Ces propos critiques viennent s'ajouter au tollé provoqué par la lecture faite
par le prédicateur du Vatican Raniero Cantalamessa, qui a dressé un
parallèle entre les attaques lancées contre le pape Benoît XVI et
l'antisémitisme. Une autre polémique est née en Irlande suite aux
propos du chef des anglicans qui a déclenché samedi une vive
controverse en estimant que l'Eglise catholique d'Irlande avait
perdu toute crédibilité à cause du scandale des prêtres pédophiles,
avant de présenter ses excuses face au tollé (lire
ci-contre).
Examiner les "côtés obscurs" de l'Eglise
Le président de la conférence des évêques allemands, Mgr Robert
Zollitsch, a estimé dans son message de Pâques qu'il fallait
examiner "les côtés obscurs de l'Eglise" et réaffirmé qu'un nouveau
départ était nécessaire après les scandales de pédophilie.
"Il faut en particulier aujourd'hui nous mettre en route ensemble
et examiner les événements inconcevables, les crimes épouvantables,
les côtés obscurs de l'Eglise ainsi que nos parts d'ombre", a-t-il
estimé dans un message écrit publié à l'occasion de Pâques sur le
site internet de l'archevêché de Fribourg, qu'il dirige.
Des révélations quasi quotidiennes
"L'Eglise ne doit pas rester inactive: nous avons besoin d'un
nouveau départ", a réaffirmé le prélat. Mgr Zollitsch avait déjà
souhaité que le Vendredi Saint constitue un "nouveau départ" alors
que depuis des semaines, l'Eglise catholique allemande est secouée
par des révélations quasi quotidiennes d'anciennes affaires d'abus
sexuels.
La communauté catholique éprouve "chagrin et douleur qui la
laissent sans voix", a-t-il estimé ajoutant l'Eglise "traverse des
mois de turbulences affligeantes et douloureuses". Les scandales de
pédophilie impliquant le clergé catholique touchent toute l'Europe
et les Etats-Unis (lire ci-dessous).
Le pape Benoît XVI, qui est allemand, a fermement condamné ces
exactions, mais il est lui-même au coeur d'une polémique, accusé
d'avoir fermé les yeux sur les abus sexuels commis par des
prêtres.
Un "silence coupable"
Le primat de l'Eglise catholique belge, Mgr André Léonard, a de
son côté dénoncé le "silence coupable" de l'Eglise en matière de
pédophilie et fustige l'avortement, dans une homélie de Pâques
comportant également une référence humoristique au druide
Panoramix, compagnon d'Astérix.
"Pendant des décennies, l'Eglise, comme d'autres institutions, a
mal géré le problème de la pédophilie en son sein alors qu'elle
avait toutes les raisons évangéliques de veiller au respect de la
dignité de ces enfants", déclare Mgr Léonard dans une homélie qu'il
doit prononcer dimanche dans la cathédrale de Bruxelles et dont le
texte a été diffusé samedi.
"Par un silence coupable, on a
souvent préféré la réputation de certains hommes d'Eglise à
l'honneur de ces enfants abusés. Il nous faut, par la force de la
vérité, restituer dans leur dignité ceux qui furent abominablement
exploités", ajoute Mgr Léonard, nommé archevêque de
Malines-Bruxelles le 18 janvier. "La récente lettre de Benoît XVI
aux catholiques d'Irlande est exemplaire à cet égard", ajoute le
primat de Belgique.
Le chef de l'Eglise catholique belge, considéré comme un
intellectuel de haut vol, démontre qu'il ne manque pas d'humour
lorsqu'il évoque Pâques et la résurrection de Jésus, un événement
qui "a fait basculer l'histoire du monde". "Je vous le garantis,
sans la scène décrite dans l'évangile de ce jour, nous ne serions
pas ici, mais cueillerions du gui dans nos forêts celtiques sous la
conduite du druide Panoramix", affirme Mgr Léonard, preuve que si
la Belgique est un pays de tradition catholique, c'est aussi un
berceau de la bande dessinée.
DES REVELATIONS SUR UN CAS DE PRETRE PEDOPHILE AUX
USA
Le cardinal William Levada, préfet de la Congrégation pour la
doctrine de la foi, au Vatican, se justifie d'avoir, alors qu'il
était archevêque de Portland, dans l'Oregon, aux Etats-Unis,
rétabli un prêtre qu'il avait relevé de ses fonctions deux ans plus
tôt à cause d'accusations de pédophilie.
