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Un an de guerre en cartes et en chiffres

Un an après l'attaque du 7 octobre 2023, le bilan de la guerre entre Israël et le Hamas est accablant: plus de 40'000 morts, dont une majorité de femmes et d'enfants, plus de deux millions de déplacés et des dizaines d'otages toujours retenus. Retour en cartes sur le conflit qui a ravagé Gaza et qui s'étend désormais au Liban.

C'était il y a un an: le 7 octobre à l'aube, le Hamas lance son attaque nommée "Déluge d'al-Aqsa", du nom de la mosquée construite sur l'esplanade des mosquées à Jérusalem, troisième lieu saint de l'islam. Objectif officiel: pousser le gouvernement israélien à libérer des prisonniers palestiniens et mettre fin à l'occupation.

Plus de 3000 roquettes sont tirées depuis la bande de Gaza en direction de l'Etat hébreu. La majorité d'entre elles sont interceptées par le Dôme de fer, le système de défense aérien mobile israélien. En parallèle, des combattants du Hamas éventrent à plusieurs endroits le Mur de fer, cette immense clôture qui encercle la bande de Gaza, composée à la fois de béton, de grillages et de hautes technologies, et pénètrent sur le territoire israélien.

Des villes et des villages sont violemment attaqués, ainsi que deux festivals de musique et une fête sur la plage vers Zikim. Selon Human Rights Watch, le Hamas a commis des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité: les combattants ont exécuté des civils arbitrairement, ont tiré à bout portant sur des personnes qui tentaient de fuir et ont incendié ou détruit des maisons à coups de grenades et de roquettes, parfois avec leurs occupants toujours à l'intérieur.

Le bilan humain, selon les chiffres du gouvernement israélien, est sans précédent: 1209 morts au total, 859 civils et 350 soldats et policiers. De surcroît, 253 personnes, dont des personnes âgées et des enfants, sont enlevées et emmenées en direction de Gaza. Un an plus tard, une centaine d'otages sont toujours portés disparus.

Une destruction massive

C'est un autre déluge qui s'abat alors sur les Palestiniens. Un déluge de bombes. "L'ennemi paiera un prix jamais vu auparavant" promet le Premier ministre Benjamin Netanyahu, quelques heures après l'attaque surprise du Hamas. Israël frappe lourdement la bande de Gaza. Le gouvernement déclare un siège complet de l'enclave, déjà soumise à un lourd blocus.

Le 12 octobre, Israël ordonne aux habitants du nord d'évacuer vers le sud, et le 27 octobre, les troupes pénètrent à Gaza. Cette opération, nommée "Glaives de fer", vise à détruire le Hamas et libérer les otages. Elle est toujours en cours.

En décembre, les troupes israéliennes entrent à Khan Younès. En mai, malgré une forte opposition internationale, les soldats lancent une opération terrestre sur Rafah. La Cour internationale de justice ordonne le 25 mai l'arrêt immédiat de l'offensive à Gaza.

Sourd à cette demande, Israël intensifie ses frappes aériennes sur Rafah. Le 18 septembre, l'Assemblée générale des Nations unies adopte à une écrasante majorité une résolution exigeant la fin de l'occupation de la Palestine dans les douze prochains mois.

Depuis l'attaque surprise du Hamas le 7 octobre 2023, selon les données de l’ONG américaine Armed Conflict Location and Event Data (ACLED), Israël a frappé la bande de Gaza plus de 13'300 fois. Environ 6200 sont des attaques de drones et 5000 sont des tirs d’artillerie ou de roquettes. De son côté, les combattants du Hamas continuent d'envoyer des roquettes vers Israël, la plupart interceptées par le Dôme de fer.

Une situation humanitaire dramatique

Coincés dans l'enclave, les habitants paient un tribut sans précédent. La nourriture, l’eau, le carburant, les infrastructures de santé, le matériel médical ainsi que des fournitures humanitaires essentielles manquent. Le risque de propagation de la polio est élevé et l’accès du personnel humanitaire est totalement entravé.

L’entrée de l’aide humanitaire à Gaza est restreinte et les habitants font face à la famine. Les installations d'eau ou d'assainissement ont été détruites dans les bombardements. Seuls quelques hôpitaux fonctionnent encore. Selon les Nations unies, il faudrait 15'000 camions d'aide par mois pour répondre aux besoins fondamentaux des Palestiniens encore bloqués à Gaza. Durant le mois de septembre 2024, seuls 1579 camions ont pu pénétrer dans l'enclave pour venir en aide à la population.

Un conflit qui s'étend au Liban

Le lendemain du 7 octobre, la branche militaire du Hezbollah tire des missiles et des roquettes sur le nord d'Israël depuis sa base au Liban, en solidarité avec son allié le Hamas. Depuis, Israël et le Hezbollah échangent de nombreux tirs de part et d'autre de leur frontière, faisant des victimes parmi les combattants et les civils, poussant la population à fuir, détruisant maisons, villages et terres agricoles.

En juillet, une roquette tirée depuis le Liban tue 12 enfants dans une ville contrôlée par Israël. Israël riposte par une frappe aérienne qui tue un haut commandant du Hezbollah dans la banlieue sud de Beyrouth. En septembre, Israël lance une attaque surprise et fait exploser des bipeurs et des talkies-walkies piégés de membres du Hezbollah: le dernier bilan officiel fait état de 37 morts et 3000 blessés.

Quelques jours plus tard, des raids aériens bombardent des régions du Liban au sein desquelles le Hezbollah exerce une influence, tuant le chef historique du groupe, Hassan Nasrallah. Début octobre, les troupes israéliennes pénètrent dans le sud du Liban.

De multiples zones de combat

En plus de Gaza et du Liban, Israël est actuellement engagé sur cinq fronts supplémentaires. En septembre, des rebelles  houthis tirent des missiles de croisière sur le territoire israélien depuis le Yémen, par solidarité avec les Palestiniens de Gaza.

Les forces israéliennes effectuent aussi plusieurs frappes en Syrie, tuant de haut-gradés iraniens et des commandants du Hezbollah. L'Iran répond à coups de missiles, une première dans l'histoire. En Irak, des milices iraniennes attaquent des bases du service secret israélien.

Enfin, en Cisjordanie, la tension est à son comble. Plus de 1600 Palestiniens ont été déplacés depuis le 7 octobre 2023 dans le cadre d'incidents impliquant des colons israéliens. La semaine passée, un raid aérien visant, selon l’armée israélienne, le chef du Hamas à Tulkarem, fait au moins dix-huit morts, dont plusieurs civils. Les opérations militaires de plus en plus fréquentes en Cisjordanie s’ajoutent aux frappes sur Gaza, celles au sud du Liban et celles destinées aux alliés de l’Iran.

Cécile Denayrouse

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