Le Hamas va boycotter les pourparlers car ils ne se basent pas sur l'accord proposé par Joe Biden

Le responsable du bureau du CICR dans la bande de Gaza, William Schomburg, a récemment terminé sa mission en Palestine. Invité mercredi dans le 19h30, il témoigne de la situation "catastrophique" qu'il y a pu observer et du désespoir de la population gazaouie. Le Britannique dit "ne plus avoir les mots pour décrire le niveau de désespoir" de la population gazaouie.

Les défis dans la bande de Gaza sont énormes, notamment en matière d'approvisionnement en matériel médical, en médicaments, en nourriture et en eau. Mais selon l'humanitaire, il est difficile aujourd'hui de donner la priorité à l'un des besoins en particulier, vu l'ampleur des conséquences humanitaires liées aux hostilités.

>> Lire l'entier de son témoignage : William Schomburg: "Je n'ai plus de mots pour décrire le niveau de désespoir à Gaza"

Les Etats-Unis et le Qatar ont appelé toutes les parties à ne pas "saper" les négociations en vue d'une trêve à Gaza, un avertissement voilé à l'Iran, au Hamas et à Israël, à la veille de discussions sur le sujet à Doha.

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken et le Premier ministre du Qatar Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani ont insisté lors d'un échange téléphonique sur le fait qu'"aucun acteur de la région ne devait prendre des mesures qui saperaient les efforts déployés pour parvenir à un accord", selon un porte-parole du département d'Etat américain, Vedant Patel.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé avoir approuvé le départ d'une délégation israélienne pour négocier à Doha jeudi un accord sur la libération des otages en échange d'un cessez-le-feu à Gaza.

David Barnea, le chef du Mossad, le renseignement extérieur israélien, le patron du Shin Bet, la sécurité intérieure israélienne et un conseiller spécial de Benjamin Netanyahu participeront aux pourparlers, dont la tenue a été demandée par les médiateurs, Qatar, Etats-Unis et Egypte, a précisé le bureau du Premier ministre à l'AFP.

Le ministre israélien des Finances et chargé des Affaires civiles au ministère de la Défense Bezalel Smotrich a annoncé mercredi l'approbation d'un plan de construction d'une nouvelle colonie sur un terrain inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco en Cisjordanie. L'ONG israélienne anticolonisation "La paix maintenant" a dénoncé cette décision: "Nous en paierons tous le prix", ont-ils prévenu dans un communiqué.

Le ministre a annoncé sur X que son bureau avait "terminé ses travaux et publié un plan pour la nouvelle implantation Nahal Heletz dans le Gush Etzion", un bloc de colonies au sud de Jérusalem.

Cette nouvelle implantation coloniale, dont la construction avait été approuvée par le gouvernement en juin avec quatre autres colonies, se situe entre le Gush Etzion et la ville palestinienne de Bethléem.

Colonisation record en 2023

Le village palestinien de Battir, dont les maisons doivent jouxter la future colonie, est connu pour ses terrasses agricoles, ses vignes et ses olives et a été inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco.

"Aucune décision anti-israélienne et antisioniste n'arrêtera le développement des implantations. Nous continuerons à lutter contre le projet dangereux de création d'un Etat palestinien en créant des faits sur le terrain", a déclaré le ministre, lui-même colon. "C'est la mission de ma vie et je la continuerai autant que possible", a-t-il martelé.

Avant l'attaque du Hamas du 7 octobre, l'année 2023 a marqué un record de la colonisation israélienne en Cisjordanie, avec le plus grand nombre de permis de construire délivrés depuis 30 ans par les autorités israéliennes, selon l'Union européenne. Au total, des permis ont été accordés pour plus de 12'300 logements.

Le Hamas a affirmé mercredi qu'il ne participerait pas au nouveau cycle de négociations sur un cessez-le-feu prévu jeudi au Qatar, réduisant pratiquement à néant les chances de parvenir à un accord. Le groupe palestinien avait prévenu qu'il boycotterait le rendez-vous si les discussions ne se basaient pas sur la proposition formulée par le président américain Joe Biden le 31 mai, qui avait reçu un accueil favorable de la part du Hamas mais pas d'Israël.

Depuis cette proposition, les négociateurs palestiniens, égyptiens et qataris ont régulièrement accusé le gouvernement israélien de retarder la conclusion d'un accord en introduisant constamment de nouvelles demandes.

"Le Hamas s'est engagé à respecter la proposition qui lui a été présentée (...) basée sur la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU et le discours de Joe Biden" a affirmé mercredi un haut responsable du groupe à l'agence Reuters, se disant "prêt à entamer immédiatement des discussions sur un mécanisme permettant de la mettre en œuvre". En revanche, "le fait de reprendre à zéro de nouvelles négociations permet à l'occupant (Israël, ndlr.) d'imposer de nouvelles conditions et d'utiliser le labyrinthe des négociations pour perpétrer de nouveaux massacres", a-t-il ajouté.

