Hassan Nasrallah reconnaît que le Hezbollah a reçu "un coup sévère et sans précédent"

Une enquête préliminaire des autorités libanaises montre que les appareils de communication qui ont explosé cette semaine ont été piégés avant d'entrer dans le pays, selon une lettre de la mission libanaise à l'ONU vue jeudi par l'AFP.

"L'enquête préliminaire montre que les appareils pris pour cible ont été piégés de façon professionnelle (...) avant d'arriver au Liban et leur explosion a été provoquée par l'envoi d'emails vers l'appareil", selon le texte envoyé au Conseil de sécurité à la veille d'une réunion sur le sujet.

Le Hamas a dit jeudi être "très reconnaissant" du soutien du Hezbollah après que le chef de la formation libanaise, Hassan Nasrallah, a promis de maintenir la pression sur Israël jusqu'à l'obtention d'un cessez-le-feu dans la guerre dans la bande de Gaza.

Le mouvement palestinien a estimé dans un communiqué que la position du chef du Hezbollah entravait les "plans visant à ébranler le front de soutien à notre peuple et notre résistance dans la bande de Gaza".

Hassan Nasrallah s'est exprimé jeudi lors d'une allocution retransmise en direct, après les explosions meurtrières mardi et mercredi de nombreux appareils de transmission utilisés par le Hezbollah au Liban.

Les opérations militaires israéliennes contre le Hezbollah vont "continuer", a déclaré jeudi le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, alors que le chef du mouvement islamiste libanais promet une riposte "terrible" après une série d'explosions meurtrières au Liban, imputées à Israël.

"Le Hezbollah se sent persécuté, la série de nos actions militaires va continuer", a déclaré Yoav Gallant dans une vidéo transmise par son bureau.

Par ailleurs, l'armée israélienne a annoncé jeudi la mort de deux soldats "tombés au combat" dans le le nord d'Israël.

Les chefs de la diplomatie française et américaine ont appelé jeudi à Paris l'ensemble des parties "à la désescalade au Proche-Orient", se disant "très préoccupés" alors que les attaques visant le Hezbollah au Liban et attribuées à Israël exacerbent les craintes d'une guerre totale dans la région.

"Nous sommes coordonnés pour passer les messages de désescalade", a déclaré Stéphane Séjourné. "Nous ne voulons voir aucune escalade de la part d'aucune partie qui rende la situation encore plus difficile", a souligné de son côté son homologue américain Antony Blinken.

Le chef du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah, a affirmé jeudi que sa formation avait reçu "un coup sévère et sans précédent", accusant Israël d'avoir "franchi toutes les lignes rouges" en faisant exploser les appareils de transmission du groupe.

Dans un discours retransmis en direct, il a affirmé que "l'ennemi voulait tuer pas moins de 5000 personnes" en faisant exploser, deux jours de suite, les bipeurs et les talkies-walkies aux mains des membres du puissant mouvement pro-iranien.

"Le front du Liban ne s'arrêtera pas"

Hassan Nasrallah a assuré jeudi que son mouvement continuerait à attaquer Israël depuis le Liban pour soutenir son allié, le Hamas palestinien, "jusqu'à la fin de l'agression à Gaza".

"Le front du Liban avec Israël ne s'arrêtera pas avant la fin de l'agression à Gaza", a-t-il affirmé. Pendant son discours, l'aviation israélienne a survolé Beyrouth à basse altitude, franchissant le mur du son, selon des correspondants de l'AFP et l'agence nationale d'information (officielle)

EPA/ Keystone - Wael Hamzeh

"Terrible châtiment et juste rétribution"

Israël va recevoir "un terrible châtiment et une juste rétribution, là où il s'y attend et là où il ne s'y attend pas", a encore prévenu le chef du Hezbollah. Il a dit qu'il ne donnerait aucun détail sur "le timing, le lieu ou la nature" de la riposte que prépare son groupe.

Keystone

Le président français Emmanuel Macron a appelé jeudi "toutes les parties à agir pour éviter la guerre" après l'explosion de centaines de bipeurs et talkies-walkies utilisés par le mouvement islamiste libanais Hezbollah, a annoncé l'Elysée.

