La hausse du Produit intérieur brut (PIB) a été de +6,6% l'année dernière, a annoncé lundi le Bureau national des statistiques (BNS). Cette progression est au-dessus de l'objectif de +6,5% que s'était fixé le gouvernement.
Si sa croissance reste à un niveau que les économies occidentales peuvent lui envier, elle est aussi la plus faible depuis la très mauvaise année 1990 (+3,9%) à laquelle avaient ensuite succédé des années de croissance à deux chiffres ou quasiment.
Et surtout, la décélération a été continue au fil des trimestres de 2018 jusqu'à atteindre 6,4% au quatrième, son rythme le plus lent depuis 2009, année marquée par la crise financière internationale.
La santé économique de la Chine préoccupe parce que Pékin reste la locomotive de l’économie mondiale. Et un atterrissage brutal de la Chine risquerait d'engendrer une récession globale. La prise de température de l'empire du milieu est donc un indicateur de l’état de santé mondial.
Remise à l'ordre
Ce ralentissement est lié avant tout à la politique du gouvernement central, décidé à remettre de l'ordre dans son système financier. Depuis la crise de 2008, la Chine a soutenu son économie par une politique d’investissements massifs (lignes de métros, ponts, autoroutes, immobilier…). Le gouvernement a aussi favorisé l'octroi facilité de crédits bancaires pour doper la consommation. Cette stratégie a permis le maintien de la croissance aux alentours de 7% ces dix dernières années, mais a aussi produit une dette faramineuse. Une situation qui a suscité de nombreuses mises en garde, y compris de la part de la Banque mondiale.
En 2017, le gouvernement a alors décidé de resserrer les cordons de la bourse, ce qui s'est répercuté sur la consommation interne du pays. On le voit par exemple avec la baisse drastique des ventes de voitures neuves, tombées l’an dernier à son plus bas niveau en 20 ans.
Guerre commerciale
Les effets de la guerre commerciale avec les Etats-Unis ont en revanche été limités au dernier trimestre. Les Etats-Unis sont passés à l’acte à la fin de l’été en taxant la moitié des importations chinoises. Résultat, la croissance a baissé à 6,4% d'octobre à décembre. En décembre, les exportations chinoises, exprimées en dollars, ont elles reculé de 4,4%.
Cette situation inquiète, car même si un accord est trouvé prochainement, les effets de la confrontation continueront à se faire sentir pendant plusieurs mois et l'impact de cette guerre commerciale pèsera lourdement sur la croissance 2019. Le gouvernement chinois devrait d'ailleurs annoncer une prévision entre 6 et 6,5% pour cette année.
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Michael Peuker