La société chinoise Huawei, 180'000 employés dans le monde, est devenue en quelques années un géant mondial des télécommunications, rivalisant avec les leaders du marché. L'entreprise emploie désormais les grands moyens pour se faire connaître en Suisse avant les fêtes. Les publicités et affiches vantant son dernier smartphone se multiplient sur tous les fronts.
Cette stratégie marketing semble porter ses fruits. En 2017 déjà, les ventes de smartphones du groupe chinois avaient augmenté de 15% en Suisse et sont en passe de talonner, voire de détrôner, les leaders du marché, Samsung et Apple.
Ce qui explique cette croissance en Suisse? "Des produits fiables qui ont un excellent rapport qualité-prix", affirme à la RTS Youcef Ouchen, chef de vente suisse romande chez Mobile zone.
Risques d'espionnage
Il y a trois semaines, la directrice financière du géant chinois, Meng Wanzhou, était arrêtée au Canada sur fond de guerre commerciale avec les Etats-Unis. L'un des épisodes de ce conflit est le passage à la 5G. Huawei s'impose comme leader mondial dans ce marché, poussant de nombreux adversaires de la Chine à pointer les risques d'espionnage.
Il est plausible qu'un Etat soit derrière Huawei, mais le risque est le même avec une entreprise américaine.
"Sur la technologie, on peut avoir confiance. Mais le fait qu'un Etat puisse être derrière cette société est tout à fait plausible", estime Stéphane Koch, expert en sécurité informatique. Ce dernier souligne toutefois que le problème serait le même avec Cisco ou tout autre entreprise américaine. "Les Américains sont nos alliés, mais pas forcément nos amis", souligne-t-il.
Les Etats-Unis mènent la fronde et bloquent les contrats pour installer les infrastructures chinoises de la 5G. Huawei a dû faire face ces derniers mois au rejet de ses équipements aux Etats-Unis, en Australie, en Nouvelle-Zélande, tandis que les médias se sont fait l'écho de doutes en France, au Royaume-Uni et en Allemagne.
La confiance suisse
En Suisse, Swisscom et Sunrise se fournissent chez l'équipementier chinois. Ils se disent satisfaits et même très fiers des avancées qu'ils ont pu accomplir, et plus précisément Sunrise avec la première 5G testée en Suisse grâce à la technologie Huawei.
Contactés, tant Swisscom que Sunrise disent n'avoir constaté aucune fuite de données. Sunrise précise par ailleurs que Huawei ne fait que "fournir et exploiter les systèmes. Les données restent chez Sunrise".
Qu'en est-il de la Confédération: a-t-elle pris des mesures spéciales pour protéger les infrastructures de communication qui sont stratégiques pour un pays?
"La loi sur les télécommunications prévoit que les opérateurs sont obligés de faire respecter le secret des télécommunications, ainsi que la protection des données. Or, nous n'avons aucun signal indiquant que cela n'a pas été le cas", répond Caroline Sauser, porte-parole de l'Office fédérale de la communication (Ofcom).
La Confédération se repose donc sur les opérateurs. Et les opérateurs font confiance au géant chinois.
Philippe Lugassy/fme