Réagissant aux révélations d'abus sexuels présumés commis par
des prêtres, la Conférence des évêques suisses a publié une
déclaration dans laquelle elle
"encourage tous ceux qui ont souffert d'abus à s'annoncer auprès
des centres de consultation pour les victimes" et, le cas échéant,
à porter plainte.
En conférence de presse à Berne, le président de la CES Norbert
Brunner a aussi appelé les auteurs de ces abus "à assumer leurs
fautes et à s'annoncer à l'autorité compétente", sans donner plus
de précision. Les responsables dans les diocèses et les ordres
religieux ont commis des erreurs. L'institution estime important
qu'une transparence totale soit faite sur le passé.
Application ferme
La CES appliquera avec fermeté les directives qu'elle a édictées
sur le sujet en 2002 et complétées l'an dernier, poursuit-elle. Ces
directives posent comme prioritaires les intérêts de la victime, la
prévention des abus et une procédure systématique à l'encontre de
leurs auteurs.
Autre point au centre des débats: le recours à la justice. Pour
l'instant, l'Eglise ne dénonce pas systématiquement les coupables.
La CES examinera ce point "de manière approfondie" lors de sa
séance du mois de juin. "Je pense que nous irons dans cette
direction", a précisé Norbert Brunner.
Une liste centrale à l'étude
La Conférence des évêques
suisses a aussi indiqué qu'elle se penchera sur la création d'une
liste centrale des prêtres pédophiles lors de sa réunion de juin. A
ses yeux, il est important d'arriver à une information réciproque
automatique entre ordres religieux et diocèse.
"Je ne sais pas si une liste centrale, nationale ou
internationale, est le meilleur instrument pour atteindre ce but",
a souligné le président de la CES Norbert Brunner. "Mais c'est une
piste que la conférence entend étudier."
Le président de la Conférence n'a toutefois pas caché son
scepticisme, soulignant qu'une liste était utile pour autant
qu'elle soit complète. "Il ne faut pas oublier que l'efficacité de
cet outil est controversée tant au sein de l'Eglise que dans les
institutions civiles", a-t-il ajouté.
La proposition d'une "liste noire" a été lancée par l'abbé
d'Einsiedeln Martin Werlen. Elle a depuis remporté le soutien de la
présidente de la Confédération Doris Leuthard. Dans un sondage
publié le week-end dernier, 80% des Suisses se disent en outre
favorable à cette mesure.
ats/boi
Célibat pas remis en question
Quant à la question du célibat des prêtres, la Conférence des évêques suisses refuse de l'amener dans le débat.
"Les abus sexuels n'ont rien à voir avec ça", a insisté son président Norbert Brunner.
Si l'évêque défend l'ordination de prêtres mariés, c'est pour d'autres raisons.
Elle serait une possibilité pour certains hommes de suivre leur vocation, a-t-il expliqué.
Mais pour le moment, le sujet n'est pas d'actualité au sein de l'Eglise catholique-romaine.
Une polémique mondiale
Cette déclaration de la Conférence des évêques suisses intervient alors que des scandales de pédophilie impliquant le clergé catholique s'étendent dans toute l'Europe et aux Etats-Unis.
Le pape Benoît XVI a fermement condamné ces abus, mais il est lui-même au coeur d'une polémique, accusé d'avoir fermé les yeux sur les abus sexuels commis par des prêtres.