Le Black Friday, une opération de soldes fracassantes menée chaque année aux Etats-Unis le vendredi après Thanksgiving (ce vendredi, ndlr), fait des émules depuis plusieurs années dans de nombreux pays occidentaux. Il a débarqué en Suisse en 2014, organisé par Manor. Désormais, des centaines d'enseignes proposent des promotions, en ligne ou dans leurs magasins.
Mais cette grande journée de promotion ne fait pas que des heureux. "Le Black Friday est un jour noir pour l'environnement", estime l'organisation Greenpeace Allemagne (voir encadré). L'ONG a d'ailleurs lancé une campagne internationale intitulée "Faites quelque-chose", qui invite à "ne rien acheter" vendredi, et à privilégier des activités durables. Elle organise plus de 273 événements dans 38 pays, notamment des animations et conférences pour apprendre à recycler, réparer ou réaliser ses propres produits alimentaires ou cosmétiques.
En Suisse, le syndicat Unia a lui déposé un recours urgent auprès du Tribunal cantonal vaudois contre l'ouverture nocturne des magasins prévue à Yverdon-les-Bains le 23 novembre. La prolongation d'horaire (20h au lieu de 18h30) n'a, selon le syndicat, aucune base légale.
3 à 4 demandes par heures pour le "Fair Friday"
Même si le Black Friday s'avère lucratif pour la plupart des commerçants, certains ont décidé de ne pas s'y joindre. En Suisse, la librairie Payot a, par exemple, initié le "Fair Friday": les 23 et 24 novembre, les clients des commerces participants pourront "arrondir" leurs achats au profit de Caritas. "Nous en sommes à environ 120 magasins participants, la liste grandit très vite. On reçoit 3 à 4 demandes par heure en ce moment", a indiqué Anne Niederoest, directrice de la communication et du marketing de Payot, mardi soir à la RTS.
En France, l'opération "Green Friday", lancée par le mouvement de recyclage et de reconditionnement Envie, est soutenue par la mairie de Paris, à hauteur de 40'000 euros de subvention. Les commerçants qui y participent reverseront 15% des ventes de vendredi à diverses associations.
Sur les réseaux sociaux, le #GreenFriday est d'ailleurs utilisé de manière plus générale pour sensibiliser à la problématique de la surconsommation et inciter à des comportements responsables.
"Foire aux fausses promotions"
L'association française de consommateurs UFC Que Choisir, elle, met en garde contre "la foire aux fausses promotions". "Non seulement les marchands ont toujours tendance à appliquer des ristournes sur les produits les moins en vue ou à afficher des 'jusqu'à -50%' alors que cette réduction ne concerne qu’une toute petite partie des produits. Mais surtout, ils continuent, pour afficher les rabais les plus importants possibles, à s’appuyer sur des prix d’origine élevés qui ne correspondent pas à la réalité", écrit-elle.
Sophie Michaud-Gigon, secrétaire de la Fédération romande des consommateurs, estime que la problématique est la même en Suisse. Mardi dans l'émission On en parle, elle déplorait aussi "des incitatifs qui poussent à la surconsommation" et au gaspillage. "Dans le textile et la chaussure, on sait qu'il y a des produits qui sont exprès construits pour les soldes", donnait-elle en exemple.
Jessica Vial
+30% de ventes attendus en Suisse
Les consommateurs suisses dépenseront près de 350 millions de francs durant la semaine du Black Friday avec un pic le vendredi à 120 millions et 30 millions le Cyber Monday, selon des prévisions compilées par la start-up swiss.blackfriday en collaboration avec l'association Net Comm Suisse.
Cela représente une croissance des ventes de l'ordre de 30% par rapport à 2017, précise la plateforme qui compile les bonnes affaires, et sur laquelle apparaissent les offres des plus importantes enseignes helvétiques: Manor, Ochsner Shoes, Conforama ou encore Salt.
La crainte de nombreux retours
Chaque Allemand fait en moyenne 16 commandes de vêtements et quatre commandes de produits électroniques par internet dans l'année. Selon un sondage réalisé pour Greenpeace à l'occasion du Black Friday, 60% des moins de 30 ans savent déjà au moment de leur commande qu'ils vont renvoyer au moins un quart des articles.
Or, lors de ces retours, beaucoup de produits sont tout simplement détruits: téléphone, matelas, machines à laver... des articles pourtant neufs, mais qui coûteraient trop cher à remettre en rayon. Une enquête de la télévision ZDF a révélé que chez Amazon Allemagne, 30% des produits retournés passaient à la poubelle.
>> Les explications de Blandine Milcent dans le journal de 8h: