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Quelles villes romandes proposent le plus de voies cyclables? Nos cartes inédites

Quelles sont les proportions de pistes cyclables dans nos villes romandes ?
Quelles sont les proportions de pistes cyclables dans nos villes romandes ? / 19h30 / 2 min. / le 14 juin 2024
Les bandes et pistes cyclables peinent à se faire de la place sur la plupart des routes romandes. Genève fait figure d'exception selon des données récupérées par la RTS.

Rouler à vélo en ville n'est pas de tout repos. Entre les véhicules qui frôlent le guidon, les portières à éviter ou la traversée de carrefours surchargés, les pièges sont multiples. Ajoutez à cela l'absence régulière de voies cyclables et vous obtenez un environnement peu favorable aux cyclistes.

Des données inédites sur les aménagements vélo dans les six chefs-lieux romands montrent que la plupart des villes manquent d'infrastructures cyclables qui couvrent la majorité de leur territoire.

La comparaison des aménagements deux roues et des routes est sans appel: dans cinq villes sur six, le réseau vélo est trois à huit fois moins long que l'ensemble des routes. Seule Genève sort du lot avec 126 km de voies cyclables pour 204 km de routes, soit une densité de 62%. En queue de classement, on retrouve les deux chefs-lieux de l'Arc jurassien. L'espace aménagé pour les cyclistes ne représente que 22% du total des routes à Neuchâtel et 13% à Delémont.

La ville de Sion ne fait guère mieux avec 27% de voies cyclables par rapport aux routes. Un chiffre qui n'enchante pas les autorités sédunoises. Christian Bitschnau, vice-président de la commune, concède que la capitale valaisanne est un "mauvais élève, mais qui travaille beaucoup pour s'améliorer".

Selon lui, Sion investit considérablement depuis plusieurs années pour son réseau vélo et ce sont des travaux qui prennent du temps, notamment pour obtenir les autorisations nécessaires.

La place du vélo évolue

Christian Bitschnau évoque aussi un changement de mentalité vis-à-vis de la mobilité douce. "Le Valaisan aime la voiture, mais la nouvelle génération cherche plutôt le bon moyen de transport pour la bonne occasion. On essaie de ne pas opposer les différents modes de transport". Une volonté partagée par la vice-présidente de Pro Vélo Suisse Delphine Klopfenstein Broggini: "la solution n'est pas de faire disparaître la voiture, mais de redistribuer l'espace public en faveur des mobilités actives".

Le vélo a pendant longtemps souffert d'un manque de place sur les routes et de considération dans les politiques de mobilité. "On le voyait comme un loisir, comme un sport", explique Patrick Rérat, professeur en géographie à l'Université de Lausanne. "Par exemple, Neuchâtel est une ville très agréable pour le vélo de loisir, avec des balades l'été le long du lac. En revanche, pour le cyclisme utilitaire comme les pendulaires, on remarque que les infrastructures sont lacunaires".

Des besoins propres à chaque ville

L'expert en mobilité souligne par ailleurs que tous les aménagements vélo ne se valent pas. Les bandes cyclables peintes sur la route ou le partage de la chaussée avec les bus n'offrent pas toutes les garanties sécuritaires pour y circuler confortablement, au contraire des pistes, qui sont séparées du trafic motorisé.

Pour Delphine Klopfenstein Broggini, comparer la longueur et le type des aménagements entre les communes est nécessaire, mais il faut aussi tenir compte de l'environnement autour des infrastructures cyclables. Le nombre de véhicules et la vitesse autorisée sur un tronçon contribuent également au sentiment de sécurité des cyclistes.

Dans les petites villes, la plus faible densité du trafic routier permet d'éviter la mise en place d'aménagements vélo parfois coûteux. Delémont admet que le développement de son réseau pour les deux-roues connaît du retard. Pour y pallier, les autorités misent notamment sur la cohabitation au centre-ville entre véhicules, vélos et piétons, avec des zones limitées à 20 km/h ou 30 km/h, sans bandes ou pistes cyclables.

>> Ecouter l'interview de Hubert Jaquier, urbaniste communal de Delémont :

Une rue à Delémont. [Keystone - Georgios Kefalas]Keystone - Georgios Kefalas
Disparité dans les infrastructures pour vélo: interview de Hubert Jaquier / La Matinale / 1 min. / le 14 juin 2024

Aux quatre coins de la Suisse romande, les villes ont encore du travail pour proposer des aménagements vélo sûrs et adaptés aux différentes mobilités. La Confédération a annoncé vouloir doubler le trafic cycliste d'ici à 2035. Un objectif que le réseau actuel ne saurait supporter.

Cyrille Gay-Crosier

Sujet TV: Camille Rivollet

Sujet radio: Romain Bardet

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Notre méthode

Les données relatives aux réseaux routier et cyclable proviennent du service open-source et collaboratif OpenStreetMap.

Pour être sûr de leur fiabilité, nous les avons comparées à des données officielles. En Suisse romande, seules Lausanne et Genève mettent à disposition des informations géographiques précises sur leurs aménagements vélo. Pour les deux villes, OpenStreetMap s'est révélé significativement fidèle aux données officielles.

De plus, les photos aériennes de Swisstopo ont été utilisées pour vérifier aléatoirement les données récupérées.

Nous avons retenu comme infrastructures cyclables les bandes, peintes sur la route, les pistes, séparées du trafic, les trottoirs et voies piétonnes autorisant explicitement les vélos ainsi que les voies de bus ouvertes aux vélos.

Enfin, nous n'avons gardé pour chaque ville que le territoire communal considéré par Swisstopo comme une zone urbaine. Ainsi, l'analyse ne prend pas en compte les zones forestières et agricoles situées dans certaines communes.