Du bois ancien, parfois vieux de 300 ans, allié aux techniques les plus modernes: le procédé devient incontournable dans la construction de luxueux chalets, notamment sur les hauteurs de la station bernoise de Gstaad.
Ce matériau est devenu un produit de haute valeur, comme le confirme Albert Bach, charpentier à Saanen (BE), qui détaille l'un des chalets sur lequel son entreprise a travaillé. "Si nous avions construit avec du bois normal, le volume de bois serait revenu à 300'000 francs. Mais pour une construction avec du bois ancien, le facteur est de trois, soit près d’un million de francs, uniquement pour l'achat du bois."
Le bois ancien, une denrée prisée
De ce fait, le bois ancien devient une denrée prisée. "En ce moment, il y a un vrai boom du bois ancien, c'est vraiment très recherché. Pour des entreprises comme la nôtre, c’est un secteur très intéressant." Plusieurs entreprises de l'Oberland bernois se sont dès lors spécialisées dans ce secteur de niche.
Le milieu reste cependant très discret sur les montants que cela représente. Les seules sommes articulées restent des spéculations avec des chalets qui pourraient coûter jusqu'à 5, voire 10 millions de francs.
Pour décrocher de belles pièces, les entreprises spécialisées sont le plus souvent contactées. "En général, on nous trouve sur internet et on nous appelle pour signaler un bâtiment sur le point d’être détruit", confirme Daniel Schneider, copropriétaire d'une menuiserie à Frutigen (BE). "On nous demande si on pourrait avoir besoin de ce vieux bois et c'est comme ça qu'on va jeter un œil."
Plus gros commerçant de la région, cette menuiserie compte pas moins de 10'000 m3 de vieux bois dans son entrepôt, soit deux halles pleines. Chaque élément est soigneusement nettoyé et travaillé individuellement pour en faire à chaque fois une pièce unique.
"Destruction du patrimoine"
Ce trend s’observe dans de nombreuses régions touristiques et désole Christoph Schläppi, de Patrimoine suisse. "Dès qu'on extrait le bois de sa construction originale, il est hors contexte. C’est une destruction du patrimoine culturel, de tronçonner et de démanteler des façades."
Cet argument est balayé par la branche, qui se réjouit de pouvoir offrir une seconde vie aux matériaux anciens tout en profitant d’une niche très lucrative.
Sujet TV: Joël Baumann/Noémie Guignard
Adapation web: Lara Gross