mardi au Liban, un message apparaissant comme venant de la direction du Hezbollah a fait biper l'appareil pendant plusieurs secondes avant de déclencher l'explosif, selon le quotidien américain, citant toujours plusieurs sources anonymes. Plus de 3000 exemplaires, essentiellement du modèle AP924, avaient été commandés par le Hezbollah à l'entreprise, affirment ces sources.

>> Les dernières informations dans La Matinale de mercredi :

Reuters - Mohamed Azakir

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