Pour Didier Heiderich, consultant et spécialiste de la gestion de crise, invité de l'émission Forum de la RTS vendredi, le cas Ghosn est particulier: si Renault ne prend pas - en tout cas pas encore - ses distances avec son patron, inculpé de malversations, c'est que pour l'Etat français, principal actionnaire de la firme au losange, il est très important de respecter le principe de présomption d'innocence: il faut protéger l'alliance, vieille de 20 ans, avec Nissan et tout divorce serait très compliqué et dommageable pour le constructeur français s'il venait à perdre la face devant son partenaire japonais.
Mais la stratégie de l'entreprise n'est pas forcément tenable à long terme: les accusations portées contre Carlos Ghosn sont lourdes, a fortiori dans un contexte de crise des "gilets jaunes", abondamment relayée par les médias, ce qui contribue à mettre la pression sur les autorités.
Périlleuse fragilité
Bref, Carlos Ghosn devient de plus en plus un boulet pour Renault, et c'est le revers de la médaille de la starification des dirigeants de grandes entreprises.
Selon Daniel Heiderich, "la fragilité du dirigeant peut fragiliser la marque". On l'a vu par exemple dans le cas du charismatique patron d'Apple Steve Jobs. Sa disparition a coûté à la marque une bonne partie de son aura. Sans parler du fantasque Elon Musk. Ses étranges tweets intempestifs ont coûté cher à l'action Tesla.
Mehmet Gultas/pym