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Éviter une riposte de Téhéran

Selon les États-Unis, des discussions indirectes devaient se dérouler comme prévu à Doha, la capitale du Qatar. Mais le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a reporté son voyage au Proche-Orient qui devait débuter mardi.

Plusieurs responsables iraniens ont déclaré à Reuters que seul un accord de cessez-le-feu à Gaza les dissuaderait de mener des représailles directes contre Israël après l'assassinat du chef politique du Hamas le mois dernier à Téhéran.

Le Hamas a annoncé mardi un nouveau bilan d'au moins 39'965 morts officiellement enregistrées à Gaza depuis le début de l'assaut israélien, en majorité des civils. Au moins 32 personnes ont été tuées ces dernières 24 heures, indique son ministère de la Santé dans un communiqué.

Le Hamas ajoute qu'au moins 92'294 personnes ont été blessées dans le territoire presque entièrement détruit par les bombardements et l'invasion israélienne, qui dure depuis plus de dix mois.

En visite mercredi à Beyrouth, un émissaire du président américain Joe Biden a déclaré qu'il n'y avait "plus de temps à perdre" pour parvenir à un cessez-le-feu à Gaza, qui permettrait également une solution diplomatique mettant fin aux hostilités entre le Hezbollah libanais et Israël.

Lors d'une rencontre avec le président du Parlement Nabih Berri, allié du Hezbollah, l'émissaire Amos Hochstein dit avoir évoqué "l'accord-cadre qui est sur la table pour un cessez-le-feu". "Nous devons profiter de cette fenêtre pour agir et trouver des solutions diplomatiques", a-t-il déclaré.

"L'accord devrait également permettre une résolution diplomatique au Liban, ce qui empêcherait le déclenchement d'une guerre généralisée", a-t-il encore ajouté.

Cette visite intervient à la veille de la reprise au Qatar de discussions en vue d'une trêve entre Israël et le Hamas palestinien.

Six Palestiniens ont été tués tôt mercredi par des tirs israéliens en Cisjordanie occupée, ont annoncé l'agence officielle palestinienne et le gouverneur local, dans les localités de Tammoun et Toubas ainsi qu'à Jérusalem-Est.

"Cinq personnes ont été tuées dans des raids israéliens, quatre dans la localité de Tammoun et une dans la ville de Toubas", a précisé le gouverneur de Toubas.

Plus tôt, la police israélienne avait annoncé avoir abattu d'une balle de sniper un Palestinien de 16 ans qui "grimpait le Mur" séparant Jérusalem de la Cisjordanie dans le but, selon elle, de "jeter des cocktails Molotov".

Près de 650 morts

L'armée israélienne affirme quant à elle avoir "lancé une opération antiterroriste" à Toubas, "éliminé un terroriste" et en avoir "touché d'autres lors d'échanges de tirs". Elle ajoute qu'elle a "arrêté des personnes recherchées et avoir localisé et confisqué des armes".

Depuis le 7 octobre, les violences ont flambé en Cisjordanie occupée de la part de l'armée israélienne et des colons, faisant au moins 625 victimes palestiniennes. En face, au moins 18 Israéliens parmi lesquels des soldats ont péri dans des attaques palestiniennes, selon les données officielles israéliennes.

Les combats frontaliers entre l’armée israélienne et le Hezbollah libanais durent depuis dix mois. Si cette guerre est dite de "basse intensité", elle a toutefois provoqué, côté libanais, le déplacement de quelque 100'000 habitants du Sud frontalier, et la mort de plus de 560 personnes, dont plus de 110 civils. C’est le Hezbollah, à la fois parti et milice, et allié de Téhéran, qui essuie les pertes les plus lourdes.

Le groupe paramilitaire islamiste chiite ne fournit pas de bilan consolidé, mais on estime qu’il a perdu plus de 400 hommes depuis le début des combats frontaliers avec Israël. Ce nombre comprend des commandants qui ont été tués dans des opérations ciblées, dans le sud ou l’est du Liban, deux régions où le Hezbollah domine.

Ces opérations consistent, par exemple, en des frappes de drones sur des motos ou des véhicules. Il y a, en outre, des combattants de rang inférieur qui sont tués dans des bombardements, alors que le Hezbollah et l’armée israélienne échangent des tirs quotidiens à la frontière. D’autres combattants, du Hamas ou de formations libanaises, ont été tués.

 Côté israélien, en incluant le Golan occupé, 22 militaires et 25 civils ont été tués depuis le début des affrontements, selon les autorités de l'Etat hébreu.

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