À Gaza, un Noël sans joie et sous les bombes pour les chrétiens orthodoxes

Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour la bande de Gaza a annoncé mercredi qu'au moins 51 personnes avaient été tuées au cours des dernières 24 heures dans le territoire palestinien, théâtre de plus de 15 mois de guerre avec Israël.

Cela porte le bilan total à 45'936 morts, a-t-il indiqué dans un communiqué, ajoutant que 109'274 personnes avaient également été blessées dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre.

Au Liban, la trêve entre Israël et le Hezbollah, entrée en vigueur fin novembre, reste fragile. Depuis son instauration, plus de trente personnes ont perdu la vie à la suite des frappes israéliennes, et Beyrouth dénonce le retrait partiel de l’armée israélienne du Sud-Liban, n’ayant évacué qu’un tiers des territoires occupés.

Pourtant, malgré ces tensions persistantes, la vie reprend timidement dans certaines villes, comme à Nabatiyeh, où les habitants tentent de se reconstruire après deux mois de bombardements israéliens cet automne.

"Il faut aller de l’avant"

Dans le centre de la ville située au Sud du Libam, les ruines sont omniprésentes, mais quelques drapeaux du Hezbollah flottent encore. Mustapha Badreddine, médecin local, s’apprête à rouvrir son cabinet dès que les réparations seront terminées. Il reste cependant prudent: "Ça va être très fragile…", témoigne-t-il mercredi dans La Matinale.

Les habitants de Nabatiyeh, nombreux à avoir perdu leurs biens, ne comptent souvent que sur leurs propres moyens pour repartir. Raed Moukalled, par exemple, a vu son commerce de cinq étages être bombardé.

Malgré cela, il vient de louer un nouveau bâtiment pour relancer son activité. "Je ne peux pas m’arrêter de travailler, avec mon frère. La vie continue. Si les Israéliens décident de bombarder à nouveau, je ne peux pas mettre ma vie en suspens. Il faut aller de l’avant", confie-t-il au micro de la RTS.

>> Le reportage à Nabatiyeh dans La Matinale :

RTS - La vie reprend dans le sud du Liban après le retrait des troupes israéliennes.

Quelques dizaines de membres de la communauté chrétienne orthodoxe de Gaza se sont réunis pour célébrer Noël dans l'église richement décorée de Saint-Porphyre, au cœur de la ville de Gaza, presque entièrement ravagée par l'armée israélienne.

Dans la cour de l'église, partiellement endommagée lors d'un raid aérien en octobre 2023, les ravages de l'assaut sont clairement visibles. Une vingtaine de chrétiens palestiniens avaient péri dans cette frappe israélienne, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Assis sur des bancs en bois, des hommes et des femmes âgés ont rejoint l'archevêque Alexios de Tibériade pour réciter des prières et allumer des cierges avec l'espoir de voir la fin du siège de leur territoire, qui dure depuis maintenant 15 mois. Avant le début de l'invasion israélienne, un peu plus d'un millier de chrétiens de diverses traditions étaient recensés dans la bande de Gaza.

"Des bombardements, des massacres, un génocide"

"Les fêtes se limitent aux prières seulement, sans cadeaux pour les enfants, sans joie ni signes de joie pour les enfants", témoigne Ramez al-Suri, membre de cette communauté orthodoxe. "Nous espérons et demandons à tous les pays d'aider à instaurer un cessez-le-feu" à Gaza. "Depuis 15 mois, toutes nos prières sont pour l'amour et la paix", a-t-il ajouté.

"Nous nous réveillons toutes les minutes avec des bombardements, des massacres, un génocide", témoigne une autre personne, rencontrée devant l'église.

Des sources médicales dans la bande de Gaza ont rapporté que plusieurs frappes israéliennes avaient visé mardi soir la ville de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, tuant 11 personnes, dont sept enfants.

Au moins cinq frappes ont touché des secteurs de Khan Younès, dont une dans la zone d'Al-Mawasi, où des milliers de Palestiniens déplacés vivent dans des tentes.

Quatre enfants ont été tués lorsqu'une frappe de drone a touché leur tente, a affirmé le ministère de la Santé du Hamas, tandis qu'un témoin a rapporté que plusieurs tentes avaient pris feu à cause de l'attaque, qui a également blessé plus de 20 personnes.

Selon la Défense civile de Gaza, deux autres personnes ont été tuées lorsqu'une frappe a ciblé une voiture à Khan Younès. Enfin, cinq autres personnes, dont trois enfants, ont été tuées et plusieurs blessées dans une frappe séparée sur une maison, toujours à Khan Younès, selon la même source. L'armée israélienne n'a pas fait de commentaire dans l'immédiat.

La campagne militaire israélienne a fait au moins 45'885 morts à Gaza, essentiellement des civils, selon les chiffres des autorités locales jugées fiables par l'ONU.