Lors d'entretiens téléphoniques avec le Premier ministre libanais Najib Mikati, le président de la Chambre des députés Nabih Berri et le commandant des forces armées libanaises Joseph Aoun, "il a marqué sa plus vive inquiétude suite à la série d'explosions au Liban qui contribuent à une escalade dangereuse des tensions dans la région" et appelé à la "retenue" et la "modération". Le chef de l'Etat a précisé qu'il allait aussi s'entretenir avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Les vols de la compagnie aérienne Swiss à destination de Tel Aviv demeurent interrompus. Swiss prolonge jusqu'au mardi 24 septembre la décision qu'elle a prise mardi soir après la première vague d'explosions des appareils de communication du Hezbollah.

La filiale de Lufthansa a pris cette décision après un examen minutieux de la situation au Proche-Orient, a-t-elle indiqué jeudi dans un communiqué. La sécurité des passagers et des équipages est la priorité absolue. Elle dit continuer de suivre la situation de près, des spécialistes évaluant en permanence toutes les informations disponibles et demeurant en contact permanent avec les autorités en Suisse et sur place.

C'est sur la base de ces éléments qu'une décision sur la reprise des vols sera prise. Les passagers peuvent modifier gratuitement la date de leur vol ou se faire rembourser intégralement le prix du billet.

Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a réaffirmé jeudi à Madrid son soutien total à la cause palestinienne lors d'une brève rencontre avec le président palestinien Mahmoud Abbas, qui l'a remercié pour "ses efforts".

Cette rare visite de Mahmoud Abbas en Espagne, avant qu'il ne se rende à New York pour l'Assemblée générale des Nations unies, était la première depuis que l'Espagne a reconnu, en même temps que l'Irlande et la Norvège, l'Etat palestinien en mai.

"Monsieur le président Abbas, l'Espagne a reconnu l'État de Palestine le 28 mai. Pourquoi est-ce une bonne chose? Parce que la Palestine existe et a le droit d'avoir son propre État", a lancé Pedro Sánchez lors d'une allocution commune des deux dirigeants, après un entretien d'une heure environ.

L'explosion successive, mardi puis mercredi, de pagers puis de talkies-walkies largement utilisés par des membres du Hezbollah libanais ont fait, au total, une trentaine de morts et plus de 3000 blessés, selon le dernier bilan communiqué jeudi.

Ces explosions amplifient les craintes d'une guerre à grande échelle. La Turquie a accusé Israël d'étendre la guerre au Liban, et plusieurs autres pays s'inquiètent d'un embrasement dans la région depuis l'annonce de Tel Aviv de réorienter ses forces vers la frontière libanaise. L'armée israélienne a d'ailleurs déclaré jeudi matin avoir ciblé des sites d'infrastructure du Hezbollah et un entrepôt d'armes lors de frappes aériennes dans le sud du Liban.

Une réunion entre représentants de la diplomatie américaine, française, allemande ou encore italienne doit se tenir jeudi après-midi à Paris pour discuter de la situation au Liban, mais aussi d’une trêve à Gaza. Les regards seront également tournés du côté libanais, puisque le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah doit s'exprimer vers 17h locales (16h en Suisse) sur les derniers événements.

>> Ecouter le sujet du 12h30 :

AP Photo/KEYSTONE - Bilal Hussein

>> Voir aussi le point de situation du 12h45 :

L'armée israélienne a indiqué avoir frappé dans la nuit sept sites militaires en lien avec les activités du Hezbollah, sur fond de craintes accrues de guerre à grande échelle avec le mouvement islamiste libanais.

L'armée de l'air "a frappé dans les régions de Chihine, Tayibe, Blida, Meiss El Jabal, Aitaroun et Kfarkela, dans le sud du Liban, ainsi qu'un entrepôt d'armes du Hezbollah dans la région de Khiam, toujours dans le sud du Liban", selon un communiqué de l'armée.

Le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan a accusé Israël d'"étendre la guerre au Liban" après la vague d'explosions perpétrées sur des appareils mobiles. "Nous constatons qu'Israël commence à intensifier ses attaques contre le Liban, étape par étape", a-t-il déclaré lors d'une interview à la chaîne de télévision publique TRT.

"L'escalade dans la région est inquiétante. Nous avons atteint le point où, face à ces opérations de plus en plus provocantes, l'Iran, le Hezbollah et leurs éléments proches n'ont d'autre choix que de réagir", a-t-il mis en garde.

