Sur les dix cas examinés par l'évêché, dont certains remontent à
plusieurs décennies, deux ont été annoncés après que l'affaire du
prêtre schwytzois a été révélée dans la presse. Huit cas étaient
par contre connus déjà avant. Dans un cas, l'auteur est décédé.
L'évêché a demandé aux autres personnes de prendre contact avec
les six personnes du groupe "abus sexuels dans l'accompagnement
spirituel", composés de psychologues, de théologiens et de
juristes.
Pas de lien avec le prêtre schwytzois
"Nous voulons aider les victimes", a déclaré le vicaire. Dans le
même temps, l'évêché veut examiner ce qui s'est passé au cours des
50 dernières années. Depuis son entrée en fonction en 1982, le
vicaire a déclaré n'avoir eu connaissance que d'environ une
demi-douzaine de cas d'abus sexuels par des prêtres.
Aucun des nouveaux cas ne concerne le prêtre et administrateur de
paroisse schwytzois qui a avoué avoir abusé d'enfants en Autriche
et en Allemagne, a précisé Christoph Casetti. Les abus commis font
l'objet d'une enquête pénale dans le Vorarlberg autrichien.
L'évêché de Bâle tente quant à lui de faire la lumière sur les
actes de ce prêtre.
Selon ses archives, les dirigeants de l'évêché de Bâle savaient
apparemment que le prêtre avait dû quitter ses précédents postes
"en raison d'actes sexuels non autorisés" lorsqu'il a été engagé,
écrit l'institution vendredi sur son site internet, selon une
information révélée par la télévision alémanique SF.
L'évêché admet son "erreur"
En accord avec les supérieurs de l'ordre, "l'engagement du
prêtre s'est fait sous les conditions suivantes: traitement médical
et accompagnement par l'abbé responsable en tant que supérieur et
'père spirituel'", poursuit le texte. Le religieux schwytzois a
exercé 16 ans au sein de l'évêché de Bâle.
Bien qu'à la connaissance actuelle de la direction de l'évêché "le
prêtre ne se soit rendu coupable d'aucun acte pédophile durant ses
16 années de présence, les circonstances de son engagement (...)
doivent être considérées aujourd'hui comme une erreur
d'appréciation indéfendable", conclut le document.
Pour mémoire, le prêtre schwytzois a reconnu mercredi avoir abusé
sexuellement d'enfants à Birnau (Allemagne) et à Mehrerau
(Autriche). Il a immédiatement démissionné après ses aveux.
L'évêché de Coire avait alors fait savoir qu'il n'était pas au
courant de ces actes.
Monastère d'Ensiedeln touché
Le scandale des prêtres pédophiles éclabousse aussi le vénérable
monastère d'Einsiedeln (SZ). Cinq moines de la communauté ont été
impliqués dans des affaires d'attouchements et, dans un cas, d'abus
sexuel, selon l'abbé Martin Werlen. Ils ont continué à vivre au
sein de la communauté bénédictine, a indiqué vendredi l'abbé Martin
Werlen dans une prise de position écrite.
Il confirmait une information de l'émission "Schweiz Aktuell" de
la télévision alémanique SF. Ceux qui enseignaient au collège en
ont été éloignés, a-t-il précisé.Aucune plainte n'a été déposée
soit parce que les victimes ont renoncé à le faire, soit parce que
les experts externes mandatés alors ont jugé que leurs actes
n'étaient pas punissables, justifie-t-il.
Et de lancer un appel à d'éventuelles autres victimes de se faire
connaître, afin que toute la lumière soit faite. Les premiers cas
remontent aux années 70. Le monastère d'Einsiedeln s'est doté en
1998 de lignes directrices en cas d'abus sexuel. Les moines
concernés bénéficient depuis lors de thérapies stationnaires ou
ambulatoires et d'un accompagnement spécialisé.
Pas de dénonciation active
Toutefois, les abus commis par des religieux n'appartiennent pas
qu'au passé. La Conférence des évêques suisses a reçu 60 plaintes
ces quinze dernières années, selon le directeur de la commission
chargée par la Conférence des évêques suisses (CES) de gérer les
abus sexuels des prêtres, le juriste Adrian von Kaenel.
Mais l'Eglise catholique ne dénonce pas activement les coupables à
la justice, explique-t-il. Elle laisse aux victimes le soin de
déposer plainte. Par la voix de son porte-parole, le président de
la CES Norbert Brunner a indiqué qu'il ne voyait pas de nécessité
de changer cette manière de faire.
ats/dk
Le parcours du prêtre schwytzois
Le texte de l'évêché de Bâle donne également des détails sur le parcours de cet homme ces dernières décennies. Il est actif dès 1971 à l'évêché de Bâle, en tant qu'auxiliaire dans la paroisse de Baden (AG). Il est ensuite nommé vicaire en 1978. L'évêque Anton Hänggi, décédé depuis, est en charge de l'évêché de Bâle en ce temps-là.
En 1987, le prêtre est rappelé par son monastère en Allemagne "en raison d'un grave manque de personnel". C'est en 1992 qu'il revient en Suisse et devient administrateur paroissial dans le canton de Schwyz, à Schübelbach.
Cette année-là, l'évêché de Bâle était dirigé par Otto Wüst et celui de Coire, dont dépend la paroisse de Schübelbach, par l'évêque controversé Wolfgang Haas. Ce dernier n'était pas atteignable vendredi pour une prise de position. Quant à Otto Wüst, il est décédé en 2002.
L'évêché de Bâle n'a plus suivi le parcours professionnel de son ancien employé après son départ pour le canton de Schwyz. Et d'ajouter qu'il "n'y a pas trace dans les archives que d'autres instances de l'église aient présenté des demandes à son sujet" au cours des années suivantes.
Lettre du pape sur la pédophilie prévue samedi
Outre la Suisse, les scandales liés aux prêtres pédophiles touchent l'Irlande, l'Allemagne, l'Autriche, les Pays-Bas, mais aussi l'Espagne, l'Italie et le Brésil.
La diffusion d'une lettre du pape aux catholiques irlandais est attendue samedi. Il s'agira du premier document officiel de l'Elise catholique sur la pédophilie.