«Nous sommes dans la phase de dépôt de l'étude d'impact», a
déclaré Philippe Petitpierre, administrateur de l'entreprise
veveysanne lors d'un entretien avec l'ats. Cette partie, la plus
importante de la demande d'autorisation de forage, a trait aux
effets du forage sous le lac, mais aussi aux impacts qui pourraient
affecter la surface.
Parallèlement à ces démarches administratives menées avec les
services concernés du canton de Vaud, la filiale de Gaznat qui approvisionne la Suisse
romande en gaz naturel, recherche un opérateur européen capable de
répondre à son cahier des charges. Il sera le futur partenaire
technique du forage.
Une fois ces obstacles franchis et le contrat signé avec
l'opérateur, une trentaine de personnes graviteront autour de la
plate-forme. «Nous aurons des connaissances précises de la
situation du sous-sol en juillet 2009», relève
l'administrateur.
Un pari qui pourrait rapporter gros
L'entreprise
pourrait découvrir jusqu'à plusieurs fois la consommation annuelle
suisse de gaz naturel.
Philippe
Petitpierre
Le projet sur lequel veille
Philippe Petitpierre a pour origine des recherches sismiques
réalisées dans les années 80. Réévaluées il y a une dizaine
d'années grâce à de nouvelles techniques informatiques, elles ont
révélé une structure géologique susceptible d'abriter un gisement
de gaz dans les roches au large de Montreux (VD).
«A la fin des années 90, personne n'aurait pris le risque de
rechercher des hydrocarbures dans la région. Les champs
pétrolifères d'Arabie saoudite en regorgeaient», raconte
l'entrepreneur.
Le baril de brut se montait alors à neuf dollars. «Aujourd'hui, vu
la flambée des prix de l'énergie ,
nous n'aurions aucune peine à trouver des partenaires»,
remarque-t-il.
«Nous espérons trouver du gaz naturel plutôt que du pétrole»,
relève Philippe Petitpierre. Pour cette première phase,
l'investissement se montera à près de 20 millions.
Le pari est certes risqué, mais il pourrait rapporter gros. Dans
le pire des cas, l'entreprise fera chou blanc. Dans le meilleur,
elle pourrait découvrir jusqu'à plusieurs fois la consommation
annuelle suisse de gaz naturel.
ats/ant
Milieu du Haut-Lac
Le puits que l'entreprise veut creuser se situe sur la commune de Noville (VD). Les roches à même d'abriter des hydrocarbures se trouvent au milieu du Haut-Lac à mi-distance entre l'embouchure du Rhône et le port de Clarens.
Si la tour de forage d'une trentaine de mètres sera visible localement, elle ne défigurera pas l'auguste château de Chillon. Elle sera située près des rives du lac, vers les Grangettes où elle avoisinera des arbres de même hauteur. Les travaux n'auront aucun impact sur l'environnement, assurent les promoteurs.
«Le projet n'a pour l'heure pas suscité d'oppositions des services publics. Pour les privés, nous verrons», relève Philippe Petitpierre qui se montre confiant. «En communiquant, nous avons pu rassurer les personnes que rendaient perplexes de tels travaux sous le lac».
Sous cloche
Les forages sonderont les entrailles du Léman jusqu'à une profondeur de près de trois kilomètres. La réserve éventuelle d'hydrocarbures (anticlinal) a la forme d'une cloche. Dans la partie bombée se trouve la roche-mère qui pourrait contenir des hydrocarbures piégés sous le toit de l'anticlinal.
Si le premier puits révèle des richesses énergétiques, entre dix et 20 autres pourraient être forés, en s'écartant du toit de l'anticlinal. Le financement (20 millions par puits) se fera en valorisant les hydrocarbures recueillis.