Le ministre turc, qui se trouvait mercredi à Amman, a prévenu que "la Jordanie n'entend pas rester silencieuse face au fait accompli israélien, ce qui est également alarmant". "Il y a un risque de guerre qui impliquerait la Jordanie, l'Egypte et toute la région" a-t-il estimé, appelant la communauté internationale à y "mettre un terme avant qu'il ne soit trop tard".

Gouvernement nuisible y compris "pour l'avenir des Israéliens"

"Le gouvernement fanatique d'Israël poursuit une stratégie visant à éliminer toutes les menaces", a-t-il accusé. "Cette folie ne nuit pas seulement aux Palestiniens. Elle hypothèque également l'avenir des Israéliens" selon lui.

Ancien patron des puissants services de renseignements turcs, le MIT, Hakan Fidan a également noté que l'explosion à distance d'appareils de communications, bipeurs et talkies-walkies est "une méthode fréquemment utilisée par les services de renseignement".

"La différence ici est qu'elle se produit à très grande échelle. Israël a infiltré les entreprises impliquées dans les achats du Hezbollah grâce à des renseignements techniques et humains" a-t-il jugé.

Un citoyen israélien qui aurait été recruté par l'Iran afin de préparer des assassinats de personnalités israéliennes, parmi lesquelles le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Yoav Gallant, a été arrêté, ont indiqué la police et le renseignement intérieur israélien.

Le suspect est "un homme d'affaires qui a vécu en Turquie pendant une longue période". Selon la police israélienne, il entretenait des liens avec des Turcs et des Iraniens, qui l'ont mis en relation par téléphone avec un "riche homme d'affaires en Iran nommé Eddie". Il serait entré clandestinement en Iran en mai 2024 pour une rencontre en personne avec Eddie, ce dernier pouvant difficilement quitter l'Iran.

Deux voyages en Iran

Lors de cet entretien, l'Israélien arrêté aurait rencontré un certain "Hajjah", présenté comme un agent de sécurité iranien. Il lui a été proposé d'effectuer des missions de sécurité pour l'Iran en Israël, notamment de transférer "de l'argent ou une arme", de photographier "divers endroits bondés" et de menacer des citoyens israéliens déjà approchés par l'Iran pour qu'ils se conforment aux instructions, ajoute la police.

C'est au cours d'une deuxième visite en Iran en août dernier que le suspect israélien s'est vu proposer d'assassiner des personnalités en Israël pour se venger de l'assassinat à Téhéran, le 31 juillet, de l'ex-chef du mouvement islamiste Hamas Ismaïl Haniyeh.

Attaqué ces derniers jours sur ses moyens de communication, avec des pertes humaines importantes à la clé, le Hezbollah a subi un "coup dur", estime Karim Bittar jeudi dans La Matinale. Mais selon le chercheur, la milice chiite conserve une grande force de frappe.

"Sa capacité d'infliger des dégâts demeure considérable. Si Israël devait poursuivre dans cette fuite en avant, il dispose certainement d'un avantage technologique, mais le Hezbollah pourrait tout à fait empêcher une invasion terrestre au Liban, ou en tout cas lancer des missiles de longue portée qui pourraient viser des villes israéliennes."

Selon l'expert, c'est précisément parce que la milice chiite est forte au niveau terrestre qu'Israël a opté pour une attaque par la voie technologique. "Israël profite des faiblesses du Hezbollah, qui a été infiltré. Ses services de renseignements sont particulièrement présents sur la scène libanaise et ils ont plusieurs longueurs d'avance en matière de technologie. Cela ne veut pas dire pour autant que leurs objectifs de guerre sont atteints", explique-t-il.

>> Pour plus d'informations : Karim Bitar: "La capacité du Hezbollah d'infliger des dégâts demeure considérable"

Le Hezbollah libanais a annoncé la mort de 20 de ses membres entre mercredi soir et jeudi matin, tués selon une source proche de la formation pro-iranienne dans les explosions de talkies-walkies attribuées à Israël.

Une nouvelle vague d'explosions d'appareils de transmission du Hezbollah a fait mercredi 20 morts et plus de 450 blessés à travers le Liban, selon les autorités. Elle est intervenue au lendemain d'une première vague d'explosions de bipeurs, un système de radiomessagerie utilisé par le mouvement islamiste pro-iranien, qui avait fait douze morts et près de 2800 blessés.