Mgr Levada a remplacé Joseph Ratzinger à
la tête de la Congrégation pour la doctrine de la foi lorsque ce
dernier a été élu pape en 2005, prenant alors le nom de Benoît XVI.
Auparavant, il a servi comme archevêque de Portland de 1986 à 1995,
année où il a été nommé à San Francisco.
En sa qualité d'archevêque de Portland, il avait imposé plusieurs
conditions au retour du père Baccellieri: qu'il poursuive sa
thérapie, qu'il soit suivi de près, que ses activités sacerdotales
soient limitées et qu'il réside ailleurs que dans une maison
paroissiale ou sous la supervision d'autres prêtres.
Dans une déposition, que s'est procurée l'Associated Press
vendredi, le cardinal Levada déclare: "Si j'avais pensé que le père
Baccellieri posait un risque pour un enfant, je ne l'aurais jamais
réinvesti dans ses fonctions". Sa déposition a été fournie par Me
Erin Olson, une avocate de plusieurs victimes d'abus sexuels dans
l'Oregon.
afp/ap/hof
Le chef des anglicans provoque un tollé
En plein week-end de Pâques, le chef des anglicans a déclenché samedi une vive controverse en estimant que l'Eglise catholique d'Irlande avait perdu toute crédibilité à cause du scandale des prêtres pédophiles, avant de présenter ses excuses face au tollé.
Des rapports ont révélé comment l'Eglise catholique d'Irlande avait couvert des abus sexuels commis sur des centaines d'enfants par des prêtres pendant plusieurs décennies, dont le dernier en date, publié en novembre 2009, concernait le diocèse de Dublin.
Plusieurs évêques ou évêques-auxiliaires irlandais accusés de ne pas avoir dénoncé ces comportements ont présenté leur démission. Le primat d'Irlande, le cardinal Sean Brady, a dû présenter des excuses en mars, l'Eglise ayant admis qu'il avait participé à des réunions en 1975 au cours desquelles des victimes présumées ont été convaincues de signer des promesses de silence.
Le pape a reconnu la responsabilité de toute l'Eglise catholique d'Irlande, exprimant sa "honte" dans une lettre aux fidèles de ce pays. Après des mois de scandale, le clergé irlandais espérait probablement une trêve pascale. C'était sans compter sur la publication samedi par le quotidien The Times d'extraits d'un entretien donné par l'archevêque de Canterbury, chef des 70 millions d'anglicans dans le monde, que la BBC doit diffuser lundi.
"Qu'une institution si profondément ancrée dans la vie d'une société (...) perde soudain toute crédibilité n'est pas seulement un problème pour l'Eglise, c'est un problème pour tout le monde en Irlande", a déclaré Rowan Williams, s'exprimant pour la première fois publiquement sur le sujet.
Le scandale, qui frappe l'Eglise d'Irlande, pays très largement catholique, est un "traumatisme colossal", a ajouté l'archevêque, habituellement nuancé. Des "commentaires sans équivoque et sans fondements" qui ont "stupéfait" Diarmuid Martin, archevêque catholique de Dublin.
"Ceux qui oeuvrent au renouveau de l'Eglise catholique en Irlande n'avaient pas besoin de ces commentaires en plein week-end de Pâques et ne les méritent pas", a-t-il déclaré dans un communiqué.
Face au tollé provoqué par ses déclarations, l'archevêque de Canterbury a présenté en fin d'après-midi ses excuses pour "les difficultés" que ses remarques "ont pu créer". Mgr Rowan Williams a appelé l'archevêque de Dublin, Mgr Diarmuid Martin, lui exprimant "sa profonde tristesse et ses regrets", ajoutant que "rien n'était plus éloigné de ses intentions que d'offenser ou de critiquer l'Eglise d'Irlande".
Les propos initiaux du chef des anglicans résonneront sans doute encore en septembre au cours de la première visite officielle du pape Benoît XVI au Royaume-Uni, au cours de laquelle les deux hommes doivent se rencontrer.
Mais ils n'en sont pas à leurs premiers tiraillements: en octobre 2009, le Vatican avait créé une polémique avec la création d'une structure spéciale pour accueillir les "dissidents anglicans" désireux de se convertir au catholicisme. L'Eglise anglicane est fortement divisée sur la question de l'ordination des femmes et des pasteurs homosexuels, ou encore la bénédiction des couples gays.