Givaudan, la plus grande entreprise mondiale du secteur des arômes et de la parfumerie, a annoncé mi-décembre son ambition d'acquérir Albert Vieille, le spécialiste français des ingrédients naturels pour la parfumerie.
Givaudan n'est pas le seul fabricant d'arômes et de parfums à investir dans le naturel. Tous les grands groupes du secteur s'y mettent, la tendance est bien là.
Domaine "lié à la chimie"
Il sera toutefois difficile pour ce secteur de proposer à l'avenir des produits 100% naturels uniquement. Selon Sabine Chabbert, directrice déléguée de la Fragrance Foundation, qui vise à valoriser les savoir-faire de la parfumerie, ce domaine est trop intrinsèquement lié à la chimie pour ne proposer plus que du naturel.
"Depuis la parfumerie moderne, à la fin du XIXe siècle, un parfum se constitue avec des matières premières de synthèse, c'est-à-dire fabriquées par la chimie. On ne peut pas considérer le parfum en se disant qu'il n'y a que du naturel dedans, parce que ce ne sera plus de la parfumerie, ce sera autre chose", estime-t-elle.
Phénomène de niche?
L'avenir de la parfumerie, solidement ancrée dans la chimie, ne paraît pas pour autant compromis, à en croire Sabine Chabbert. Selon elle, la tendance au parfum bio, tout comme le parfum vegan, restera un phénomène de niche.
"Je ne crois pas que ce soit une menace, parce que les gens qui aiment les parfums ne se dirigent pas d'emblée vers une parfumerie 100% naturelle, mais vers une parfumerie avec une palette de matières premières plus riches. Le pourcentage de ceux qui préfèrent la parfumerie naturelle est pour l'instant assez réduit."
Au final, le consommateur aura le dernier mot, sachant que les ingrédients d'origine naturelle représentent une tendance de plus en plus forte. Et que même les plus gros acteurs s'y mettent, L'Oréal, numéro un mondial des cosmétiques, en tête.
Cynthia Racine/kkub