Il reste encore beaucoup d'inconnues après les explosions de bipeurs et de talkie-walkies ces derniers jours au Liban. Les services secrets israéliens sont pointés du doigt, sans confirmation, et la trace des appareils va de Taïwan à la Hongrie en passant par le Japon. Et une question est sur toutes les lèvres: comment peut-on pirater de tels appareils?

Pour Baptiste Robert, "hacker" éthique et président de PredictLab, c'est une attaque sophistiquée qui demande de la technicité et beaucoup de moyens, une attaque sans précédent à ses yeux. Interrogé dans La Matinale, cet expert en cybersécurité explique que de l'explosif a été ajouté au sein des bipeurs, "à peu près 20 grammes pour que cela passe inaperçu", ainsi qu'un détonateur pour pouvoir déclencher l'explosif. Il évoque également une augmentation de la chaleur due à la batterie.

Baptiste Robert relève en outre que le logiciel interne du bipeur a également dû être modifié pour que l'explosion se déclenche quand il reçoit un certain message.

>> L'interview de Baptiste Robert dans La Matinale :

Keystone - Hussein Malla

Les explosions des derniers jours au Liban, qui ont fait une trentaine de morts selon les derniers bilans, suscitent la sidération dans le pays, alors que les hôpitaux sont surchargés, notamment à Beyrouth.

Devant l’hôpital universitaire Mont Liban, en lisière de la capitale, des familles attendent des nouvelles de leurs proches blessés. Une soixantaine de patients, pour la plupart membres du Hezbollah, sont hospitalisés dans l'établissement.

Malgré les divisions politiques dans le pays, nombre de Libanais sont venus donner leur sang, à l'image de Dima, interrogée dans La Matinale: "Nous devons être les uns aux côtés des autres, laisser la politique de côté, considérer l’humain, laisser nos différends de côté. Nous sommes un même pays. Quand j’ai appris les attaques, j’ai été stupéfaite. C’est une guerre, une guerre électronique, une situation dangereuse."

Dans la banlieue sud de Beyrouth, un quartier densément peuplé qui est aussi un bastion du Hezbollah, la vie a eu des airs de normalité jusqu'à ces explosions. Mais désormais, l'angoisse domine, confie Mohamed, qui habite là: "Ce qui s’est passé sort de la normalité, c'est inédit. Ceux qui ont mené les attaques n’ont pas de sens moral. Les gens ont repris le travail comme d’ordinaire, mais il y a une fatigue psychologique, surtout chez ceux qui ont des proches blessés. Mais au Liban, nous sommes habitués à ce genre d’événements."

>> Le reportage de La Matinale :

KEYSTONE - EPA/WAEL HAMZEH

Le fabricant japonais Icom a fait savoir qu'il avait cessé de produire depuis longtemps le modèle de talkie-walkie soupçonné d'avoir explosé mercredi au Liban, tuant des membres du Hezbollah.

"Le IC-V82 est une radio portable qui a été produite et exportée, y compris au Moyen-Orient, de 2004 à octobre 2014. Elle a été abandonnée il y a environ 10 ans, et depuis lors, elle n'a pas été expédiée par notre société", a-t-il détaillé, réagissant à des informations du New York Times et de médias israéliens qui ont évoqué ce modèle.

"La production des piles nécessaires au fonctionnement de l'unité principale a également été interrompue, et le sceau holographique permettant de distinguer les produits contrefaits n'a pas été identifié, de sorte qu'il n'est pas possible de confirmer si le produit a été expédié par notre société", a déclaré l'entreprise.

"Toutes nos radios sont fabriquées dans notre filiale de production, Wakayama Icom Inc. dans la préfecture de Wakayama, dans le cadre d'un système de gestion strict, de sorte qu'aucune pièce autre que celles spécifiées par notre société n'est utilisée dans un autre produit. En outre, toutes nos radios sont fabriquées dans la même usine, et nous ne les fabriquons pas à l'étranger", a complété Icom.

Un porte-parole de la Maison Blanche a mis en garde mercredi contre toute "escalade" après la vague d'explosions d'appareils de transmission du Hezbollah mardi et mercredi.

Les Etats-Unis ne sont "pas impliqués" dans ces opérations, a dit John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale, qui n'a pas voulu faire plus de commentaire sur l'origine de ces explosions.

>> A Lire : Au moins 20 morts dans de nouvelles explosions d'appareils de communication du Hezbollah au Liban