"L'Amérique est bénie par une extraordinaire abondance d'énergie, dont plus de 250 ans de beau et propre charbon. Nous avons mis fin à la guerre contre le charbon et continuerons à travailler pour promouvoir la domination énergétique américaine", a twitté en mai dernier le président américain Donald Trump. Ce dernier a toujours misé sur l'énergie fossile et ri de l'éolien.
"C'est vendredi. Combien d'aigles à tête chauve ces moulins à vent ont-il tué aujourd'hui? C'est un désastre environnementale et esthétique", avait-il écrit, en 2012 déjà.
Malgré les changements politiques clés mis en oeuvre par l'administration Trump pour "mettre fin à la guerre contre le charbon", tels que l'abandon du "Clean Power Plan" d'Obama, ce sont les énergies solaires et surtout éoliennes qui progressent plus vite que jamais, accélérant le déclin du charbon.
L'énergie renouvelable représente 17% de l'électricité produite aux Etats-Unis en 2017, une part deux fois plus importante qu'il y a 10 ans.
Le Texas, terre de l'éolienne
C'est l'énergie éolienne qui tire la croissance du renouvelable vers le haut, au grand dam du président américain. Et cela se passe au Texas, Etat historiquement acquis aux idéologies républicaines.
Il faut remonter à 1999 pour comprendre l'élan pour l'éolien, quand l'Etat du Texas a exigé des fournisseurs d'électricité un quota d'énergie renouvelable. Une exigence qui a provoqué l'essor de l'énergie à vent, que plus rien n'arrête, ni le lobby pétrolier, ni la politique de Donald Trump.
De nombreux éleveurs de bétail plantent des éoliennes sur leur terrain afin de s'assurer un revenu supplémentaire, notamment dans le centre du Texas, dépourvu de ressources pétrolières. Et c'est rentable, assure un agriculteur, au micro de la RTS.
Si le Texas était un pays à part entière, il serait numéro six mondial de l'énergie éolienne. Cette dernière fournit environ 15% de l'électricité de l'Etat.
La consommation de charbon dégringole
En parallèle d'une croissance du renouvelable, la consommation de charbon a baissé de près de 45% depuis un pic en 2007. Selon l'Agence américaine de l'Energie (EIA), la consommation de charbon devrait encore décliner de 4% en 2018, pour atteindre son plus bas niveau depuis près de 40 ans.
Le déclin du charbon n'est toutefois pas à mettre uniquement sur le compte du renouvelable. C'est surtout la chute des prix du gaz naturel, due au boom du gaz de schiste, qui a rendu ce combustible plus compétitif par rapport aux centrales à charbon.
Le gaz naturel a d'ailleurs pris la première place dans la production d'électricité aux Etats-Unis en 2016, devançant le charbon, qui a dominé l'histoire énergétique du pays. Il ne représente désormais plus que 30% de la production américaine, soit la plus faible part jamais enregistrée.
L'exportation en hausse
La baisse de la consommation de charbon est toutefois compensée par une augmentation de la demande pour les exportations, ce qui a contribué à accroître légèrement la production en 2017 par rapport à l'année précédente. Cette croissance de la production a été stimulée par une demande internationale des pays asiatiques et européens.
Feriel Mestiri avec Philippe Revaz et Natalie Bougeard
La promotion du charbon à la COP24 provoque un tollé
En pleine Conférence de l'ONU sur le climat lundi à Katowice, en Pologne, la délégation américaine, qui représente l'administration Trump, a provoqué un tollé en organisant un événement à la gloire des énergies fossiles.
"Nous pensons qu'aucun pays ne doit sacrifier la prospérité économique ou la sécurité énergétique pour assurer la durabilité écologique", a ainsi affirmé Preston Wells Griffith, le conseiller du président américain en matière d'énergie et de climat.
Lorsqu'il annonce que "les Etats vont utiliser les énergies fossiles encore à l'avenir", l'assemblée commence par rire, avant de manifester et crier "gardez le (charbon) en terre" et "honte à vous":
Une seconde représentation américaine, nommée "We are still in", née après le retrait américain de l'Accord de Paris, veut continuer à lutter contre le réchauffement climatique. Elle prend de plus en plus d'importance et est très écoutée lors des discussions sur le climat.
L'un de ses représentants, Elan Strait, directeur des campagnes climat au WWF, a confié à la RTS que "le gouvernement américain est déphasé par rapport à ce qui se passe dans le monde. Notre mouvement "We are still in" sommes plus en phase avec le reste du monde".
Les explications de Natalie Bougeard, envoyée spéciale à Katowice: