Depuis septembre dernier, WatchBox, le leader mondial du secteur, a pris ses quartiers à Neuchâtel. Cette entreprise américaine rachète, certifie et revend, sur internet, des gros calibres. Son objectif: démocratiser la vente de montres “deuxième main”.
"Il y a beaucoup de marques où la valeur des modèles, après des années d'utilisation, est dévaluée. Donc, chez nous, vous pourriez acheter des montres qui valaient 8000 francs neuves. Après quatre ou cinq ans, elles peuvent être 40%, 50% voire 60% moins chères", explique Patrick Hoffmann, directeur de l'entreprise pour la Suisse, dans le 19h30 de la RTS.
Remettre de l'ordre
Si des occasions ont toujours existé sur internet, l'arnaque n'était jamais loin compte tenu de l'absence de certification. WatchBox, comme d'autres sociétés du genre, entend remettre de l'ordre dans ce marché gris.
L'entreprise fixe, comme pour l'automobile, ce qu'elle appelle le "juste prix d'une montre d'occasion". "La valeur est fixée par le marché. Notre entreprise réalise 20'000 transactions par année, donc nous avons l'expérience et nous connaissons la valeur du marché", assure Patrick Hoffmann.
Ce marché colossal est estimé à 500 milliards de dollars, soit 25 fois plus que les exportations annuelles de montres suisses.
Un nouveau potentiel financier
"Au début, les horlogers ont pris le marché de l'occasion pour de la concurrence. Mais quand on regarde bien, et qu'on compare avec le marché de l'automobile, c'est un nouveau potentiel financier pour les fabricants et revendeurs", relève René Weber, analyste de la Banque Vontobel.
Quelques grands groupes suisses, comme Richemont ou Bucherer, ont déjà acheté des sites internet actifs dans le domaine des montres d'occasion, dont certains ont fait une progression de 30% ces dernières années. D'autres marques de luxe devraient leur emboîter le pas à l'avenir.
Julien Guillaume/gma
Tendance commentée au SIHH
Au Salon international de la haute horlogerie (SIHH) de Genève, cette nouvelle tendance de l'occasion ne passe pas inaperçue. Pourtant, rares sont encore les détaillants et horlogers suisses à s'être lancés dans ce secteur.
"L'horlogerie suisse a beaucoup dit que ses clients étaient au centre de ses préoccupations. Mais je ne suis pas sûr que c'est le cas. Je pense que trop de maisons ont pensé que les ventes étaient plus importantes que le client. Aujourd'hui, il y a enfin une prise de conscience: c'est le client qui vous fait vivre", assure Max Büsser, un artisan genevois de la marque MB&F.