La mairie de Toulouse refuse d'accueillir l'exposition "We did what we could", consacrée à Gaza et organisée par Médecins sans frontières (MSF), en raison d'un "risque évident de trouble à l'ordre public", a-t-elle justifié mardi, confirmant une information de la presse locale. Dans une lettre ouverte au maire, l'ONG dénonce une décision "consternante".

L'exposition devait se tenir du 6 au 26 janvier 2025 au sein de l'Espace Diversités Laïcité, un lieu culturel géré par la municipalité. Évoquant les "énormes tensions sur notre territoire" en lien avec "l'attaque terroriste du 7 octobre (...), la guerre à Gaza et plus largement au Proche-Orient", la mairie a estimé qu'il n'était "pas possible de donner une suite favorable à cette proposition" d'exposition.

"Censure" et "négation de la souffrance palestinienne"

La municipalité dirigée par Jean-Luc Moudenc (Divers droites) avait déjà interdit plusieurs manifestations liées à l'invasion de Gaza.

Dans une lettre ouverte à l'élu, la présidente de MSF Isabelle Defourny se dit "consternée" par ce refus d'accueillir cette exposition. Celle-ci a été présentée à Bayeux, dans le Calvados, lors du Prix des Correspondants de Guerre en octobre 2024 "sans qu'aucun trouble n'ait été rapporté", souligne-t-elle.

Selon l'ONG, la position de la mairie fait l'amalgame entre d'autres évènements lié au conflit et "une exposition, présentée par une association humanitaire engagée sur le terrain et destinée à rendre compte du sort des Gazaouis". Un amalgame "inacceptable", fustige-t-elle, qui "procède d'une logique de décrédibilisation et de censure de celles et ceux qui tentent d'alerter sur les atrocités en cours à Gaza, et de négation de la souffrance de la population palestinienne".

Les discussions sur une trêve à Gaza se poursuivent à un niveau "technique", a affirmé le Qatar, qui joue le rôle de médiateur entre Israël et le Hamas.

"Les réunions techniques se poursuivent entre les deux parties", a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères du Qatar, en faisant référence aux discussions entre les représentants des principaux négociateurs sur les détails d'un accord.

Il n'y a pas de délégation de "niveau plus élevé" en ce moment, a-t-il ajouté.

"Beaucoup de sujets sont en discussion", a indiqué le responsable qatari, qui a dit ne pas vouloir entrer dans les détails "pour protéger l'intégrité des négociations".

Les négociations indirectes ont repris ce week-end dans la capitale qatarie Doha. Le dernier cycle de négociations s'était achevé le mois dernier sans succès, les deux parties s'accusant mutuellement de les bloquer.

L'armée israélienne a indiqué avoir tué trois activistes palestiniens dans des opérations de "contre-terrorisme" dans le nord de la Cisjordanie occupée, le Croissant-Rouge faisant état d'un adolescent de 18 ans parmi eux.

Deux activistes ont été tués quand l'armée de l'air a frappé une "cellule terroriste armée" qui a ouvert le feu sur les forces israéliennes menant un raid dans la localité de Tammoun, a dit l'armée israélienne dans un communiqué, ajoutant que des individus avaient été arrêtés et que des armes avaient été saisies.

Le Croissant-Rouge palestinien a déclaré que cinq autres personnes avaient été gravement blessées au cours du raid israélien.

Dans une opération séparée, l'armée israélienne dit avoir tué un activiste "lors d'un combat rapproché" dans le village de Talouza, près de la ville de Naplouse, confisquant un AK-47 et arrêtant une personne. Le Croissant-Rouge palestinien a dit avoir récupéré le corps de l'homme, âgé de 40 ans.

Le ministère palestinien de la Santé basé à Ramallah a confirmé un décès à Tammoun et un autre à Talouza.

Les autorités israéliennes ont prorogé leur ordre de fermeture du bureau d'Al Jazeera à Ramallah, en Cisjordanie occupée, quelques jours après que l'Autorité palestinienne y a suspendu la diffusion de la chaîne qatarie pour quatre mois. La prolongation s'applique, à partir du 22 décembre, pour 45 jours.

Les forces israéliennes et le gouvernement israélien s'en étaient déjà pris à la chaîne qatarie avec l'approbation en mai d'une décision interdisant à Al Jazeera d'émettre depuis Israël et en fermant ses bureaux pour 45 jours, prolongée pour la quatrième fois en septembre.

L'Autorité palestinienne a de son côté décidé le 2 janvier de suspendre la diffusion et les activités d'Al Jazeera dans les Territoires palestiniens, l'accusant notamment d'"incitation à la sédition" et d'"ingérence" dans ses affaires.

>> A Lire : L'ONU accuse l'armée israélienne d'avoir tiré à nouveau sur un de ses convois à Gaza