Le mal des transports touche environ 30% de la population. Ces nausées ou migraines résultent d'un décalage entre la perception du mouvement transmise au cerveau par plusieurs capteurs, notamment les yeux et le vestibule, dans l'oreille interne.
Les enfants jusqu'à 12 ans sont plus touchés que le reste de la population. Mais les adultes qui concentrent leur regard sur une page ou un écran peuvent ressentir une confusion des sens tout aussi importante que chez l'enfant.
L'enjeu est donc crucial pour le secteur automobile. Car le nombre de malades en voiture sera démultiplié avec l'arrivée des voitures autonomes, estime Nils Guinand, spécialiste de l'oreille interne aux Hôpitaux universitaires genevois (HUG), jeudi dans le 19h30.
Or, c'est justement l'un des arguments de promotion de ces voitures sans chauffeur: offrir la possibilité de travailler ou de s'occuper sur son smartphone.
Des lunettes contre le mal des transports
Parmi les dernières découvertes anti-mal des transports, une paire de lunettes, développée par une entreprise française. Une ligne d'horizon artificielle, matérialisée par un liquide bleu incrusté dans les verres, permet au cerveau de se resynchroniser.
Pour le médecin des HUG, cette dernière invention représente une piste intéressante, qui a de bonnes chances de diminuer la probabilité du malaise.
Emmanuel Ravalet, socio-économiste au bureau d'étude Mobil'homme, estime lui aussi que ces lunettes sont viables, "mais dans un cadre où il y a peu de gens autour, en particulier dans une voiture autonome. Dans les transports publics, il faut oser les porter".
Rentabiliser le temps de transport
D'après ce spécialiste de la mobilité, le mal des transports est déjà devenu un véritable enjeu économique, même avant l'arrivée des voitures autonomes: "La question de la rentabilité du temps de déplacement est devenue importante, qu'il soit utilisé pour travailler, lire, se reposer ou téléphoner. On fera plus de choses si l'on se sent bien".
Durant des décennies, les infrastructures liées au transport ont été aménagées en fonction de la vitesse, afin d'offrir les déplacements les plus rapides possibles. Mais désormais, la question du confort durant le déplacement prend de l'importance, surtout dans un contexte de concurrence entre les différents modes de transports.
Outre le remède porté par l'humain, de nouvelles technologies embarquées dans les véhicules sont à l'étude, comme des lumières diffusées dans l'habitacle des voitures, des suspensions particulières ou encore des fenêtres plus grandes. En Suisse, par exemple, un système embarqué dans les trains a déjà été inventé pour atténuer ces hauts-le-coeur dans les virages. Mais il n'a jamais pu être utilisé, en raison du prix, considéré trop cher.
Sujet TV: Estelle Braconnier
Sujet Web: Feriel Mestiri